ONU Photo/Victoria Hazou La marijuana et la cocaïne saisies sont analysées et inventoriées avant d'être transférées pour destruction.

La lutte contre les drogues : Brève chronique d’une impasse sociale inévitable (1ère partie)

LIBRE EXPRESSION

J’avais trente ans. Dans le pays de Vaud comme partout ailleurs, c’était l’époque qui avait percuté les pouvoirs et les institutions, L’époque des évènements de mai 68 dont nous espérions que les effets collatéraux n’en finiraient plus. L’époque de Woodstock, de la culture hippie et de Crosby, Still, Nash and Young. L’époque où nous pouvions refaire le monde. Loin de la société industrielle et capitaliste. L’époque où, profondément croyants, nous frémissions en écoutant « Jesus-Christ Superstar » et « Godspell ».

On m’avait confié une responsabilité importante auprès des étudiants et des gymnasiens (ainsi qu’on appelle les lycéens en Suisse). En ces temps-là, l’aumônerie était un poste de notable intellectuel prestigieux. Évidemment je n’étais rien de tout ça, mais mai 68 avait passé par là et une petite réputation d’animateur de jeunesse reconnu dans la région avait suffi à faire croire que mon action ramènerait au bercail les brebis égarées…

L’autorité m’avait attribué une très belle bâtisse du 18ème siècle où j’avais créé une communauté d’étudiants. C’était l’époque ! Outre l’existence collective avec ses grâces et ses vicissitudes, la vie communautaire apparaissait surtout, ainsi que l’affirmait un d’entre nous qui est devenu médecin ultérieurement, comme « une longue vaisselle rarement interrompue ».

Notre réputation se développa progressivement auprès des étudiants et des lycéens. Selon l’ardeur que je mettais à mon travail, un nombre de jeunes, périodiquement variable, se mit à fréquenter notre communauté. Ils y mangeaient, ils y dormaient, ils y préparaient manifestations et évènements de toute sorte.

La communauté se trouvait sur les chemins de Katmandou, en passant évidemment par l’aéroport d’Orly, Roissy n’étant encore qu’à l’état de projet. Peu à peu on se mit à accueillir les voyageurs qui partaient, mais surtout qui revenaient de leur périple népalais. Ils amenaient avec eux généralement sacs de blé complet, épices, mais également pains de résine de cannabis, marijuana, huile, chilom. Et quelques-uns, authentiques junkies, parmi ceux qui n’étaient jamais partis et ne partiraient jamais en voyage, rejoignaient de plus en plus la communauté, avec leurs seringues (la shooteuse) et leurs sachets d’héro. Et pour faire bonne figure ils passaient toujours d’abord au « Drop ’in » pour se ravitailler en comprimés de méthadone. La communauté se taisait. On ne connaissait pas grandchose. Peace and love. Et ils partageaient avec qui en voulait…

Je voyais bien le malheur de vivre qui affectait beaucoup de ces jeunes. Coups durs, problèmes familiaux et affectifs, désœuvrement chronique, problèmes matériels et financiers, discriminations de toutes sortes, influences culturelles, de l’environnement et de leurs fréquentations… Tous, ils étaient suivis par des médecins, des psychologues, des travailleurs sociaux.

Je fus convoqué à la Police cantonale de sûreté. On trouvait des seringues dans la maison de la communauté et ça se diffusait dans les milieux des jeunes. Rien d’étonnant avec les interstices de toutes sortes qui depuis 150 ans s’étaient aménagés entre les murs, sous les seuils ou les plinthes. Je fus interrogé sous la photo de mon père, qui par ailleurs, inspecteur de police, avait été tué dans ces bureaux en ouvrant un colis piégé…

C’est là où je découvris qu’avait été créé un petit groupe de spécialistes, inaugurant ainsi la première brigade des stupéfiants – Bstup de Romandie. L’Europe semblait commencer à s’inquiéter des effets sanitaires de l’expansion débutante des drogues les plus connues : haschich, héro, ecstasy. En juillet 1971, on venait juste d’arrêter près de chez nous Timothy Leary le pape du LSD, trafiquant de drogues psychédéliques à l’échelle mondiale… Pourtant on ne parlait pas encore vraiment de trafic, seulement d’échanges de substances psychotropes par des consommateurs marginaux en mal de vivre.

