“Et maintenant ! …”

JOURNAL DE PAUL HOARAU N°255

Lundi 8 juillet 2024

Dimanche, le Peuple Français a rendu son verdict. L’Assemblée Nationale est divisée en trois blocs dont aucun ne dispose de la majorité absolue. Au niveau Réunionnais, qu’ont dit les électeurs ?

Au niveau national, le nombre de députés se répartit ainsi : 182 députés pour « Le Nouveau Front Populaire », 163 députés pour le parti présidentiel « Ensemble » et ses alliés, 143 députés pour « Le Rassemblement Populaire » et 68 députés pour le LR et ses alliés de Droite et du Centre. Aucune de
ces trois grandes formations ne dispose d’une majorité absolue, une constante du vote « souverain ». La grande surprise du deuxième tour est la relégation du « Rassemblement National » de la première place au premier tour, à la troisième place au second tour.

Tout se passe comme si les Français, avaient sanctionné le parti du Président comme ils avaient sanctionné le PS et les Républicains en 2022, pas aussi sévèrement peut-être, mais pour les mêmes raisons ; comme s’ils avaient voulu donner un avertissement au premier tour en votant
« Rassemblement National » ; comme s’ils décidaient, quand même, de faire barrage au « Rassemblement National » en votant pour « Le Nouveau Front Populaire » qui présentait, en plus du barrage, un programme : le rétablissement des acquis sociaux, la retraite, le smic, le retour du service public, etc. De surcroît, « Le Nouveau Front Populaire », comme « Ensemble » du Président Macron en 2017, était « nouveau ».

Le barrage fait au » Rassemblement National» est le résultat d’une mobilisation fébrile des partisans du Président et des partisans de la gauche rassemblés, les uns et les autres dans leur camp respectif.

La promesse porteuse de la gauche, c’ est le rétablissement des acquis sociaux du 19-ème siècle, du Front Populaire et du Conseil National de la Résistance et le financement des conditions de ce rétablissement par les plus riches. Mais le point faible de ce programme est qu’il n’apparaît pas
clairement que ce supplément fiscal demandé aux plus riches ne sera pas dépensé à fonds perdus dans le paiement d’allocations sociales à des chômeurs, mais investi dans le développement économique d’une France qui embauche. En tout état de cause, si les promesses ne sont pas tenues, la sanction viendra et le jeu du « barrage » ne paiera plus.

Le barrage n’est pas un programme politique pendant que « le mondialisme du profit d’abord », du libre-échange, de la libre concurrence, etc. continue de détricoter ce que les plus modestes ont acquis, pendant que le développement économique national est mis en brèche et que la nation s’appauvrit. La politique « du barrage au Front National » ne doit pas être l’alibi des forces de « l’Humanisme de l’Homme au centre » pour détourner les esprits d’une certaine impuissance. C’est cet « humanisme » qui doit gagner en transformant l ‘économie nationale et, par ce moyen, la vie quotidienne des Français. C’est l’enjeu.

Les leçons répétées à travers les derniers scrutins vont-elles changer la gouvernance française et les orientations des gouvernants (« représentants » élus du peuple)? Vont-elles provoquer, au Parlement, des majorités pour le retour du monde culturel, économique, et social français, le retour du « Monde des Droits de l’Homme » ; pour la reconnaissance des diversités françaises au lieu et place de l’uniformité actuelle ? C’est cela qui est en jeu : non pas la prospérité de la seule France, mais la prospérité des Français de toute la République, la prospérité des peuples du Monde d’une façon générale.

Au niveau local, à travers la dimension nationale de la situation, pointe déjà la dimension locale. Les leçons du Peuple Réunionnais sont évidentes. J’en examinerai les contenus dans mon prochain « Journal ».

La classe politique française doit, résolument, abandonner les impasses dans lesquelles la conduit constamment une certaine idée de la France. Comme avril 36, juin 40, mai 58, un de ces mois de 2024 devrait marquer le nouvel abandon – un abandon définitif – de ces impasses. Quelle que soit la formule parlementaire et gouvernementale qui sera trouvée à la crise que nous connaissons, il n’y aura pas de « grand soir ». L’expérience politique française est telle aujourd’hui, que les fauteurs de désordres ne seront pas entendus. Le meilleur antidote à l’insécurité et à la guerre, c’est la prospérité des peuples par leurs développements (Populorum progressio), cela devra être l’objectif, c’est encore possible.

Paul Hoarau

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