LES KANAKS SONT CHEZ EUX !
La situation actuelle en Nouvelle Calédonie est l’aboutissement d’une série de décisions gouvernementales, prises d’autorité et remettant en cause l’équilibre des accords de Nouméa du 5 mai 1998.
Le dernier référendum d’autodétermination organisé le 12 décembre 2021, l’a été dans des conditions particulières, notamment par le boycott des indépendantistes Kanaks. Cette troisième et dernière consultation prévue dans les accords, a été entérinée par l’Etat alors que la volonté des Kanaks de la reporter était clairement exprimée. Dès lors une tension s’est immiscée sur le territoire.
C’est donc un passage en force de l’Etat qui a fait le choix de la confrontation plutôt que la conciliation.
Le peuple Kanak, peuple historique de Nouvelle Calédonie, revendique sa place pleine et entière dans les décisions territoriales. Certes, des avancées notables ont permis de faire valoir ces droits, comme par exemple, le droit coutumier.
Cependant, un péril guette. Ce qui peut faire prendre une orientation à un territoire, c’est le vote. En effet, les élections ont une incidence majeure sur les politiques territoriales menées. Depuis la révision constitutionnelle de 2007, suivant l’Accord de Nouméa de 1998, seules les personnes inscrites sur les listes électorales avant la date de l’accord peuvent voter aux élections provinciales. Cela ayant pour conséquence de maintenir une grande partie de la population sans capacité de vote.
Une prolongation de la colonisation
La loi constitutionnelle adoptée le 15 mai 2024 ouvre le corps électoral à tous les natifs et aux personnes ayant au moins dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie. Ce dégel ajoute un minimum de 25 000 personnes, selon les estimations du gouvernement, au corps électoral.
La raison avancée pour la mise en œuvre de cette nouvelle loi est que, sans réforme, le gel du corps électoral depuis des années aurait pour conséquence d’évincer de ces élections près d’un électeur sur cinq, ce qui ferait peser un risque d’inconstitutionnalité sur le prochain scrutin.
Hors, c’est justement le gel du corps électoral qui a permis, aussi, de maintenir un équilibre sur l’archipel. Selon le recensement, déjà ancien de 2009 par l’INSEE, les Kanaks représentaient 40,34% de la population, les Européens et leur descendants 29,2%, les Wallisiens et Futuniens 8,66%, les métissés 8,3% et d’autres communautés. Ainsi donc, maintenir un socle électoral cohérent permettait aux Kanaks, minoritaires dans la population générale, de prendre une part réelle à la destinée du territoire.
La libération de 25 000 bulletins de vote pour 280 000 habitants , favorise exclusivement les communautés non Kanaks et principalement européennes, pour ne pas dire française, hexagonale. Il s’agit là, clairement, d’une prolongation de la colonisation qui permet de mettre de côté les peuples autochtones. Au nom de qui, de quoi, les Kanaks ne devraient que subir et non choisir l’avenir de leur territoire. Le droit des peuples à l’autodétermination est inscrit dans la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », résolution adoptée par l’Assemblée générale le 13 septembre 2007 (A/61/L.67 et Add.1).
La France contourne donc les résolutions onusiennes par un subterfuge règlementaire électoral.
Il est fini le temps des colonies ! Aujourd’hui, la Kanaky se soulève pour sa survie, la vie et l’avenir de son peuple. Ce rapport de force imposé par la présidence d’Emmanuel Macron n’offre que deux issues : la soumission ou la liberté. Le choix est vite fait.
Jean Fauconnet