[Kiltir] Komidi, 16e édition en ligne de mire…

PETIT FESTIVAL EST DEVENU TRES GRAND

Le festival Komidi, à peu près tout le monde en a entendu parler, mais ce festival n’est vraiment pas comme les autres !

Ce festival est né en 2008 à Saint-Joseph grâce à une bande de passionnés de théâtre. La ville a de suite soutenu le projet, qui d’année en année s’est considérablement développé et étendu. De Saint-Joseph à … Saint-Denis, en passant par Petite-Ile, Le Tampon, Saint-Pierre, Etang-Salé, les Avirons et Saint-Paul. Aujourd’hui, Komidi reste certes « centré » sur le sud de l’Ile, mais on peut voir des spectacles à peu près partout sur l’île.

18 scènes, 211 représentations…

Cette année, 18 scènes sont programmées sur toute l’île pour un total de 211 représentations. Une part importante de ces représentations s’adresse aux scolaires. Permettre à un large public de découvrir le théâtre pour un coût modique était l’idée de départ. Faire découvrir le théâtre aux scolaires en est une autre, car c’est en découvrant le théâtre qu’on a envie d’y retourner !

Des troupes de plus en plus nombreuses 

Cette année, 44 compagnies sont invitées, dont 15 locales, une venant de Suisse, trois de Belgique, les autres de la France hexagonale. Au total, 47 spectacles différents, dont 4 créations.

Priorité aux scolaires bien sûr (12000 élèves seront concernés), et toujours cette politique de places à coût maîtrisés : 45% de places à 5€, 20% à 12€, 35% de places gratuites, notamment à destination des scolaires. Découvrir le théâtre à ce prix-là, c’est la philosophie de Komidi, c’est rare, peut-être unique !

ZZAJ Spectacle Burlesque

Des partenaires financiers bien sûr, mais d’abord des bénévoles !

Bien entendu, le festival ne peut exister que s’il est financé. « Un peu plus de 500 000€ » nous confie le vice-président Vincent Pradel. La ville de Saint-Joseph est le partenaire historique, deux fondations réunionnaises ont boosté le festival, et de nombreuses collectivités ont mis la main à la poche de manière souvent conséquente : la Région, le Département, la DAC, l’Académie, les communes de Saint-Joseph, Petite-Ile, Saint-Pierre, mais également toutes les salles partenaires qui accueillent des spectacles.

Mais au-delà de l’aspect financier, il y a une formidable équipe de bénévoles qui donne du temps pour que vive ce spectacle. Ils sont environ 120. Tous sont fortement mobilisés pendant le festival, mais beaucoup travaillent régulièrement presque toute l’année (voir article paru le 22.03 dans Parallèle Sud : https://parallelesud.com/theatre-ces-benevoles-qui-vont-vivre-le-festival-komidi/).

Les bénévoles posent pour la photo en 2023

Le festival débutera le 23 Avril, et se prolonge jusqu’au 4 Mai. Si vous aimez le théâtre, ou si tout simplement vous souhaitez découvrir le théâtre, n’hésitez pas à réserver des spectacles sur monticket.re ! Vous ne serez pas déçus !

Dominique Blumberger

Entretien avec Vincent Pradel, vice-président de Komidi

Parallèle Sud : « 16e édition déjà, que de chemin parcouru, parlez-nous de la naissance de ce festival, de ce qu’il est désormais aujourd’hui »

Vincent Pradel : « 1ère édition en 2008, avec quelques pièces, deux salles, une seule troupe professionnelle et des troupes amateurs. Franck Philippe et Philippe Guirado (professeurs au lycée Pierre Poivre de Saint-Joseph) sont partis d’un constat : des élèves qui préparaient parfois un bac littéraire n’étaient jamais allés au théâtre… Ils se disent que plutôt que d’emmener les élèves au théâtre, ils pourraient proposer quelque chose localement. Une quinzaine de bénévoles décide de proposer un festival avec des spectacles à l’ancien cinéma Royal, à destination des scolaires en journée et tout public le soir. Le tout en empruntant du matériel un peu à droite et à gauche dans d’autres salles du secteur. Un peu contre toute attente, ça marche : salles pleines, public enthousiaste. On s’est là vraiment rendu compte qu’il Il y avait visiblement et un besoin et une attente. J’ai donné un petit coup de main en informatique, et dès l’année suivante, je décide de me joindre à l’équipe. […]

L’idée était de prioriser sur les scolaires, et de permettre, en proposant des places à 1€, à des gens qui ne venaient jamais au théâtre, de découvrir ce type de spectacles. Pari réussi au-delà de nos espérances notamment grâce au soutien de la ville de Saint-Joseph qui a fait une sorte de pari et a adhéré de suite à notre projet. Elle nous a suivis financièrement, techniquement, en mettant à disposition véhicules, personnel… Sans la ville, ce festival n’existerait pas. Petit à petit, plus de salles, dans d’autres communes, de nouveaux partenaires, la possibilité d’embaucher des techniciens pendant le festival. » […]