À la suite de cet épisode où je prenais conscience d’un phénomène relativement nouveau dans notre société, nous ne fûmes plus inquiétés par les pratiques des junkies dont la quasi-totalité préféra émigrer ailleurs. Mais je gardais les yeux ouverts. Mon travail qui se poursuivait auprès de cette génération m’amena à l’observation d‘un mécanisme qui paraissait relever de l’escalade. Plus la Bstup développait ses opérations pour déclencher sanctions et répression et plus on trouvait de toxicomanes et de toxicomanies. Je fis bien sûr la part du biais cognitif selon lequel plus on intervient et plus on trouve de mis en cause, sans qu’il y ait plus de faits avérés.

Et bien non… les années passant, la répression anti-drogue se renforçait et se durcissait sans diminuer nullement le nombre des addicts, ni la quantité, la variété ou la qualité des substances consommées. Au contraire. Vérification régulière et préoccupante. Je ne dis pas qu’il y avait corrélation, bien entendu. Mais quatre décennies plus tard, l’impasse paraît spectaculaire.

Retour à l’immédiat • La Réunion

On peut se référer à Watzlawick ou à Einstein auxquels sont attribuées ces citations partout diffusées « Toujours plus de la même chose donne toujours plus du même résultat » ou « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Elles ont l’aspect de l’évidence que seuls les nuls sont incapables d’éviter. C’est pourtant bien ce qui se passe.

L’article d’Etienne Satre publié le 14 mars dernier dans Parallèle Sud met l’accent sur l’incrimination des consommateurs toxico.

On connaît la chanson, un classique du fonctionnement institutionnel : il est plus commode de traiter les conséquences et les effets d’une situation intolérable plutôt que d’en rechercher et d’en résoudre les chaînes de causalité, toujours compliquées. (Comparaison actuelle intéressante face à la violence urbaine juvénile dans certains quartiers !). Le résultat est donc qu’aucune issue réelle n’est possible. Ce propos ne m’est pas purement personnel. Depuis 10 ou 15 ans les spécialistes proclament l’impasse de la lutte contre la drogue. Il suffit de jeter un seul œil sur google pour en mesurer l’importance.

Bien entendu, je n’ai aucune disponibilité ni information et pas d’expérience approfondie pour prétendre faire la leçon à personne… Hors de moi l’idée de m’y risquer ! Je considère simplement qu’aucun comportement, qu’aucune habitude ou action ne se produisent sans raison. Il en va justement des conduites addictives et du recours à la consommation de produits psychotropes. Si on parvient à identifier ces raisons, c’est là alors qu’il convient d’intervenir. À la Kaz’Oté, Jean-François Guignard répétait à ses étudiants stagiaires : « On se drogue soit pour diminuer sa souffrance ou y échapper, soit pour accroître son plaisir ». Il faudrait approfondir.

Depuis toujours, en tout cas depuis l’époque de mes fonctions en milieu étudiant, j’ai été mis au contact de personnes dont les difficultés existentielles et le mal-être généralisé, social, relationnel et économique me permettaient de comprendre leur recours à n’importe quelle ingestion et n’importe quelle substance, susceptible de leur offrir une vision moins affligeante de la vie. C’était manifeste et sans aucune tentative de dissimulation. Ce qui ne change pas la réalité peut tout de même atténuer le caractère intolérable de sa perception. Soit.

Et puis j’ai rencontré également nombre de particuliers, menant une vie considérée comme normale, quoique plutôt marquée par un certain confort financier, et pour lesquels l’habitude de la consommation de stupéfiants faisait et fait quasiment partie de la nature humaine. Pratique récréative parfaitement ordinaire. La théorisation (actuelle) énoncée par un professeur de neuropsychologie de l’Université de Columbia, Carl Hart, interviewé il y a une dizaine d’années en Suisse, laisse entendre globalement que « la consommation de substance fait partie de nos droits fondamentaux. Je dirais même, allègue le professeur, qu’il s’agit d’un acte que les gouvernements se doivent de garantir. »

Ainsi, dans un entretien publié en 2014 par le n° 116 de CAMPUS, le magazine scientifique de l’Université de Genève, face à la remarque selon laquelle Les drogues dures posent tout de même un problème d’addiction…, la réponse de Carl Hart est plus que déconcertante : « C’est ce que l’on prétend en effet. En réalité, la grande majorité des usagers de ces drogues (qui mènent des vies normales en dehors de cela) n’ont pas de problèmes de ce genre. C’est donc plutôt du côté des personnes dépendantes elles-mêmes qu’il faut chercher une explication. Et on remarque alors qu’il existe une variété de causes menant à l’addiction : manque d’alternatives intéressantes dans sa vie, troubles psychiatriques, etc, des éléments qui ont peu à voir avec la drogue elle-même… »

Les addictions sembleraient ainsi liées moins à la substance ou à la pratique qu’à la personnalité de l’accro qui pourrait s’attacher aux abus du café, de l’alcool, du jeu (argent ou vidéo), des médicaments tranquillisants et anxiolytiques, de la porno ou du sexe aussi bien qu’à celui du cannabis ou de la métamphétamine.

