Moins d’un mois après sa nomination, le Premier ministre Sébastien Lecornu jette l’éponge. Une démission éclair qui illustre, selon plusieurs députés réunionnais, l’impasse institutionnelle dans laquelle s’enfonce la Ve République. Pour eux, la responsabilité incombe directement au chef de l’État, qui doit désormais en tirer les conséquences.
Une démission éclair après vingt-six jours à Matignon
Ce matin, alors que le Premier ministre venait tout juste d’annoncer la composition officielle de son gouvernement, les communiqués allaient bon train. Cyrille Melchior, président du Département, saluait cette nomination et souhaitait « sa stabilité au service du redressement de la France ».
On peut dire que le président de Nouvel R’ et fer de lance de la droite péi a eu le nez creux. Moins de quinze heures après cette annonce, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission au Président de la République, fustigeant les nombreuses critiques venues de tous bords politiques.
Il faut dire que Sébastien Lecornu, ex-ministre des Armées du précédent gouvernement, avait la lourde tâche de reformer une équipe dans une période d’extrême instabilité politique pour l’exécutif. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et les élections législatives anticipées de juin 2024, trois gouvernements se sont déjà succédé.
Pressions politiques et isolement à Matignon
Nommé depuis seulement vingt-six jours, le Premier ministre était sous pression pour trouver un compromis et éviter un nouveau vote de censure. Hier encore, il annonçait la nomination de dix-huit ministres, dont onze issus du gouvernement Bayrou. Mais malgré une équipe largement issue de la droite et du camp présidentiel, la menace d’un nouveau revers parlementaire aura eu raison de lui. Lors d’une prise de parole après sa démission, Sébastien Lecornu a déclaré que « les conditions n’étaient plus remplies pour que je puisse exercer mes fonctions. »
Les députés réunionnais dénoncent l’impasse présidentielle
Dans le camp de l’opposition réunionnaise, Perceval Gaillard et Jean-Hugues Ratenon ont réagi avec fermeté, par le biais de communiqués de presse, en appelant tous deux à la démission d’Emmanuel Macron.
Pour le député de la 7ᵉ circonscription, « en ne respectant pas le résultat des élections législatives qu’il a lui-même provoquées (…), le président a définitivement sapé la confiance dans nos institutions. Une élection présidentielle doit avoir lieu dans les plus brefs délais. »
Son homologue Jean-Hugues Ratenon partage le même constat : « Le président de la République doit tirer les conséquences de cette impasse : il doit démissionner. »
Un symptôme d’une crise institutionnelle plus large
Deux voix différentes, mais un même diagnostic : la démission du Premier ministre révèle une crise profonde du présidentialisme à la française, dont les institutions ne semblent plus en mesure de contenir les dérives ni de garantir la stabilité démocratique.
La rédaction de Parallèle Sud
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