PELLETS DE BOIS À LA PLACE DU CHARBON : LA RÉUNION TOUJOURS DÉPENDANTE DES IMPORTATIONS
Les centrales thermiques n’ont plus le droit de brûler du charbon pour produire de l’électricité. Mais ce changement fondamental n’a pas été l’occasion de remplacer ce combustible émetteur de gaz à effet de serre par des énergies renouvelables disponibles en masse à La Réunion. Le charbon d’Afrique du Sud est simplement remplacé par des pellets de bois d’Amérique du Nord : la dépendance énergétique de La Réunion aux importations ne change pas et l’empreinte carbone du transport augmente.
Jusqu’en 2010, La Réunion était engagée sur le chemin de l’autonomie énergétique. Cet objectif devait être atteint en 2025 sous l’impulsion de la Région Réunion présidée par Paul Vergès. Cela passait par l’électrification des transports avec notamment la reconstruction du train, ainsi que par l’utilisation des énergies renouvelables abondantes à La Réunion pour produire l’électricité nécessaire aux transports et aux besoins des habitants et de l’économie.
Dans notre île, la production électrique de base est assurée par des centrales thermiques qui brûlent principalement du charbon, et de la bagasse pendant la campagne sucrière. Pour remplacer le charbon, plusieurs projets étaient en cours. Tout d’abord l’utilisation de l’énergie thermique de la mer, ensuite la géothermie à partir du volcan, et enfin le développement du stockage pour surmonter le blocage d’EDF, réticente à injecter plus de 30 % d’électricité photovoltaïque et éolienne dans le réseau qu’elle gère.
La marche vers l’autonomie énergétique a été stoppée en 2010 par un changement de majorité à la Région. Le lobby des énergies fossiles a trouvé en Didier Robert le président de Région idéal pour démolir tous ces projets qui allaient à l’encontre des intérêts de ces pollueurs.
La prise de conscience de lutter contre le changement climatique est devenue toujours plus importante. Tôt ou tard devait se poser la question de la fin du charbon et du fioul dans les centrales thermiques. Ceci a abouti à l’interdiction d’utiliser le charbon pour produire de l’électricité.
Au lieu d’anticiper ce changement inévitable en développant l’utilisation des énergies renouvelables abondantes à La Réunion, le choix du maintien de notre île sous la dépendance des importations a été choisi.
Une biomasse énergie renouvelable par convention
Le charbon est simplement remplacé par des pellets de bois importés d’Amérique du Nord. Par convention au niveau de l’Union européenne, cette biomasse n’est pas considérée comme une énergie fossile. Or, ces pellets viennent d’arbres qui ont accumulé du carbone pendant plusieurs dizaines d’années. Ce capital carbone est alors brûlé en quelques minutes.
En quelques instants, plusieurs dizaines d’années de carbone séquestrés sont alors rejetés dans l’atmosphère sous forme de CO2 notamment. Cela explique pourquoi au Parlement européen, des députés s’activent pour que cette biomasse soit considérée comme une énergie fossile.
A cela s’ajoute pour La Réunion le coût environnemental de ces importations. Ces pellets de bois ont un pouvoir calorifique moins important que le charbon. Il faut donc une masse plus importante pour produire la même quantité d’électricité. Cela signifie plus de bateaux pour transporter cette source d’énergie, avec une distance de parcours plus longue car l’Amérique du Nord est bien plus éloignée que l’Afrique du Sud d’où venait le charbon. Cela implique également plus de rotations de camions pour les transporter depuis le quai du port jusqu’à la centrale. Autrement dit, l’empreinte carbone liée au transport augmente.
Pendant ce temps, une importation en remplace une autre, donc aucune avancée pour l’autonomie énergétique de La Réunion.
L’avenir est à la décentralisation des moyens de production d’électricité
L’évolution technologique fait que l’électricité est maintenant moins coûteuse à produire avec le soleil qu’avec la biomasse. Notre île ne manque pas de journées ensoleillées, et elle est dans la région où l’énergie solaire a le plus fort rendement. L’avenir, c’est la production d’électricité au plus près du consommateur, la technologie rend possible cet objectif qui va dans le sens de l’autonomie énergétique de La Réunion. Ceci permettra également aux Réunionnais d’être les propriétaires des moyens de production d’électricité.
Manuel Marchal (article paru dans Témoignages le 6 août 2022)
Quotidien en ligne diffusé en presse-papier jusqu’en 2013 fondée en 1944 par le docteur Raymond Vergès
Pour compléter le sujet, lire également l’article de Parallèle Sud consacré au « verdissement » des centrales thermique d’Albioma.
A revoir également, la visite guidée de la centrale d’Albioma qui se convertit au bois :