J’entends également les inspecteurs de la Bstup, successeurs en 2025 de mes interlocuteurs débutants d’il y a cinq décennies, tenir, tout comme les flics du monde entier, le même discours à peine modernisé « … l’offre n’a jamais été aussi abondante sur la planète. La mondialisation et les profits colossaux générés concourent au fait que les substances circulent en quantité inimaginable. On est fortement impacté par le volume de données colossal à gérer et à exploiter, tant durant les phases de veilles techniques que lors des interpellations et du suivi judiciaire qui en découlent… La complexité et l’opacité des nouveaux outils de communication font que très peu d’informations sont obtenues au moyen des écoutes téléphoniques classiques, nous obligeant à revenir aux fondamentaux ou à nous investir dans d’autres modes d’enquête.

Du point de vue du marché, on fait toujours face à certaines substances qui existaient déjà lors de la création de la brigade, comme la cocaïne, l’héroïne et les produits cannabiques. On observe des fluctuations qui dépendent parfois de la situation géopolitique. Certains stupéfiants tiennent le haut du pavé pendant un certain temps, puis ça change. Il y a aussi l’apparition de nouvelles drogues ou de nouveaux phénomènes tels que la métamphétamine, la kétamine, les cannabinoïdes de synthèse ou le crack… Et à la suite d’une sélection des variétés, le taux de THC du cannabis n’a plus rien à voir avec celui de l’époque et puis les prix de l’héroïne et de la cocaïne ont fortement chuté… En un mot, si on veut lutter contre un phénomène, il est indispensable de comprendre ses structures et son fonctionnement. Pour cette raison, un nouvel instrument intitulé Monitor-Stup est en cours de réalisation… »

À l’évidence, on traite toujours mieux, du point de vue technique comme du point de vue tactique, le problème des substances psychoactives et de leur trafic rémunérateur. Mais le sentiment domine qu’on ne sait pas mieux pourquoi des millions (300 millions !) de gens sur la planète ont recours à cette consommation, que l’on tente encore presque partout d’interdire.

Dans une prise de conscience de plus en plus répandue des impasses dans lesquelles se trouvent « les pays consommateurs », on est tenté de chercher à assécher le trafic et une partie des revenus gigantesques des narcotrafiquants, en légalisant les produits, en encadrant la consommation et en percevant des taxes significatives… Mais en France, en cas de dépénalisation ou de légalisation des substances les plus populaires, personne n’a jamais calculé concrètement l’ampleur des conséquences, attendues par les uns ou redoutées par d’autres. Pour l’heure la politique actuelle ne changera pas.

On voit bien que pour trois pieds de zamal repérés dans une arrière-cour réunionnaise, l’autorité est quasiment prête à décorer une brigade entière de gendarmes. Soit, c’est la loi française et ils font leur boulot. Mais ce qui devrait nous troubler, c’est d’apprendre par exemple par les médias, que depuis le début de 2024, 19 « mules » ont été arrêtées à l’aéroport de Gillot, transportant cannabis, MDMA et cocaïne ou par exemple que samedi dernier 15 mars 2025, la Marine nationale a saisi 6,4 tonnes de cocaïne dans le golfe de Guinée, à bord d’un bateau de pêche immatriculé au Guyana. Et ces prises sont quasiment quotidiennes sur tous les aéroports ou tous les océans. Et je ne parle pas de tous les bateaux qui parviennent à bon port avec leurs cargaisons de centaines de tonnes et de tous les trafics qui échappent à tous les contrôles. Alors les pieds de zamal, cultivés à La Réunion depuis le 18ème siècle…

Pour ma part, même si je suis sensible aux hypothèses de légalisation, avancées dans la perspective de la résorption des deal, je reviens aux allégations du professeur Carl Hart. Si elles sont correctes, il convient alors de se préoccuper surtout des consommateurs et moins de ce qui fait leur consommation.

Il pourrait être plus important de s’occuper du client, bien plus encore que du produit…

Pour qu’il y ait autant de producteurs, de trafiquants, de milliers de tonnes transbahutées de façon clandestine à travers la planète, de montants financiers monstrueux en jeu, il faut bien qu’il y ait des clients… J’ai cherché… oh pas très loin. Eh bien, il y en a des clients. Et en nombre croissant. Je suis tombé sur le dernier rapport annuel de l’ONUDC – Agence des Nations Unies chargée de la lutte contre la drogue et la criminalité qui date de juin 2024.

