[LIBRE EXPRESSION]
Le 18 février Parallèle Sud publiait un article intitulé : « Pourquoi mon enfant n’a pas un vrai professeur ». Ça m’a fortement interpelé.
On y explique notamment que le Rectorat a lancé un recours massif aux contractuels pour palier l’absence de professeurs en arrêt de maladie, ou pour exercer sur des postes « non-pourvus ». A la rentrée, des « remplaçants » ont été affectés sur des postes de titulaires, diminuant de facto le volet de remplaçants disponibles. Les contractuels sont embauchés sans formation, alors qu’on leur demande d’effectuer le même travail qu’un enseignant recruté sur concours et titulaire d’un Master 2 (5 années d’études). Souvent leurs contrats sont suspendus pendant les périodes de longues vacances (été austral, hiver austral). Il n’y a pas de petits profits ! On considère qu’ils savent faire sans avoir appris. Ce qui n’est pas sans poser de vraies difficultés quant à l’enseignement dispensé bien sûr (mais ce qui compte d’abord, c’est de « mettre un enseignant en face des élèves pour calmer les parents »), mais aussi quant au mal-être de ces enseignants qui n’en sont pas vraiment, en particulier lorsqu’ils sont en face de classes difficiles.
Un long article paru dans le journal Les Echos en septembre 2021 explique très bien les difficultés du métier d’enseignant et l’augmentation des démissions (https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/metiers-reconversion/rentree-les-jeunes-profs-epuises-de-plus-en-plus-nombreux-a-demissionner-1342619).
A La Réunion, dans le 1er degré, 150 candidats ont étés reçus au concours de professeur des écoles en Juin 2021. Concours difficile, près de 1000 postulants pour 150 postes. Ceux qui le réussissent sont jugés aptes pour le métier, « bons pour le service » en somme. Ils sont en 2021-2022 professeurs stagiaires affectés une semaine sur deux dans une classe, l’autre semaine étant consacrée à leur formation Master 2 Sciences de l’Education dans les deux ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) de l’île, l’une à St DENIS, l’autre au TAMPON.
Certaines semaines de cours sont amputées parfois de deux ou trois jours, la formation est plus que minimale. Pas facile d’être dans sa classe une semaine sur deux, pas facile non plus de s’adapter en quelques mois à un métier difficile. Cette année est très épouvante, avec une quantité de travail à fournir très importante, des visites évaluatives régulières et stressantes, et une pression permanente.
À l’exception de leur tuteur qui les suit toute l’année (mais parfois trois stagiaires pour un tuteur qui n’a qu’une journée par semaine pour les suivre), aucune vraie aide à attendre de l’Institution. Nombre d’entre eux ne finissent pas l’année soit-disant « parce qu’ils ne sont pas faits pour ce métier », ou « parce qu’ils ne supportent pas la pression ». La pression est effectivement « énorme ».
J’ai vu de nombreux stagiaires craquer mentalement mais finalement être tout de même titularisés, j’en vois encore. Par contre, ce qui a changé depuis quelques années, c’est que même pour celles et ceux qui « tiennent le choc », on brandit en fin d’année la menace au mieux d’une année de stage supplémentaire, soit… un licenciement !
Le Rectorat ne fournit aucun chiffre. Celles et ceux qui ont quitté leur poste en cours d’année au bout du rouleau et « dégoûté » par ce système ont parfois été remplacés par des Master 2 qui ont échoué au concours l’année dernière, mais qui, a prioris seraient capables d’enseigner quand même… D’une logique assez incompréhensible ! Et surtout, ces jeunes sont « payés » (si l’on peut dire !) au lance-pierre, avec un « salaire » de l’ordre de 600 euros mensuels !
Il faut aussi savoir que des jeunes qui auraient été « licenciés » ou poussés vers la sortie peuvent quand même postuler l’année suivante sur des postes de contractuels !
Voilà comment fonctionne aujourd’hui l’Education Nationale ! Et depuis l’arrivée du Ministre Blanquer, c’est de pire en pire ! Les enseignants sont épuisés et démotivés, et les parents qui attendent souvent beaucoup de l’Education Nationale n’ont qu’eux auprès de qui se plaindre !
Un enseignant en colère
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