LIBRE EXPRESSION
Samedi 28 janvier, une délégation de la section communiste de Saint Denis a eu une visite commentée de la fresque murale consacrée au livre : « Les Marrons », de Louis-Timagène Houat, premier roman réunionnais, paru en 1844. Toutes les pages sont reproduites magistralement sous les pinceaux de l’artiste, calligraphe, Stéphanie Lebon qui signe une performance artistique talentueuse.
L’ouvrage se dresse sur le Boulevard Sud, entre les ronds-points du Moufia et du Crous, côté montagne. Le mur érigé à cet endroit se présente sous forme de panneaux étalés sur 450 m. A première vue, il est frappant de constater qu’il y a autant de panneaux que de pages du livre, comme si ce mur construit 20 ans auparavant avait été fait juste pour cela. En avril dernier, la mairie de Saint Denis avait déjà présenté cette initiative. Ont été alors présentés le contexte de ce projet et son inscription dans l’ambition politique d’une ville-musée à ciel ouvert.
Raoul Lucas, le dépositaire de la mémoire
C’est Raoul Lucas, sociologue et historien réunionnais, qui a “découvert” cet ouvrage, longtemps oublié, par hasard au détour d’un passage à la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Il a répondu positivement à l’invitation de la section de Saint Denis pour cette matinée. Il a expliqué comment il est tombé sur ce livre, en 1988, et l’émotion qui s’est emparée de lui sur l’instant. C’est le premier roman réunionnais, écrit par un « libre de couleur », publié en 1844, soit bien avant l’abolition de l’esclavage. C’est l’un des rares ouvrages qui jette une vérité crue sur les conditions des esclaves à La Réunion (alors île Bourbon). Après 40 ans de recherche, il a pu obtenir des réponses aux nombreuses questions qui lui étaient apparues, notamment sur l’auteur, Louis-Timagène Houat. Il pourrait ainsi nous entretenir durant des jours. Pour cette première, nous nous sommes satisfaits de deux heures.
Des camarades ayant lu préalablement le livre, les échanges ont donc été très enrichissants. Raoul Lucas a même noté « des questions pertinentes ». Une séance de dédicace a clôturé l’initiative. Les 15 livres à notre disposition ont été emportés et nous en reprendrons d’autres pour les camarades qui le demandent. A cette occasion, 3 professeures ont été très heureuses d’avoir été invitées par notre camarade Rela.
La section écrit à la Maire
La section communiste a adressé un courrier à la Maire Ericka Bareigts pour une meilleure appropriation de l’histoire de l’esclavage à travers cette pièce de collection exceptionnelle. En effet, le livre « Les Marrons » été publié en 1844, sans savoir que l’abolition de l’esclavage allait être aboli en 1848. En tant que militant pour l’abolition de l’esclavage, il a été traduit devant les tribunaux, condamné et déporté en France. Son livre est un témoignage écrit par un « libre de couleur », à une époque où seuls les esclavagistes ponctuaient l’Histoire, c’est donc une œuvre précieuse. L’initiative de la Capitale mérite d’être connue de tous les Dionysiens, de tous les Réunionnais et dans le monde entier, partagé par un public d’intérêts divers.
Pour la section, Ary Yee Chong Tchi Kan
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