[LIBRE EXPRESSION]
Après le Mithraeum de Londres mis en valeur par Bloomberg dans le quartier de la City, découvrez l’investigation historique et archéologique du culte de Mithra du Mont-Dol au Mont-Saint-Michel. Si la Galerie du temps dans l’enceinte du Louvre à Lens (Hauts-de-France) rappelle l’importance des traces de ce culte d’origine perse d’Angers à Strasbourg, la richesse de la baie millénaire du Mont-Saint-Michel inscrite parmi les biens du patrimoine mondial de l’Unesco (depuis 1979) méritait d’être explorée.
Un remarquable travail d’écriture a été réalisé par le chercheur Laurent Garreau et l’ancien diplomate Jean-Claude Voisin. Des pistes qui remontent aux recherches inédites de François Rever (1753-1828) sur les autels tauroboliques du Mont-Dol : Aux origines des observations archéologiques de Chateaubriand. C’est pourquoi leur récent ouvrage publié chez L’Harmattan fait sans doute appel au plus grand nombre de lecteurs afin de démêler, ensemble, cet écheveau. Et nourrir l’ambition de nouvelles fouilles archéologiques dans la baie du Mont-Saint-Michel, incubateur du dialogue des cultures et des civilisations.
Laurent Garreau, docteur en études cinématographiques (université Panthéon-Sorbonne), est ingénieur de recherche. Jean-Claude Voisin, docteur en histoire et archéologie, membre de la Société asiatique (Paris), chercheur associé près l’université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban), est un spécialiste de l’architecture militaire de l’antiquité tardive au Proche et au Moyen-Orient.
Le choix du Mont-Dol, fièrement campé sur la falaise de l’ancien rivage de la baie du Mont-Saint-Michel, dont il est séparé aujourd’hui par un marais, ne doit rien au hasard, selon des recherches entreprises par les deux auteurs.
Rivalité historique
La rivalité historique entre ces deux hauts lieux, sentinelles respectives des régions normande et bretonne, fut tant spirituelle que politique. Les auteurs, après une enquête archéologique et une analyse critique des sources anciennes, démontent une idée développée au XVIIIe siècle : la présence d’un mithraeum au sommet du Mont-Dol.
Mais si la présence d’un culte dédié au dieu perse n’a pu être démontrée, il n’en demeure pas moins que le Mont-Dol fut un haut lieu de la spiritualité, avant une récupération par les promoteurs du sanctuaire du Mont-Saint-Michel, Pippinides puis Carolingiens, dont les motivations furent spirituelles et politiques. L’analogie avec le dieu perse Mithra n’est cependant pas abandonnée, et les auteurs abordent la récupération de son culte par le christianisme en la personne de l’archange Michel, dieu des armées et des frontières, notamment chez les Carolingiens.
Kevin LOGNONÉ