[Kiltir] Matarom, un nouveau départ

LE GROUPE MATAROM FÊTE SES QUINZE ANS… IL VIENT D’OBTENIR LE PRIX DU 20 DÉSANB, UN PRIX RÉFÉRENCE !

Connu notamment dans le Sud (plusieurs passages au Manapany Surf Festival), Matarom retrouve une seconde jeunesse. Il vient de remporter le prix du 20 Désanb, un prix qui constitue une vraie reconnaissance dans le paysage culturel local. 

Matarom au Manapany Surf Festival.

Au départ, Matarom, c’est un peu une affaire de famille et de copains. Certains de ses membres sont liés par le sang. Tous partagent un amour inconditionnel pour leur île, leur culture, leur histoire, et la langue créole. On parle de musiques sega/maloya électrique, acoustique. En fait, Matarom, c’est aussi de la mélancolie, de l’énergie, des mélodies aux sonorités et aux styles très variés, et une écriture créole originale et talentueuse.  

Il est loin le temps des bœufs entre cousins à Cilaos… C’est d’ailleurs d’une forêt de Cilaos, au pied du piton des Neiges, que vient le nom de Matarom. Le documentaire Le chant des ravines, qui évoque le lien étroit que beaucoup de Réunionnais entretiennent avec leur nature, et où le groupe est très présent (Yannick Picard et Frédéric Lallemand ont composé les musiques), constitue sans doute « le véritable acte de naissance de l’aventure Matarom » comme le dit Laurent. Après sa sortie, ont été programmées de nombreuses projections souvent suivies d’un débat et d’un concert.  

Energie, générosité…

De nombreuses scènes où le groupe montre sa générosité, son énergie et son éclectisme. Un premier CD en 2013 qui aura mis trois bonnes années à voir le jour (7 chanteurs et musiciens), dans un univers souvent teinté de jazz et intitulé Matarom. Et puis il y quelques rendez-vous manqués en raison de la météo surtout, et l’aventure « Clameur des bambous ». Le groupe est sélectionné dans la région Sud, mais le Bato Fou ferme : Matarom ne peut participer à la finale. La dynamique tombe un peu et le groupe rentre alors comme le dit Frédéric « dans une période un peu creuse ». Le saxophoniste part en France hexagonale, les vies de familles reprennent le dessus, des projets de construction, des concours, le besoin de « se restabiliser », résume Frédéric.

A la Clameur des bambous

Mais la musique est toujours là dans l’ADN des uns et des autres, notamment parce que plusieurs d’entre eux jouent dans d’autres groupes. Et finalement, il y a, comme le dit si bien Frédéric, « l’envie de revenir à son service et pas seulement au service des autres ». Les répétitions reprennent. Les deux frères Picard, Laurent (chant) et Yannick (guitare, chœurs), les cousins Lallemand, Frédéric (clavier, chœurs) et Jean-Max (batterie), et leur ami « qui fait partie de la famille », Freddy Baronce (basse). Frédéric propose de nouveaux arrangements pour les anciens textes. Les répétitions se succèdent dans le studio de Yannick au Tampon, notamment pour préparer le prix du 20 Désanb. 

La dynamique est relancée ! 

Le prix du 20 Désanb vient à point nommé et relance véritablement le groupe. « La musique est plus épurée, plus acoustique », nous dit Frédéric, mais on retrouve toujours la générosité et l’énergie du groupe, et cet éclectisme musical qu’il revendique. « Nous sommes exclusivement dans la chanson créole, très souvent sur des rythmes ternaires, mais pas toujours », nous explique Laurent, qui écrit les textes. Et le 2e album, qui sera réalisé en auto-production, est en projet, « plus axé sur la chanson », confie Laurent, et « avec des musiques au service du texte », ajoute Frédéric, le compositeur.

La joie de vivre…

Les enregistrements se font « ti lamp ti lamp. C’est confortable de travailler en studio (studio Ti Jan), sans stress, on prend donc notre temps, nous dit Laurent. L’objectif est bien sûr de sortir cet album dès que possible, mais aussi de fidéliser et d’élargir notre public, d’aller plus loin ». Depuis quelque temps déjà, le groupe est accompagné par le PRMA (Pôle régional des musiques actuelles) et la Sacem avec des formations sur les aspects communication et professionnalisation. Le groupe entre dans une autre dimension. 

Un concert à Saint-Leu, à la rondavelle Tiroule le 19 mars, puis le Leu Tempo Festival, Kerveguen, fête du vacoa, Trois-Bassins, musée Stella… Les concerts ne manquent pas et, en live, le groupe se donne totalement ! « Et puis bien sûr, on espère se produire rapidement dans des salles un peu plus grandes. » 

C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter ! Avis aux directeurs de salles !  

Dominique Blumberger

Crédits photos : Véronique Précourt pour celle à Manapany. Pascal Quiquempoix pour celle au Bateau fou et Christine Wong pour les photos studio.

vers le documentaire « Le Chant des Ravines » : https://mag.oi-film.com/magazine/a-l-affiche/43-documentaire/67-le-chant-des-ravines

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