Intelligence artificielle

Intelligence artificielle dans les rédactions : mais de quoi se mêle RSF ?

LIBRE EXPRESSION

Alors que les premières expérimentations d’introduction de logiciels d’intelligence artificielle (IA) dans des articles de presse viennent de faire leur apparition dans plusieurs médias (L’Est Républicain et Reworld Média notamment), un « protocole d’accord » vient d’être conclu sur le sujet, entre l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), le syndicat patronal qui regroupe les éditeurs de presse écrite quotidienne nationale, régionale, départementale et de la presse hebdomadaire régionale.

Selon la Correspondance de la Presse du 15 novembre, ce partenariat intitulé « projet Spinoza » (sic) ambitionnerait la « production d’un prototype d’outil d’intelligence artificielle » propre à la presse écrite, « réalisé avec la société Ekimetrics d’ici fin 2023 ».

Cette expérimentation de très grande envergure, si elle se confirmait, constituerait un délit d’entrave géant et une entorse aux prérogatives des CSE de l’ensemble des entreprises adhérentes de l’Alliance, dont les représentants du personnel n’ont été ni consultés ni informés. Nul ne peut pourtant nier que l’introduction de ces nouvelles technologies dans l’organisation interne des médias aura des conséquences multiples sur l’emploi, et sur l’information, sa qualité, son éthique.

Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes (SNJ) exige une totale transparence sur cette « expérimentation », y compris sur les contours financiers de ce « partenariat » avec RSF.

Le SNJ réclame un moratoire immédiat, et l’ouverture de négociations qui permettront de poser des garde-fous avant tout déploiement anarchique de ces outils, dont les développements futurs ne peuvent être pris à la légère.

Le SNJ exige des garanties sur l’emploi, sur l’organisation des rédactions, sur la traçabilité des données produites par des journalistes et utilisées par l’IA.

Le SNJ s’interroge sur le rôle de l’ONG qui donne l’occasion aux éditeurs de presse de contourner les organisations syndicales représentatives des journalistes.

Après s’être auto-proclamée garante de la qualité de l’information, pour vendre un modèle controversé de certification des médias, l’organisation qui est engagée depuis des décennies dans les combats nécessaires pour préserver la liberté de la presse dans le monde, n’a aucune légitimité pour représenter les journalistes français dans leurs rédactions, ou la profession auprès des pouvoirs publics et des employeurs.

Journalisme et mélange des genres n’ont jamais fait bon ménage.

Il est très regrettable que RSF entretienne cette confusion, au moment même où son secrétaire général pilote les Etats généraux de l’information à la demande d’Emmanuel Macron.Parisle 20 Novembre 2023

Le Syndicat national des journalistes (SNJ)

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Kozé libre

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