Une vingtaine de compétiteurs d’apnée sous-marine ont retenu leur respiration ce samedi 14 décembre, au championnat régional d’apnée. Cinq épreuves leur ont été proposées pour se démarquer. La stratégie gagnante reste la même pour tous.te.s : se détendre le plus possible pour performer le mieux possible.
En ce samedi de décembre, le soleil brûle au Port. En entrant dans la piscine olympique municipale de Jean-Loup Javoy, l’ambiance est calme. Une petite quarantaine de personnes sont présentes, pourtant, le silence règne.
Sous les arbres, certain.e.s sont allongés, d’autres assis.e.s. L’heure est à la préparation mentale. Visualiser son corps des orteils jusqu’au crâne, s’imaginer être dans un endroit que l’on aime et qui nous fait du bien ou bien encore compter jusqu’à un certain nombre, voici les techniques des compétiteurs pour se détendre le plus possible avant d’entamer les épreuves.
Marie participe à sa première compétition d’apnée. Cela fait quelques mois qu’elle s’est mise à la discipline et a rejoint le club du Port.
A 14 heures, trois premier.ère.s apnéistes se glissent dans le plus petit bassin. Le chrono est lancé, et la première série se finit. Après quelques minutes et une fois tous les apnéistes remontés à la surface, trois autres prennent leur place. Au total, une quinzaine de compétiteur.rice.s se succéderont sur cette épreuve.
Marie sort de l’eau, satisfaite de son score. Elle revient sur son épreuve. “ J’ai fait 4,02 min. Je suis contente. C’est la première fois que je participe à une épreuve de statique en piscine. D’habitude, à sec, je tiens 3,45min, et je m’était fixée comme ocjectif de tenir 4min, sachant que dans l’eau, ton rythme cardiaque diminue, mais tu ne sais jamais trop comment tu vas réagir au stress de la compétition, etc.. Donc je suis contente.”
Le reste de l’après midi, les apnéistes tenteront de remporter les épreuves et se batteront contre le temps ou la distance, parfois les deux. En tout, ce sont cinq épreuves qui sont proposées ce jour la, en comptant le statique, le dynamique sans palmes en brasse, le dynamique en pi-palmes c’est à dire en battant des pieds, le dynamique en mono palme et enfin l’épreuve du 4 x 50m. Cette dernière consiste à faire cette distance la plus vite possible, en gérant de façon millimétrée et stratégique la respiration entre chaque 50m.
Des risques maîtrisés
Résister contre son envie instinctive de respirer, cela comporte des risques, bien sur. D’une PCM (Perte de contrôle moteur), cela peut aller jusqu’à la fameuse syncope, c’est à dire une perte totale et brève de connaissance. En compétition, des apnéistes de sécurité se postent juste à côté des compétiteurs lors de l’épreuve en statique tandis qu’un médecin se tient prêt à intervenir si besoin, avec tout le matériel d’oxygène.
Ils veillent de près sur l’état des apnéistes, et guettent les signes prémonitoires d’un corps qui viendrait à bout de ses limites. Des spasmes du diaphragme, des fourmillements ou encore les jambes qui chauffent font partie de ces signes envoyés par le corps et que peuvent ressentir les apnéistes. En cas de syncope, pour l’un ou l’une d’entre eux, cela signerait pourtant l’arrêt de la compétition.
Si dit comme ca, chercher absolument à diminuer son rythme cardiaque et priver ses poumons d’oxygène peut paraître un peu fou, en résultent en réalité beaucoup de bienfaits selon Marie. “ J’ai nettement amélioré mon cardio en course à pied, et mes échanges CO2 et O2. A la fin de chaque entrainement, je me sens à la fois hyper reposée et fatiguée. C’est une fatigue différente de celle que tu ressens après avoir juste fait des longueurs, en natation.”
Ecouter et accepter les bonnes et mauvaises sensations
L’apnée est une discipline à part. Au sommet de la performance, les supporters ne hurlent pas dans les oreilles des athlètes pour les encourager. Surtout pas, car la clé de réussite réside dans un état de détente et de bien-être. Faire baisser leur niveau de stress le plus possible, c’est ce que cherchent les apnéistes. Marie raconte “ L’apnée te force à lâcher prise, et à faire le vide dans ta tête. Au début tu as envie de respirer, puis, ton rythme cardiaque diminue, il faut apprendre à accepter ces sensations. Ce n’est pas quelque chose qui se fait tout de suite. Tu ne te dépasse pas comme un coureur qui finirait sur les rotules, la tu as des mauvaises sensations qui arrivent et tu essaies de te relâcher, de faire le vide dans ta tête pour les laisser passer”.
L’apnée offre une bulle dans laquelle rien ne compte plus que l’instant présent et l’écoute de soi. Elle propose de ralentir un peu le rythme dans un monde ou tout n’est qu’accélération et course incessante, alors, on se laisserait bien tenter de retenir sa respiration, et mettre la tête sous l’eau l’espace de quelques secondes, et pourquoi pas un jour, quelques minutes.
Répartis sur l’île, plusieurs clubs d’apnée organisent des entrainements en piscine pour les licenciés, et des sorties en mer sur câble ou en exploration près de la côte comme le club l’Effet Mer, ou encore le club d’apnée du Port.
Sarah Cortier
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