[LIBRE EXPRESSION]
A l’occasion d’un survol d’observation du navire le Tresta Star échoué au Tremblet à St Philippe avec le Député Jean-Hugues Ratenon et la Gendarmerie Nationale, nous avons pu constater l’importance des entrées d’eau dans le navire côté déferlantes. Ce lundi 28 février, 25 jours après l’échouage, la coque est maintenant totalement ouverte sur plus du tiers de sa longueur. Cette observation est sans appel, le navire est devenu une véritable épave. Et selon toutes vraisemblances les cales continuent de déverser le fuel puisqu’on compte encore plus de 40 m3 en eau mazoutée. Ce fuel se répand dans l’un des plus beaux sites de La Réunion en biodiversité marine reconnu par les expéditions Biolave de 2011, avec une ressource en larves planctoniques uniques. Depuis son naufrage le 3 février, la Préfecture et le Ministre des Outre-Mer ont laissé faire l’armateur du bateau sous couvert du principe « Pollueur-Payeur », et ce, sans déclencher de Plan PolMar dès le début du sinistre en sous estimant les conséquences environnementales du naufrage et en se fiant « naïvement » aux déclarations du dit armateur qui minimisait le fuel contenu (8m3 selon ses dires). Aujourd’hui, l’entreprise retenue par l’armateur qui devait se charger de « sauver » le bateau a renoncé car ce dernier serait un mauvais payeur … Une seconde entreprise aurait été choisie en remplacement, force est de constater que rien n’avance sur le lieu du sinistre, bien au contraire. La Préfecture a dû prononcer deux mises en demeure mais qui n’ont aucune portée coercitive sur l’armateur sauf de prendre acte du manque patent de résultats. Les organisations citoyennes tournées vers l’action environnementale et sociale Attac Réunion, Extinction Rebellion, Greenpeace se font les porte-voix de la population qui constate avec consternation cette situation alarmante et alertent les autorités en posant des questions légitimes qui attendent des réponses rapides.
Pourquoi a-t-il fallu attendre le 17 février pour déclencher le Plan PolMar ?
Pourquoi l’Etat ne s’est-il pas engagé lui-même pour stopper ce désastre écologique et ne demande-t-il pas remboursement dans un deuxième temps des frais engagés à l’armateur ?
Pourquoi cette confiance réaffirmée en l’armateur de la part des services de l’Etat quand on connait le désastre de ce naufrage et ses conséquences irréversibles en matière environnementale ?
Est-ce de l’incompétence, de la négligence, de la connivence ?
Toutes les questions deviennent légitimes puisqu’il n’y a aucune explication sur la place publique. Cette situation montre combien est important le déficit démocratique dans la gestion de cette crise. Quelle consultation avec les élus, avec la population ?
La population sera juste bonne à nettoyer les plages comme à chaque fois en pareille catastrophe.
Autant de questions qui mettent en avant les manquements incontestables dans la gestion de cette crise, l’enchaînement des mesures prises par les autorités a montré sa totale inefficacité.
Les organisations d’actions citoyennes Attac Réunion, Extinction Rebellion, Greenpeace dénoncent cette situation et demande avec force que l’expression citoyenne soit prise en compte lorsqu’elles alertent sur ces dysfonctionnements majeurs.
La situation est grave et il est urgent de changer de mode d’actions car d’autres sinistres risquent de nous attendre au regard du développement du trafic maritime engagé par l’Ile Maurice pour son Hub Pétrolier, des navires comme le Tresta Star vont encore se multiplier pour transporter du fuel. Cette semaine ce sont trois bateaux qui se sont échoués sur les côtes mauriciennes. Demain combien de Tresta Star sur les côtes réunionnaises ?
Pourquoi ne pas envisager la mise à disposition d’un super-remorqueur type « Abeille » qu’on trouve en France métropolitaine qui permettrait de sortir au plus vite les navires échoués…
Pour autant il ne s’agit pas seulement de savoir « réparer » les sinistres mais avant tout de les éviter. Ce sinistre doit être l’occasion d’une prise de conscience sur notre dépendance aux transports maritimes des hydrocarbures, nous devons accélérer notre recherche en direction des énergies renouvelables et définir un vrai programme pour aller vers notre indépendance énergétique. Ces situations de crise doivent au moins nous permettre d’en tirer les leçons, notre situation actuelle, totalement artificielle, de dépendance est à mettre au même niveau que nos carences en matière d’autonomie alimentaire. Plus que jamais nous devons nous engager dans des choix de société radicalement différents pour nous sortir de cette destruction pas à pas de notre environnement que nous sommes en train de vivre, qui touchent à notre santé, nos modes de vie, notre culture. Des actes urgents sont nécessaires, et la parole des Collectifs d’actions citoyennes et de la population doivent enfin être prises en compte à tous les niveaux.
Pour Attac Réunion, Extinction Rebellion, Greenpeace
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.