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Courses hippiques : Un prix Philibert Commerson pour combiner sport et environnement

LIBRE EXPRESSION

S’il existe un jumelage sportif entre la Société des courses de Saint-Malo et le Mauritius Turf Club en l’honneur de Mahé de Bourdonnais, la Réunion pourrait imaginer un autre modèle de jumelage. Un prix Philibert Commerson pourrait récompenser jusqu’à 10 projets innovants où l’environnement et le sport se développeraient avec tous les progrès du temps. Du volcan aux océans, ce message audacieux peut rayonner loin, entre la préparation de la coupe du monde de football au Qatar et les Jeux olympiques de Paris 2024.

Porter des réponses singulières et nouvelles à des besoins collectifs ? Couvrir des besoins essentiels mal satisfaits ? Corriger des inégalités ? Préserver et développer les liens sociaux ? Le sport est bien souvent un formidable catalyseur pour répondre à tous ces défis. «Ouvrons grand les Jeux» est le slogan prévu pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Après le « made for sharing » de la phase de candidature, le nouveau message s’affichera désormais partout.

L’ambition sportive n’est pas nouvelle aux portes de « l’île intense ». Le plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud et le deuxième plus vieux au monde, après celui de la Turquie se situe dans l’océan Indien. Il s’agit de l’hippodrome du Champ de Mars situé à Port-Louis, capitale de l’Île Maurice. Il a été inauguré en 1812 par le colonel Edward Draper, qui aida à créer le Mauritius Turf Club la même année.

La passion des courses hippiques s’est très largement exportée sur le continent, avec l’exemple de l’hippodrome de Durban en Afrique du sud. Le sport équestre peut à nouveau galvaniser des capacités collectives de philanthropie au service de nouveaux projets, à travers un prix Philibert Commerson ou grand prix de Philibert.

Un jumelage sportif entre La Réunion et la ville natale de Philibert Commerson, Châtillon sur Chalaronne, pourrait y contribuer, tout en renouant avec les traces de cet incroyable personnage en avance sur son temps. Originaire du pays de Dombes, Philibert Commerson est connu pour avoir répertorié de nombreuses plantes sur l’île. C’est également lui qui a découvert et donné son nom au cratère volcanique Commerson.

Située dans le département métropolitain de l’Ain, à proximité de la Suisse, la commune de Châtillon sur Chalaronne dispose d’une salle qui lui est consacrée et d’un groupe scolaire qui porte son nom. Sans oublier son influence concernant les fleurs toujours présente. Philibert Commerson a créé le premier jardin botanique de la ville en 1758, ainsi que le premier réseau de correspondants « à graines ». Le jardin botanique châtillonnais de Commerson survécut à la Révolution française, puisque, d’après le Naturaliste Cap, on pouvait encore l’admirer en 1861.

La passion de Philibert a dû imprégner la commune, puisque d’autres ont pris le « virus » en s’installant à Châtillon. En 1919 à Châtillon-sur-Chalaronne, Pierre Morel possédait un établissement horticole où il choisit de cultiver des cyclamens en plus de plants de légumes. Dans les années 1930, l’entreprise P. Morel est primée aux expositions horticoles de Lyon, et son fils Charles se passionne pour l’amélioration des couleurs. L’entreprise, spécialisée depuis 3 générations dans la sélection et la culture du cyclamen avec un caractère unique quant à sa résistance à la chaleur, est aujourd’hui basée à Fréjus, mais cite toujours Châtillon dans sa communication.

En 1959, le nouveau Maire Raymond Sarbach a eu l’audace de bouleverser des siècles d’histoire non pour les effacer mais pour les mettre en valeur et créer une époque avec son art de vivre. Le fleurissement s’est alors installé en ville. La réaction des habitants ? « Excellentes. Seuls quelques opposants irascibles jetèrent leur venin. Mais tout fut bouleversé. Le bourg rural fit place à une cité coquette où s’implantaient de nouveaux habitants dans de nouveaux quartiers. Le fleurissement a conquis les Châtillonnais, entraînant dans son sillage tout le département. » peut-on lire dans un témoignage de Raymond Sarbach. C’est ainsi qu’en 1964, Châtillon-sur-Chalaronne obtient son 1er label, celui de Villes et Villages Fleuris 4 Fleurs. Côté Fleurs, la ville a souvent été primée comme en 1975, où elle reçoit le premier prix (ex-æquo avec Sidmouth en Angleterre) au Concours International de Fleurissement. En 1979, elle participe à la Route des Fleurs et reçoit le 2ème prix de la Route Fleurie.

En 1991, elle reçoit le Grand Prix National de Fleurissement. Puis en 2018, Châtillon sur Chalaronne reçoit la plus haute distinction avec le Trophée Fleur d’Or. Un prix que l’on dédie bien sûr à Philibert Commerson, puisque puisqu’il est reçu exactement 260 ans après la création du jardin botanique de Philibert.

Pour toutes ces raisons d’ordre historique, symbolique, culturel et ornithologique, un prix Philibert Commerson pourrait être célébré et marquer l’amitié d’un jumelage sportif entre sa ville natale et son île d’adoption.

Kevin Lognoné

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