P.S. : « Quand on voit aujourd’hui ce qu’est devenu Komidi, on en parle dans la presse nationale, c’est un très gros festival, comment des bénévoles gèrent ce type de gros évènement ? Comment arrivez-vous à boucler votre budget ? »

V.P. : « Aujourd’hui, nous sommes environ 120 à travailler sur ce festival. Au festival d’Avignon où nous prenons contact avec les troupes, aujourd’hui nous sommes connus et reconnus. 75% des troupes que nous contactons ont envie de venir à Komidi ! Il y a bien sûr l’exotisme et la découverte de l’île, le fait aussi d’être sur place pendant les deux semaines du festival. Ailleurs, on vient trois quatre jours, puis on s’en va. Ici, on se retrouve ensemble pendant quinze jours parfois dans le même hébergement ! Certains acteurs nous le disent, « ça nous permet de nous retrouver entre nous, ce qui est finalement assez rare ». Mais il y a surtout l’envie de participer à un festival unique par son ambiance notamment. Les repas tous les soirs à la caverne des hirondelles pendant toute la durée du festival, cela ne se fait nulle part ailleurs !

Représentation jeune public dans les Hauts

Petit à petit nous accueillons de plus en plus de compagnies professionnelles, des troupes locales car il est indispensable qu’elles puissent se produire. Du coup on les soutient. L’acteur Lans Gourgousse profite des ateliers de Komidi pour refaire des décors qui ne lui convenaient plus et il présentera sa pièce : Comment devenir un dictateur. Komidi c’est aussi cela !

Cette année quatre très gros spectacles : ZZAJ, Une histoire d’Amour, Lawrence d’Arabie et 4211 qui sont des références. Désormais nous travaillons aussi sur des créations dont les « premières » se font à Komidi. L’arrivée de sponsors privés nous a aidés à mieux gérer notre festival, de façon plus professionnelle notamment. Bien entendu équilibrer le budget se fait parfois sur le fil du rasoir. Les coûts de transport par avion (acteurs, techniciens, fret), locations de voitures, hébergements, repas, coût des spectacles (même si les cachets sont souvent des cachets minimum), droits d’auteurs, assurances, … cela représente un énorme budget qu’il faut bien entendu équilibrer. Le prix des places représente une part minime de ce budget, les aides publiques et privées sont donc indispensables ! On calcule tout ! On fabrique sur place des décors pour éviter le coût du fret, on trouve des accessoires, on négocie avec les compagnies aériennes, avec les loueurs, … Mais finalement on y arrive !

accueil des artistes, repas du soir à caverne des hirondelles

Des rencontres se font, des contacts se nouent notamment entre les acteurs, qui permettent parfois de nouvelles créations pas forcément qu’avec des compagnies locales. Par exemple des acteurs de la compagnie Lé la qui travaillaient avant avec la compagnie du midi et ont présenté plusieurs spectacles à Komidi, se sont retrouvés ici pour créer leur propre compagnie. Certains acteurs métropolitains viennent ici construire leur propre création (Alexis Michalik par exemple). Cette année encore on a quatre créations. Ca donne une certaine valeur ajoutée au festival. Et puis on a aussi quelques couples, et même pas mal de bébés ! (rires) » .

P.S. : « En 16 ans, sans doute quelques regrets, mais j’imagine aussi beaucoup de satisfactions ? »

V.P. : « Bien sûr, il y a toujours quelques regrets. Des municipalités qui participaient et ne sont plus là, essentiellement pour des raisons financières. On ne peut pas durablement proposer des spectacles à perte… Il y a eu aussi l’année Covid sans festival. On a proposé deux mini-festivals l’année suivante, mais on a eu du mal à retrouver le rythme. Et puis la couverture médiatique localement est parfois un peu compliquée parce que notre festival est implanté au sud. C’est comme ça ! Le nord découvre Komidi parce – que l’an passé, nous avons programmé un spectacle à la cité des Arts. Quand à Avignon tu te balades avec un tee-shirt Komidi, les gens t’arrêtent parce qu’ils connaissent le festival. Ici, si je me balade à Saint-Benoît avec le même tee-shirt, personne ne va m’arrêter pour parler du festival. C’est un peu dommage, mais ça bouge tout doucement !

Une équipe de techniciens très professionnelle

Les satisfactions, elles sont nombreuses. Le festival en est à sa 16e édition. On a gagné notre pari, Komidi a bien grandi et est aujourd’hui une référence sur le plan national. On a ensuite des jeunes qui sont venus pour la première fois en 2008 et qui reviennent chaque année. Quatre au moins ont fait des études de théâtre en métropole parfois à haut niveau, c’est une grosse satisfaction, et même une certaine fierté. Au lycée Pierre Poivre, on a d’abord créé une option théâtre, et depuis quelques années une spécialité théâtre y est enseignéeL’aventure est vraiment belle ».

Propos recueillis par Dominique Blumberger

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.