J’y ai trouvé quelques données intéressantes :

J’ai appris qu’en dépit des luttes menées partout contre les trafiquants et leurs nuisibles marchandises depuis des dizaines d’années, la consommation et le trafic de drogues sont en hausse continue dans le monde.

Pour autant que les chiffres soient crédibles, j’ai appris que la plupart des usagers sur la planète, 228 millions de personnes, consomment du cannabis. Zamal comme on dit à La Réunion. Que 60 millions de personnes dans le monde consomment des opioïdes, 30 millions des amphétamines, 23 millions de la cocaïne et 20 millions de l’ecstasy (MDMA). Et j’ai également appris qu’il y a accroissement de morts par overdose, parce qu’en plus du fentanyl, invention de la seconde moitié du 20ème siècle, dont l’action analgésique est 100 fois plus puissante que celle de la morphine et dont les effets addictifs sont considérés comme épidémiques, on a développé parmi la palette des opioïdes de synthèse encore plus impressionnants, les nitazènes meurtriers, dont l’interdiction n’empêche pas la diffusion…

Il y a donc des consommateurs pour ça ! Face à ce qui ressemble à long terme à une sorte de séisme persistant, on ne peut se contenter d’envisager, de façon absurde à mes yeux, que c’est l’offre généré par le trafic qui entraîne la demande de ces millions de consommateurs. Ce sont nos sociétés développées entières qui sont confrontées à un phénomène massif, par ailleurs unanimement condamné notamment au nom de la santé publique. Et le discours sur la toxicomanie présentée habituellement comme concernant exclusivement les franges marginales et désocialisées de la population ne tient plus depuis bien longtemps…

Drogues, substances psychoactives, recherche de l’effet, addiction… , ce sont les articles d’Etienne Satre sur le sujet du cannabis qui ont attiré mon attention. Bien loin d’en être un spécialiste ou même un connaisseur particulièrement averti, j’observe que la consommation de drogues par l’homme – afin de modifier ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions physiologiques et ses états de conscience – n’est vraiment pas récente. J’ai même lu chez un historien réputé que « l’histoire des drogues se fond dans l’histoire des hommes ». Les problèmes de masse qui se posent en notre temps ne sont peut-être qu’un avatar, une péripétie, dont sait profiter un système capitaliste exploiteur de l’humanité vacillante.

Je souhaite donc donner une suite à cet article dans lequel j’ai inscrit quelques épisodes de mon histoire personnelle, en abordant avec prudence ces thématiques de consommation généralisée, dans une approche liée à nos représentations de la vie en société.

Arnold Jaccoud

La lutte contre les drogues : Brève chronique d’une impasse sociale inévitable (part 1)

En dépit des luttes menées partout contre les trafiquants et leurs nuisibles marchandises depuis des dizaines d’années, la consommation et le trafic de drogues sont en hausse continue dans le monde.

Drogues, substances psychoactives, recherche de l’effet, addiction… , ce sont les articles d’Etienne Satre sur le sujet du cannabis qui ont attiré mon attention. Bien loin d’en être un spécialiste ou même un connaisseur particulièrement averti, j’observe que la consommation de drogues par l’homme – afin de modifier ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions physiologiques et ses états de conscience – n’est vraiment pas récente. J’ai même lu chez un historien réputé que « l’histoire des drogues se fond dans l’histoire des hommes ».

A propos de l'auteur

Arnold Jaccoud | Reporter citoyen

« J’agis généralement dans le domaine de la psychologie sociale. Chercheur, intervenant de terrain, , formateur en matière de communication sociale, de ressources humaines et de processus collectifs, conférencier, j’ai toujours tenté de privilégier une approche systémique et transdisciplinaire du développement humain.

J’écris également des chroniques et des romans dédiés à l’observation des fonctionnements de notre société.

Conscient des frustrations éprouvées, pendant 3 dizaines d’années, dans mes tentatives de collaborer à de réelles transformations sociales, j’ai été contraint d’en prendre mon parti. « Lorsqu’on a la certitude de pouvoir changer les choses par l’engagement et l’action, on agit. Quand vient le moment de la prise de conscience et qu’on s’aperçoit de la vanité de tout ça, alors… on écrit des romans ».

Ce que je fais est évidemment dépourvu de toute prétention ! Les vers de Rostand me guident : » N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît – Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit – Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles – Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » … « Bref, dédaignant d’être le lierre parasite – Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul – Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » (Cyrano de Bergerac – Acte II – scène VIII) »
Arnold Jaccoud

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