festival du film d'aventure plage de Saint-Gilles

Humeurs de festivaliers

LIBRE EXPRESSION

La nuit tombe sur la plage de Cap Homard. Une à une les étoiles s’allument au-dessus de nos têtes et la constellation d’Orion s’incline vers l’ouest. Une légère brise nous apporte un petit air rafraichissant venu des reliefs qui nous dominent. Ainsi, « du battant des lames aux sommets des montagnes » un décor naturel et vivifiant est bien installé pour accueillir le festival du film d’aventures.

Un léger clapotis de vagues se fait encore entendre sur le rivage de la plage mais plus pour longtemps. Il sera bientôt masqué par les bruissements grandissants provoqués par nombre de personnes prenant possession de la plage, face à un écran géant dressé pour les projections offertes. Elles viennent toutes pour communier avec les jeunes aventuriers qui ont mis en images leurs initiatives et expériences d’un rapport plus écologique avec notre planète. Du moins on peut le penser…

En attendant les projections, dans un crépuscule qui résiste à la nuit en teintant l’horizon d’un rouge orangé très spectaculaire, chacun cherche et s’aménage une bonne place, parfois sans trop d’égard pour son voisin… Certains privilégient le siège et le popotin haut placé quand d’autres creusent un nid de sable que l’on veut spacieux et des plus relaxants.

Bien entendu on n’oublie pas de quoi garder patience, à savoir quelques nourritures et boissons achetées à plusieurs stands présents en haut de la plage. Cadre idéal, fesses et dos bien calés sur le sable, verre ou moque à la main, provisions de grignotage à satiété, tout apparait parfait pour quelques heures de pur bonheur. 

Mais, c’est sans compter sur le fait que l’humain peut s’avérer paradoxal… Voulant toujours répondre au plaisir de vivre il peut vouloir une chose et finir par faire son contraire… 

Les projecteurs s’allument, la nappe d’obscurité s’efface. On distingue alors un épais voile de fumée bleutée qui flotte au-dessus des spectateurs. Ce nuage est bien différent de ceux qui collent à la scène lors de spectacles. Tel un brouillard, il enveloppe toutes les têtes, s’installe et colle aux arbres. Il est surtout accompagné d’odeurs agressives, difficilement supportables, et on peut à juste raison les supposer toxiques.

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Produit par d’innombrables cigarettes et autres fumoirs, il rend chaque inspiration désagréable et angoissante pour beaucoup de non-fumeurs. Quoi qu’il en soit, que l’on soit fumeur ou pas, tout le temps du spectacle nous respirons cet air vicié que les légères brises du soir ne peuvent dissiper. La notion du grand air n’existe plus. On en vient à regretter la discipline des salles de projection…

Le lendemain, une visite sur le site montrera, une plage de sable labourée et parsemée de multiples trous de mines. Des quantités impressionnantes de mégots émergent plus ou moins du sédiment. Sans doute a-t-on tenté de les enfouir ; façon « je m’en foutiste » ou alors, avec peut-être une pointe de remords (on peut rêver) conduisant à vouloir dissimuler une pollution que l’on sait dangereuse tant pour la santé humaine que pour la nature.

Cette nature qu’à priori les pollueurs, eux aussi, étaient venus célébrer… Ne voulant pas alourdir le propos, nous n’irons pas jusqu’à développer nos autres inquiétudes au vu des restes de consommables éparpillés sur le sable. Certains d’entre eux – souvent achetés en début de séance pour « tuer le temps », comme on dit – sont si efficaces qu’ils sont bien connus pour réduire celui de l’espérance de vie des consommateurs…    

Bref, c’est quand même désolant que lors d’un rassemblement censé regrouper des amoureux d’aventures et de grands espaces, les participants en viennent à ne pas respecter leur environnement immédiat ; non seulement le milieu naturel qui les accueille mais aussi leurs voisins du moment…

Bien entendu les organisateurs ont prévu une opération « nettoyage » qu’ils veulent la meilleure. Mais jusqu’à quel point ? Ne restera -t-il pas des éléments polluants susceptibles de continuer sur place leurs dommages ou bien d’être emportés par les houles de tempête et de polluer les mers ? 

Quant aux comportements navrants de certains participants, que font-ils de toutes ces campagnes de sensibilisation menées depuis des années au titre de la défense tant de la Santé que de la Nature ?

Du fait de leurs actes, n’ont-ils pas conscience de l’incongruité de leur présence face au merveilleux spectacle offert par les films présentés ?

Les spectateurs étaient là pour une ode à la nature et à la vie, parmi eux trop d’entre eux les ont souillées…

Danielle Jay

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

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