Paul Hoarau

La Conférence des Milles se tient depuis un certain temps !

[LIBRE EXPRESSION — LE JOURNAL DE PAUL HOARAU]

La réunion plénière de la Conférence des Mille prévue pour la fin de novembre dernier a été reportée. Certains se demandent à quelle date elle le sera ; d’autres se demandent si elle se tiendra un jour. Trois observations à ce sujet : 1. La Conférence des Mille se tient maintenant, dans le pays, depuis un certain temps ; 2. Le jour de la réunion plénière de la Conférence, le Peuple signera ; 3. Après, ce sera la suite. 

1. La Conférence des Mille se tient maintenant depuis un certain temps

La Conférence des Mille n’est pas un colloque dans un temple du savoir où, d’un côté, des hommes  et des femmes disent, et de l’autre, un public écoute, interroge et, parfois vote. La préparation de la Conférence des Mille comportera nécessairement ce genre de colloque parce qu’il fait partie des moyens de recherche de lui-même qu’a entrepris notre Peuple : kisa noulé (identité), nou léla (présence), senou kifé (responsabilité), identité, présence et responsabilité collectives réunionnaises. Mais la réflexion, les discussions et les consensus qui accompagnent et qui animent cette recherche, se tiennent partout dans l’ile, à la demande de faiseurs de tables, de personnes qui ne sont pas faiseurs de tables, de responsables d’associations, d’institutions, de groupes informels,  etc.

Ces réunions, depuis plusieurs mois, depuis plus d’un an maintenant, ont lieu autour de repas familiaux, avec des groupes de discussion, à l’occasion de rencontres personnelles, à Saint-Gilles, à la Plaine, à Sainte-Marie, à Saint-Paul, au Tampon, à l’Etang-Salé, au Brûlé, aux Avirons, etc, aux sièges d’associations, avec des religieux, des artistes, des économistes, des universitaires. Toutes les fois que quelqu’un manifeste son intérêt pour La Conférence des Mille, il reçoit un exemplaire des Fondamentaux, non pas pour signer, mais pour qu’à la rencontre qui suivra, on en parle, 

Quand on entend parler de la Conférence de Mille, chacun y met son idée, son rêve, son combat. Pour l’un, elle sera un parti politique, pour l’autre, un mouvement contre le Gouvernement, pour un autre, ce que veulent les Gilets jaunes, pour un autre, le remplacement du système, etc. Pour certains, elle sera un piège : qui est derrière? quelles sont les intentions des promoteurs ? suspicion 1… Il faut clarifier tout cela, ramener La Conférence à ce qu’elle doit être, il ne peut être question de  la tenir sur des malentendus. Les discussions par petits groupes, avant de les élargir par étapes à des groupes plus importants où les débats sont plus difficiles, est la meilleure solution, 

La réunion de La Conférence des Mille sera la réunion du Peuple réunionnais dans sa totalité et dans son unité enracinée dans sa diversité, pour dire son identité, afficher sa présence et décliner ses responsabilités : kisa noulé, nou léla, sé nou kifé, la réunion du Peuple, la manifestation du Peuple. 

2. Le jour de la réunion de la Conférence le Peuple signera.

Cette triple proclamation est développée dans les Fondamentaux. Depuis plus de cinq ans maintenant que le premier projet de texte a été proposé, il a fait l’objet d’échanges, a été complété, amendé à chaque étape des regroupements de ces foyers d’échanges. Le texte des Fondamentaux sera au final le texte du Peuple au point qu’aucun individu n’aura le moyen de revendiquer d’en être l’auteur. Le texte des Fondamentaux ne fera jamais l’objet, de façon exclusive des seuls travaux  d’une assemblée fermée qui débattra de mots, de ponctuations, de formules ; il ne sera jamais un texte pour interdire, enfermer ; il ne sera jamais mis aux voix pour un vote formel à mains levées ou à votes secrets ; il ne sera jamais le texte de la dictature d’une majorité. Il sera le résultat d’un consensus, un texte de l’unité enracinée dans la diversité, un texte de la fraternité, de l’égalité et de la liberté. Les Fondamentaux sera un texte dans lequel tous les Réunionnais collectivement et chaque Réunionnais individuellement, se retrouveront ; un texte qui sera un fil rouge qui ne figera pas notre Peuple dans un temps, mais qui dira l’essentiel de ce qu’il est et sera toujours, à travers les changements qui surviendront dans les époques à venir. 

Quand chacun signera les Fondamentaux, le jour de la Conférence, il ne signera pas un texte imposé, mais son texte, son texte de citoyen d’un Peuple qui dit, qui lève la tête, qui ouvre les yeux, qui est. Si cette identité, cette présence et cette responsabilité réunionnaises collectives ne sont pas affirmées, ne sont pas visibles, ne sont pas reconnues, tout le reste est agitation, vanité et illusion parce que, sans cette triple affirmation, sans cette visibilité, sans cette reconnaissance, le Réunionnais n existe pas.

3. Après, ce sera la suite. 

Quand les Réunionnais seront reconnus, présents et responsables, alors, ils compteront, auront un impact, laisseront leur marque à La Réunion d’abord, au sein de la République, en Europe, en  Indianocéanie et dans le monde. Alors le Réunionnais ne sera plus celui à qui on dit qui il est, il l’aura  dit lui-même ; celui à qui l’on dit ce qu’il doit être pour être Français, il se sera fait accepter dans la Nation tel qu’il est; celui à qui l’Europe impose ses normes comme condition de son soutien, mais qui négociera un soutien en conformité avec ses réalités et ses besoins particuliers. Il ne sera plus celui qui devra se retirer devant les diplomates nationaux pour les affaires india- océaniennes, mais  qui aura une responsabilité particulière à ce niveau. Responsable de son île, avec les garanties de la République, il ne sera plus celui qui dépensera la solidarité nationale pour importer ce dont il a besoin, il pourra en toute sécurité, investir la solidarité nationale pour produire les biens et les services dont les Réunionnais ont besoin, maîtriser les importations, produire de l’excellence pour  exporter.

Cette suite de La Conférence des Mille sera l’affaire des Etats Généraux. A La Conférence des Mille, tous les participants auront la possibilité de présenter dans un document de deux pages au maximum, le ou les sujets qu’ils aimeraient voir les Etats Généraux traiter. Leurs documents constitueront une sorte d’ordre du jour des travaux des Etats Généraux. La constitution et les travaux des Etats Généraux pourraient être l’occasion pour la Conférence territoriale réunionnaise élargie de se constituer. Ce sera cette Conférence en effet, qui négociera avec le Gouvernement, ce que le peuple réunionnais aura fixé. Tout cela demande à être précisé, développé, conclu. Cela sera l’affaire des réunions qui continueront à se tenir dans l’île et des réunions des faiseurs de tables, pour préparer la Conférence des Mille, La Conférence du Peuple. 

Dans notre démocratie, le Peuple Souverain dans nos institutions, doit être identifié, présent et  responsable. C’est l’objectif de La Conférence des Mille. 

Paul HOARAU

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