LIBRE EXPRESSION / JOURNAL DE PAUL HOARAU
A l’occasion de l’inauguration du TCSP de Sainte-Susanne à Duparc, la présidence du conseil régional a lancé un appel pour le ferroviaire de Saint-Benoît à Saint-Pierre. Tant qu’on y est, elle aurait pu étendre la ligne jusqu’à Saint-Joseph. Ce qui a retenu mon attention dans cet appel, c’est l’esprit qui l’anime : le langage politique de l’intérêt général. Tout d’abord, c’est « le Peuple réunionnais » (c’est en toutes lettres dans son discours) qui demande la part qui lui revient sur les 100 milliards prévus pour le ferroviaire français.
Le ferroviaire étant une attente de tout le Peuple d’ici, devrait réunir l’unanimité de ses représentants politiques. La présidente devrait pouvoir compter sur l’appui de ses collègues unanimes. Les conditions sont remplies pour que soient lancés les ponts de la négociation avec le gouvernement. Quelles que soient les conjonctures politiques nationales, l’unanimité réunionnaise devrait emporter les obstacles. L’enjeu pour le pays est trop important pour que nous laissions passer l’opportunité de cet effort national.
Reste une question : avons-nous dans nos cartons des plans déjà prêts, des plans réunionnais ? Ne serait-ce que le tracé de la ligne : des vestiges de l’ancien chemin de fer, des TCSP nouveaux déjà ouverts aux bus comme celui de Sainte-Suzanne à Duparc, du boulevard sud de Saint-Denis, de la nouvelle route du littoral, de Cambaie, etc. Il y aurait, dit-on, des divergences entre les collectivités sur des séquences de ce tracé. Certains esprits bien informés font état de calculs électoraux dans ce débat. Il nous faut encourager l’esprit de responsabilité de nos élus pour que les exigences de l’intérêt général fassent taire ces calculs.
Indépendamment du tracé, il y a le problème des expropriations. Cet épisode est généralement difficile. Là encore, le civisme des propriétaires et le juste dédommagement des autorités politiques devraient faciliter les choses. Avant même la mise en place du transport proprement dit, pour lequel les dirigeants locaux du projet feront sans doute appel à la collaboration de compétences extérieures, un énorme travail de notre responsabilité collective de Réunionnais est à faire. Voilà un sujet qui pourrait faire l’objet des travaux de la Conférence territoriale élargie.
Autour de ceux qui sont aux affaires, une mobilisation générale s’impose. A côté de la Conférence territoriale élargie, une commission de citoyens intéressés, ingénieurs, associatifs, universitaires pourrait être créée pour assister la Conférence et accélérer les affaires : sortir de l’exclusion et de la placardisation dans laquelle sont laissées des compétences locales. La candidature réunionnaise aux cent milliards pour un réseau ferré réunionnais ; une ébauche réunionnaise du projet à mettre sur la table des négociations , une mobilisation des compétences et des concernés locaux, une communication populaire sur tout cela, quel programme !
Ne voyez surtout pas de ma part, Madame la Présidente, une leçon, mais plutôt la contribution modeste d’un citoyen. C’est une occasion formidable, pour nous, de montrer que l’unité
réunionnaise existe, identifiable et reconnue au sein de la République et qu’elle peut être une force efficace. Le ferroviaire réunionnais est en marche.
Paul Hoarau
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