[Édito] Ça vaut toutes les Marseillaises

Bonne fête nationale pou sak i fèt sa : les émeutes de 1789, la Révolution, la France mère patrie… Ou bien, ami visiteur, tu resteras dans ton lit douillet pas intéressé par la musique qui marche au pas. À toi de choisir !

Nous, nous fêtons le 29 juin qui, grâce à un judicieux alignement des étoiles, marque la naissance de l’association Parallèle Sud en 2021 et, en 2023, la reconnaissance par le ministère de la Culture et la Commission paritaire des publications et agences de Presse (CPPAP) de notre qualité de service de presse en ligne… 

C’est hyper important et ça nous avait été refusé une première fois il y a un peu plus d’un an au motif que nous n’étions pas « économiquement crédible ». Grâce à toi, grâce à nous, nous avons prouvé notre détermination et notre crédibilité. Nous sommes désormais un vrai journal piloté et réalisé par des vrais journalistes.

Grâce à toi, grâce à nous, nous démontrons que, sans pub et sans accointances douteuses avec les pouvoirs politiques locaux, il est possible, ici à La Réunion, de poser dans le paysage médiatique un regard critique et authentique  !

Ça vaut toutes les Marseillaises.

Nous ne marchons pas au pas. Mais nous avons répondu à l’invitation du préfet lundi matin qui souhaitait faire un tour d’horizon de l’actualité réunionnaise avec les médias de l’île. C’est la première fois que nous sommes conviés à la table.

Tiens, il manquait d’ailleurs Réunion La Première sur l’invitation. Faut espérer pour eux qu’ils ne sont pas soumis à une liaison privilégiée avec la préfecture qui les ramènerait à l’époque de l’ORTF et de la « voix de son maître ».

Nous y sommes donc allés en nous jurant de ne pas tomber dans ce qu’Acrimed appelle le « journalisme de préfecture ». On a parlé des soubresauts de ces derniers temps qu’il serait bien hasardeux de qualifier d’émeutes… de Labourdonnais, du Tresta Star, de l’accès interdit au volcan, de l’augmentation des trafics de drogue, du contrôle des prix… 

Nous serons d’accord avec Jérôme Filippini quand il cite Camus étouffant parmi les gens qui croient absolument avoir raison…  D’accord quand il évoque les poursuites contre les pollueurs et la très lointaine souveraineté alimentaire de La Réunion dont les trop rares terres agricoles sont toujours davantage menacées par  les extensions urbaines… 

Mais les faits nous ont cent fois montré l’impuissance des discours — voire leur fausseté — face aux profiteurs. Pour pointer ces dérives, ce sera à nous, journalistes, de t’informer, de t’alerter…

À Parallèle Sud nous sommes conscients d’être encore minuscules face à la mission. Et nous allons mettre le site en pause pour les quatre semaines à venir afin de reprendre des forces et préparer la 3e saison. Comment gagner de l’argent par l’éducation aux média, sans se compromettre, comment consolider notre structure, comment capter les aides dues à la pluralité de la presse afin de compléter les dons des visiteurs… 

Il s’agira pour nous de vacances studieuses.

Nou artrouv le 18 août prochain…

Franck Cellier

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.