Compost

J’ai 27 ans et je veux simplement un travail qui ait du sens

LIBRE EXPRESSION

Manon a 27 ans et cherche une activité qui mêle les sciences à l’impératif d’amener du changement dans la société. Elle a intégré les Alchimistes péi pour « aider à fabriquer des sols vivants par compostage ». Une campagne de financement participatif est d’ailleurs en cours sur la plateforme locale Poc-Poc.

Je suis arrivée sur l’île comme tant d’autres, les yeux émerveillés. Je ne vais pas épiloguer sur le pour qui ou pourquoi je suis venue. Une situation banale : « J’ai suivi ma compagne, elle est dans le médical » suffira. En revanche, j’ai envie de vous parler d’où je viens. Je suis née en Bretagne, mon père est ancien boucher-traiteur, ma mère l’a beaucoup aidé et travaille maintenant dans un élevage de poules pondeuses.

A 18 ans, je voulais quitter la campagne, je me posais des vagues de questions sur l’humain, la société, la vie. J’ai choisi les sciences cognitives. L’étude du cerveau animal, artificiel, et humain. Ça en jette, et à vrai dire c’est super intéressant. Puis il a fallu se « professionnaliser » . C’est bien beau d’étudier l’attention, la philosophie ou la conscience. Il faut trouver comment se faire rémunérer de tout cela. L’option de fin d’étude que j’ai choisie ? L’Interaction Homme Machine. Il est certain que je ne ferais pas ce choix aujourd’hui. D’association en association, d’article en article, de rencontre en rencontre, c’est beaucoup d’aspects de la société que je remets en question. Beaucoup trop pour ma santé mentale.

Les sciences nous disent : changeons !

La technologie ne sauvera très probablement pas notre monde, au contraire. Pour des raisons purement capitalistes (et de biais cognitif tout de même), nous n’écoutons pas les sciences (de l’ingénierie, l’étude des modèles systémiques…) qui nous disent haut et fort : changeons, il y existe des solutions. Pourtant, ce sont ces mêmes méthodes et outils scientifiques qui nous permettent d’analyser les sols pour un meilleur rendement, d’optimiser un moteur pour de meilleures performances. Nous les écoutions. Pourquoi ne les écoutons-nous plus ? Ou seulement dans le sens de la croissance ?

Alors voilà, j’en suis là. Avec un avenir professionnel à construire. J’ai 27 ans et je veux simplement un travail qui ait du sens. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’avoir, j’envisage 1 500 euros de salaire, peut-être un peu moins si j’arrive à me nourrir un peu autrement. Nous sommes deux et nous ne tenons pas forcément à avoir d’enfant. J’ai le suprême luxe de pouvoir souhaiter un travail qui répond aux sciences qui nous disent : changeons.

Fabriquer des sols vivants par compostage

La gestion de l’eau, la préservation de la biodiversité, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, la pollution et le recyclage de matériaux… Par où commencer, dans quoi se lancer ?

Fabriquer, ou plutôt aider à fabriquer des sols vivants par compostage. L’infiniment petit s’agite. Oui, le compost me fascine, ça touche à la gestion de l’eau, aux émissions de GES et bien d’autres choses. Ça regroupe des combats, et j’aime ça.

Alors je remercie les personnes qui initient ces changements, qui y croient, qui passent du temps, qui se confrontent, qui essaient encore et encore d’avancer vers le chemin le plus soutenable. Nous ne réussirons peut-être pas, mais nous essayons. Il faut bien une équipe, moi, c’est avec les Alchimistes Péi et le Réseau Compost Citoyen Réunion que j’avance.

Une campagne de financement participatif sur Poc-poc

Pour l’instant, j’ai des missions de communication, de visibilité sur les réseaux. D’ailleurs, nous avons une campagne participative en cours, si vous voulez nous aider c’est possible. Parler de nous, partager nos informations, contribuer à la campagne, composter chez soi et dans son quartier, c’est aider.

Je vous communique le lien : https://www.pocpoc.re/campaign/54/tous-au-compost#Campagne

Alors je fais de la promotion d’une sorte de « produit », mais un jour, peut-être, mon métier ce sera de composter et d’aider à composter : avec des enfants, avec la ville, avec des personnes âgées… et puis de cultiver, pour se nourrir et changer le modèle, à mon échelle.

Manon Garnier

A propos de l'auteur

Kozé libre

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