RÈGLEMENT LOCAL DE PUBLICITÉ
Dimanche 19 novembre, une dizaine de militants ont démonté un panneau publicitaire pour dénoncer la pollution de ces affichages et faire bouger la commune de Saint-Paul.
Pas de chance ! Ce panneau-là était aux normes depuis deux semaines. Une dizaine de militants, vêtus de combinaisons blanches et masqués, s’apprête à démonter un panneau publicitaire. « Depuis 2015 il était dans l’illégalité », précise le communicant d’Extinction Rebellion. Le mouvement, dimanche dernier, a mis à bas un panneau scellé à l’Eperon pour crier son mécontentement. Trop de publicités, trop peu de contrôle, et un Règlement Local de Publicité en préparation à Saint-Paul qui ne convainc pas. « Entre le rond-point de l’Eperon et celui du Centhor, sur 3,6 km, nous avons compté 99 panneaux publicitaires dont plus de la moitié ne respectent pas la loi. » Pour mieux comprendre les motivations des militants, Parallèle Sud a réalisé une interview croisée d’Extinction Rebellion et de l’association Paysages de France.
« Et si nous avons ciblé celui-là en particulier, c’est qu’il appartient à l’entreprise Samsag, le plus gros afficheur de l’île, et dont les panneaux sont en majorité illégaux, trop grands, trop nombreux sur une parcelle, trop proche du voisin… », assure le représentant de XR. De plus, le message apposé dessus invite les jeunes Réunionnais à aller faire la guerre, à tuer ou se faire tuer. L’ « aventure » selon la marine nationale. Nous ne le regretterons pas.
La ville de Saint-Paul étudie actuellement un Règlement Local de Publicité. Le projet ne plaît pas du tout aux associations qui luttent contre le réchauffement climatique, la pollution et pour plus de bien être. Le plan à l’étude éradique l’affichage sur le littoral mais pas dans les Hauts. Pas de pub scellée au sol depuis Trou-d’Eau jusqu’au centre-ville, mais maintien d’une forte présence publicitaire avec des dispositifs scellés au sol autorisés jusqu’à 10,5 m² par terrain de Saint-Gilles-les Hauts à la Saline, en passant par l’Éperon, le Bernica, Fleurimont, Plateau-Caillou, Bois-Rouge, Bellemène, Crève-cœur, la Plaine… où il est prévu de maintenir une forte présence publicitaire avec des dispositifs scellés au sol autorisés jusqu’à 10,5 m² par terrain. En clair, on épargne les touristes mais pas les Saint-Paulois.
Par ailleurs, XR-Réunion remarque encore que « la publicité grand format étant de plus à 80% le fait des multinationales ou des grandes surfaces locales, maintenir une telle présence publicitaire participe à attirer les consommateurs des Hauts vers les Bas où sont implantés les annonceurs au détriment des petits commerces de proximité ». Le mouvement dénonce également les panneaux éclairés la nuit (« il faudrait limiter l’éclairage à 19h30 ») ainsi que les publicités numériques bientôt autorisées à Cambaie et Savanna.
Des propositions
Extinction Rebellion demande donc d’intégrer au RLP les 5 propositions ci-dessous « qui permettront à la commune de mettre en place un des règlements les plus ambitieux de France :
- Avoir un traitement identique entre les zones résidentielles des bas et des hauts et donc une zone 2 dans laquelle la publicité scellée au sol est interdite. Si elle devait être autorisée, la limiter à 1 dispositif mural de 2m² par unité foncière.
- Augmenter la plage d’extinction nocturne des publicités de 19h30 à 7h, pour préserver la nuit noire et la biodiversité de la commune.
- Interdire la publicité numérique dans les zones d’activité de Savannah et de Cambaie. Elle n’est pas nécessaire, elle constitue une source de pollution lumineuse, visuelle et énergétique. Ce type de dispositif n’étant actuellement pas présent sur le territoire, il serait très dommageable de le laisser s’y développer.
- Interdiction de tout éclairage nocturne lors des périodes d’envol des Pétrels et Puffins
- (Avril – début mai pour les pétrels juvéniles, et 1 à 2 semaines autour des nouvelles lunes de Novembre à Mars, pour les puffins et pétrels adultes en période de nourrissage).
- Interdire toute possibilité d’apposer du mobilier urbain publicitaire aux abords de monuments historiques présents sur le périmètre communal, ce qui serait à la fois une insulte à notre patrimoine historique, et une défiguration supplémentaire de notre ville. »
Après une petite demi-heure d’efforts, la publicité militariste se retrouve face contre terre. Les femmes et hommes en blanc, en silence, disparaissent par une rue adjacente. Les journalistes restent seuls face à deux poteaux bien nus, l’action est terminée.
Philippe Nanpon
