COMMUNIQUE DE PRESSE
Suspension brutale des services civiques dès le 1er février au grand désarroi du secteur associatif et des jeunes concernés, suppression du Pass Culture collectif qui plonge le secteur scolaire et le secteur culturel dans la stupeur, baisse drastique (40%) des contrats aidés pour La Réunion qui vont passer de 12 000 à 7 000, rétablissement des privilèges pour les anciens présidents et premiers ministres… le budget présenté par le gouvernement Bayrou réussit l’exploit de faire encore pire que celui de monsieur Barnier.
En effet il s’agit du budget le plus récessif depuis 25 ans, selon l’aveu même de la ministre des comptes publics Mme de Montchalin. « Il aggrave de 6,4 milliards d’euros les économies prévues par M. Barnier et réduit les recettes de 6,2 milliards. Au total les baisses des dépenses de l’État sont portées à environ 23,5 milliards d’euros. En ajoutant les économies prévues pour les collectivités locales et la Sécurité sociale, le total s’élève à 34 milliards d’euros », selon le Président de la Commission des finances M. Coquerel.
Ce budget ultra-austéritaire aurait des conséquences économiques et sociales terribles. D’un côté il contracterait la demande, réduirait la consommation, freinerait la croissance et in fine créerait les conditions d’une récession économique majeure.
De l’autre il aggraverait la crise sociale et écologique à travers des coupes sombres :
– pour le travail : 3,1 milliards d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
– pour l’écologie : 2,6 milliards d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
– pour la recherche et l’enseignement supérieur : 1,5 milliards d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
– pour le logement : 680 millions d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 dont 300 millions uniquement pour les APL ;
– pour l’agriculture : 636 millions d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
– pour le sport : 197 millions d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
– pour l’éducation nationale : 150 millions d’euros (corrigés de l’inflation) en moins par rapport à 2024 ;
Aucune concession réelle, aucune avancée concrète mais l’aggravation d’une politique austéritaire férocement antisociale et antiécologique : telle est la réalité de ce budget. Lors de l’examen en commission mixte paritaire toutes les oppositions ont voté contre. Dans ces conditions l’utilisation du 49.3 par le Premier ministre est d’ores et déjà annoncé. Le dépôt d’une motion de censure l’est tout autant.
En appliquant d’ores et déjà un budget (suspension service civique, suppression Pass Culture) qui n’a pas encore été voté par l’Assemblée, le gouvernement choisit le passage en force pour imposer un budget brutal frappé du sceau de l’illégitimité.
Si l’on veut faire en sorte que ce budget ne soit pas notre réalité pendant un an, si l’on veut que le budget de l’an dernier s’applique à minima : il faut censurer ce gouvernement qui ne nous laisse pas d’autres choix. Censurer c’est débloquer plus d’argent pour la culture, l’éducation, l’écologie, le travail, la santé, l’agriculture, le logement…
Censurer c’est permettre au Service Civique de continuer, au Pass Culture de fonctionner à nouveau. Censurer c’est empêcher la perte de 5 000 emplois aidés pour La Réunion, c’est rétablir un budget mieux-disant pour les Outre-mer.
Censurer, enfin et surtout, c’est faire respecter la souveraineté populaire. Monsieur Bayrou n’a pas gagné les élections, il n’a aucune légitimité démocratique pour imposer une telle saignée austéritaire.
Le Président de la République a subi deux revers électoraux majeurs en deux mois. Il doit en tirer les conclusions qui s’imposent. Responsable du chaos politique suite à la dissolution ratée, il est devenu le principal obstacle à la résolution de la crise institutionnelle en ne respectant pas le résultat des élections législatives de 2024.
Si le NFP est arrivé en tête de manière claire, il est tout aussi clair qu’aucune majorité ne s’est réellement dégagée, comme aucune majorité claire ne se dégagera d’éventuelles nouvelles élections législatives. Celles-ci ne feront qu’accentuer la fragmentation du champ politique français et qu’augmenter encore plus la pression sur le Président de la République qui deviendrait totalement intenable.
Nous nous retrouvons donc face à deux choix fondamentaux qui engagent très fortement l’avenir de la France et de La Réunion :
– soit entériner le coup de force antidémocratique du camp présidentiel qui continue à vouloir mener la même politique antisociale et antiécologique sans tenir compte du résultat des élections. Au risque, très réel, de nous retrouver demain dans un régime qui n’a plus rien de démocratique, ni de républicain.
– soit rappeler au Président « jupitérien » que la Roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole, que dans une République il n’y a de souverain que le Peuple et qu’il ne peut, impunément, fouler ainsi aux pieds la volonté populaire.
La crise démocratique, écologique, économique et sociale qui frappe la France, l’Europe et le monde ne nous permet :
– ni de revenir en arrière en appliquant des politiques austéritaires qui nous ont amenées là où nous sommes en n’apportant que récession économique et misère sociale ;
– ni d’attendre deux longues années que le Président daigne tirer les conclusions du chaos qu’il a lui-même provoqué au risque de rendre le pays encore plus ingouvernable qu’il ne l’est déjà.
Dès lors seule une élection présidentielle anticipée permettrait de dépasser la crise politique et institutionnelle qui frappe notre pays. Seule une politique alternative sur le plan social, écologique, économique serait en mesure de répondre aux grands défis que rencontrent la France et La Réunion.
Censurer c’est gagner un temps précieux en abrogeant un budget dangereux et en abrégeant la durée de vie d’un gouvernement « centriste/central » qui parle et agit comme l’extrême-droite. Censurer c’est, aussi et surtout, empêcher le coup de force du Président et la fuite en avant antidémocratique d’une partie du pouvoir actuel.
A contrario maintenir artificiellement en vie un gouvernement minoritaire et illégitime d’un point de vue démocratique nous ferait perdre un temps fou face aux défis qui sont les nôtres en plus d’augmenter les souffrances dans le pays. Cela reviendrait, aussi et surtout, à ouvrir la boîte de Pandore de l’autoritarisme sans savoir où cela nous amènerait in fine.
Le vote de cette censure dépasse ainsi de loin les enjeux strictement politiques, pour ne pas dire politiciens, qui guident une partie des acteurs et des commentateurs. Il engage notre pays sur deux voies totalement différentes. Celle de la souveraineté populaire et de la démocratie. Ou celle du coup de force et de l’autoritarisme.
Perceval Gaillard
Député de La Réunion
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