ÉPISODE 1 : ENTRETIEN AVEC JEAN-MICHEL LOUIS, DIRECTEUR DE L’OFFICE DU TOURISME DE L’EST
Tous les jours , nous voyons des avions qui atterrissent et repartent pleins de voyageurs de l’aéroport de Gillot. Mais quel est l’impact du tourisme à La Réunion ? Dans la région de l’Est plus précisément ? Que peut-il apporter au développement de l’île ? À la qualité de vie du Réunionnais ?
Le directeur de l’office du tourisme de l’Est a bien voulu être notre premier témoin et nous donner sa perception du tourisme.
Jean-Michel Louis travaille dans le tourisme depuis une vingtaine d’années, d’abord à Salazie qu’il définit comme le lieu emblématique du tourisme dans l’Est puis pour la micro-région.
Il se dit heureux de promouvoir La Réunion, île passionnante de par sa culture, sa beauté, ses habitants, ses paysages, son patrimoine.
Elle est « intense », différente des autres destinations, ne correspondant pas totalement aux standards habituels des îles tropicales avec leurs plages et cocotiers.
— Ousa noulé ? (Que représente le tourisme ?)
Nous avons une marge potentielle de progression importante. Les emplois liés au tourisme à La Réunion ne représentant en pourcentage que la moitié de ceux en France. « Notre avenir est devant nous. »
Le parc d’hébergement étant fortement concentré dans l’Ouest et le Sud, le tourisme dans l’Est est un espace à conquérir, en créant des structures moyennes (ne dépassant pas une centaine de lits) et en faisant découvrir les activités sportives et de loisirs qu’elle offre, sa nature privilégiée.
Certaines communes ont l’ambition de devenir des stations touristiques , ce qui exige que 70% de l’offre touristique soit classée, avec une démarche de qualité de service et un respect d’un cahier des charges; En contrepartie, les prestataires bénéficient d’un abattement fiscal.
— Ousa nou sava ? (Vision du tourisme de demain)
Se projeter est difficile à cause des crises sanitaires, économiques, politiques présentes et futures. L’avion est de plus en plus cher et vécu comme polluant. Une des solutions serait que le touriste extérieur reste plus longtemps et donc ait les revenus nécessaires pour le faire. La destination Réunion reste attractive car elle a une image de sécurité et de réseau routier de bonne qualité.
Autre solution: l’intensification du tourisme local. Une enquête a montré que la clientèle locale est exigeante. Les prestataires doivent donc se former pour répondre à cette demande de qualité d’accueil et de service. Les offices de tourisme en lien avec l’IRT ont notamment mis en place des « ateliers du créateur », afin que les porteurs de projet soient au fait de la gestion de la relation client. Certains, qui décident de se lancer, deviennent alors les « ambassadeurs » de leur région.
— Mille feuilles ou café gourmand ? (Les institutions du tourisme)
De nombreuses structures organisent le tourisme. La Région Réunion est le donneur d’ordre de l’IRT (Comité régional et départemental de tourisme de La Réunion) et donne la ligne directrice.
L’IRT est chargé de la promotion de l’île à l’extérieur et de coordonner les actions de promotion. La FRT étant la fédération des offices de tourisme, a pour objectif d’améliorer le service des OT grâce à la formation des personnels et en définissant une stratégie globale à l’ensemble des OT. Enfin, les 5 OT intercommunaux agissent au niveau des micro-régions.
Par exemple, l’OT de l’Est regroupe 6 communes. Son comité de direction est composé de 6 élus (1 par commune) et 5 socioprofessionnels.
Que chaque strate assume pleinement son rôle pour un développement harmonieux de toutes les micros-régions.
— L’Est, le parent pauvre ?
Il doit faire face à de nombreux clichés: il pleut tout le temps, il n’y a rien à faire… En réponse, l’OIT diffuse de petites vidéos de chaque commune, montrant l’étendue des activités, des visites, la beauté des sites, l’hébergement possible. Les collectivités doivent également jouer le jeu en nettoyant les sites régulièrement.
Pour l’instant, l’offre d’hébergement de toute la région est inférieure à celle proposée à Saint Pierre ou à Cilaos ! Plusieurs projets doivent voir le jour dans les années qui viennent, à Salazie, Plaine-des-Palmistes, Saint-BenoÎt…, projets portés parfois par des grands groupes.
Un sentier littoral de Saint-André à Sainte-Rose , avec plusieurs points d’entrée et de sortie et des activités de loisirs et de restauration, est en cours d’étude ainsi qu’un golf à Bras-Panon. Un grand projet culturel structurant, tel qu’un musée régional, manque, cependant.
Entretien : Dominique Fruteau-Razé