Gaëtan Hoarau est président de l’Association citoyenne de Saint-Pierre. Quelques jours après le passage du cyclone Garance sur La Réunion, Parallèle Sud a suivi ce citoyen passionné de biodiversité pour une plongée de constatation des dégâts. Selon lui, l’agriculture est la première problématique à traiter pour réduire les pressions qui pèsent sur la survie de ces animaux. Reportage d’une plongée post-Garance à Saint-Pierre.
Depuis toujours, Gaëtan Hoarau nage très régulièrement à cet endroit. Depuis quelques années, il photographie les coraux, notamment durant leur période de reproduction, la nuit. Avec ces années de visites régulières du lagon, le président de l’Association citoyenne de Saint-Pierre a observé les mêmes tendances que les scientifiques : des épisodes de blanchissements massifs, dont un dernier cette année, qui, en six semaines seulement, s’est montré particulièrement vigoureux. Durant ces dernières semaines, la température de l’eau est montée jusqu’à 31 degrés, raconte-t-il.
Proposer des alternatives crédibles aux agriculteurs
La principale cause que Gaëtan Hoarau dit avoir observée quant à la dégradation des coraux, c’est la mauvaise qualité des eaux.
« Ça peut être les intrants chimiques, les engrais, les pesticides, mais aussi toute la terre déversée lors des fortes pluies ou des épisodes cycloniques. Donc la principale problématique que l’on doit traiter, c’est l’agriculture à La Réunion. Il faut aider les agriculteurs et leur proposer des alternatives crédibles, pour que ça n’affecte plus ni la santé humaine, ni celle des coraux. Lutter contre l’érosion des sols des bassins versants et revoir le modèle agricole doivent être une priorité locale. Il faut que nos politiciens arrivent à comprendre ça, avec le temps. » nous explique-t-il.
Lutter contre le réchauffement de l’eau
Le deuxième facteur de dégradation de l’état de santé du récif, selon Gaëtan Hoarau, c’est la hausse de la température de l’eau, qui crée des épisodes de blanchissement des coraux. Là encore, selon lui, même si le problème est global, ça reste l’affaire de chacun. « Il faut peut-être aussi revoir notre modèle touristique, notre modèle de transport, à La Réunion », affirme-t-il.
Pour ce passionné de nature, il faut comprendre que la nature inclut l’humain. Sauver les coraux, c’est nous sauver nous-mêmes. Pourquoi ?
La barrière corallienne nous protège de la houle, les récifs avec notre lagon sont une nurserie pour les espèces, donc il y a une utilité pour la pêche. Les lagons sont également des espaces de loisirs et de respiration extraordinaires pour nous. Il raconte : « Il y a une utilité publique à préserver les coraux. L’environnement n’est pas du tout déconnecté du social, de l’humain, comme le pensent encore certains politiciens. Moi, je me pose souvent la question : qui parmi les politiciens en poste a une vraie connaissance du milieu naturel ? On n’a pas de gens qui connaissent réellement le milieu. On ne leur demande pas d’être scientifiques, mais d’écouter leur population. On n’a pas besoin d’être un génie pour comprendre l’évolution du milieu. Il faut que les politiques acceptent d’avoir des associations sur leur territoire, qui sont capables d’analyser les situations, d’avoir des données et de faire des propositions. »
Autre problème, selon Gaëtan Hoarau : « L’État fait du blue washing, en utilisant de gros animaux très médiatiques, qui invisibilisent les problématiques essentielles à La Réunion. »
Pour constater les dégâts du cyclone sur le lagon de Saint-Pierre et rapporter des images, l’équipe de Parallèle Sud a mis son masque et son tuba, et a suivi Gaëtan Hoarau.
Sarah Cortier
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