Ils sont d’abord venus chercher les communistes, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas communiste ;
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas syndicaliste ;
Puis ils sont venus chercher les juifs, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas juif ;
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre.
Quand ils sont venus chercher… est une citation du pasteur Martin Niemöller (1892–1984) pour dénoncer l’inaction des hommes politiques allemands pendant la montée du nazisme.
Les lois passées sans vote des députés, les manifestations réprimées à coups de matraques et de LBD (on a encore vu mardi des manifestants frappés à terre), les manifestants mutilés, des policiers qui sèment la mort (sur 34 personnes mortes lors d’interventions des forces de l’ordre en 2022, hors fusillades, 24 l’ont été suite à des tirs à balles réelles, dont 14 dans un véhicule suite à un “refus d’obtempérer” et 9 en raison de la présence d’une arme blanche) sans que la justice ne s’en émeuve vraiment, une société de surveillance qui avance doucement mais surement, tout ça avec des gouvernements successifs qui courent derrière les éléments de langage de l’extrême droite… on n’est pas en Corée du Nord, certes, mais la démocratie n’est plus ce qu’elle était.
Surtout, c’est la liberté de parole que s’octroient certains politiques, peut-être même sans se rendre compte de la proximité de leurs propos avec un passé que l’on croyait révolu, qui interpelle.
Comme ces mots prononcés il y a quelques semaines par le député Horizon François Jolivet devant ses pairs de l’Assemblée nationale, après s’être félicité des chiffres du chômage et dans le débat sur l’augmentation de l’âge de départ à la retraite : « Travailler, c’est d’abord être libre ».
Seul Alex Vizorek, animateur à France Inter de l’émission C’est encore nous, a relevé que, en langue allemande, cette phrase était apposée à l’entrée des camps de concentration nazi.
Même s’il s’agissait d’un déficit de culture de la part de ce député, on ne peut que constater avec terreur une certaine communauté de pensée. Avec terreur parce que les mots de Bertold Brecht me reviennent trop souvent en mémoire : « Il est encore fécond le ventre de la bête immonde ».
Philippe Nanpon
« L’utilisation de cette phrase, associée à un manque de connaissance de l’histoire, conduit régulièrement à des scandales en Allemagne et ailleurs dans le monde », indique Wikipedia. En Allemagne, mais pas en France.
