[Documentaire] Pourquoi l’Outre-mer est en colère

UN FILM DE JEAN-MARIE MONTALI ET STÉPHANE KRAUSZ (PRODUCTION CAMÉRA ONE)

Disponible sur la plateforme de France Télévisions, le documentaire « Vents de colère en outre-mer » marche dans les pas d’ultramarins incarnant les souffrances de leurs territoires.

Il y avait eu en 2021 un film d’1h30 sur les relations entre les outre-mer et les présidents de la Ve République : « De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, les gardiens de l’empire ». Son réalisateur, Jean-Marie Montali, grand reporter (au Figaro, au Parisien puis en indépendant) y interrogeait ce que l’on a coutume d’appeler les « milieux autorisés », historiens, décideurs, politiques.

Puis il y a eu l’élection présidentielle de 2022 avec l’expression dans les urnes de la profonde défiance entre les peuples des départements d’outre mer et la présidence d’Emmanuel Macron. Cette fracture s’est traduite par un vote pour Jean-Luc Mélenchon au 1er tour et pour Marine Le Pen au second avec un taux d’abstention record. Seulement un électeur ultramarin sur deux a voté.

Jean-Marie Montali a alors voulu sonder ces « vents de colère en outre mer », titre du documentaire désormais accessible sur la plateforme de France Télévisions. Accompagné du caméraman Stéphane Krausz, il est cette fois-ci allé à la rencontre de celles et ceux qui ont incarné cette colère.

Parallèle Sud les a accompagnés à La Réunion auprès de Sullaiman Soilihi, gilet jaune portois, candidat aux législatives avant de se retirer sur la berge de la rivière Saint-Jean à Deux-Rives, Didier Hoareau, ex-gilet jaune, transporteur en faillite devenu cadre du Rassemblement national, et Jade, musicienne militante longtemps impliquée au sein du rond-point des Zazalé.

La colère couve

Représentatifs des cris poussés lors des crises qui se sont succédé au cours des quatre dernières années, ils ont amené les deux journalistes dans leurs réalités respectives. Et c’est ce qui fait le cœur du documentaire tant à La Réunion, qu’à Mayotte, qu’en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe. La caméra de Stéphane Krausz s’applique à restituer des récits de vie authentiques : dans une mosquée, dans la nuit des kwassa-kwassa, sous une cascade, au cœur de la forêt amazonienne, dans les quartiers populaires…

Le voyage est très esthétique mais n’est évidemment pas touristique. Le récit est lourd et les paroles fortes pour décrire des tensions qui ne peuvent plus être recouvertes du vernis du « vivre ensemble ». On y parle d’injustice, de chômage, de désespoir, de vie chère, de scandale sanitaire et même de guerre.

Il serait trop simple de réduire les différents coups de gueule qui émaillent le reportage à une « caricature ». Rien n’a été inventé ou détourné. La colère couve. Ce documentaire est là pour le rappeler à celles et ceux qui ne l’ont pas entendu dans les urnes, ni dans la rue.

Franck Cellier

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.