Confidence d'un confiseur libre, film de Nicolas Schaub sur la vie du Réunionnais Jules Furcy

[Kiltir] Le film poétique sur la vie de Furcy

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Conte créole ou film d’animation historique ? Le très beau film Confidences d’un confiseur libre, réalisé par Nicolas Schaub, raconte l’histoire du Réunionnais Jules Furcy, né d’une mère affranchie, et son parcours pour retrouver ses papiers perdus et sa liberté volée. Une histoire documentée par l’essai historique de l’écrivain et journaliste Mohammed Aïssaoui, « L’affaire de l’esclave Furcy ».

Le film d’animation a été largement diffusé sur l’île Maurice depuis 2018. Le réalisateur souhaite désormais faire connaître l’histoire de cette figure réunionnaise sur sa propre île. Jules Furcy est né à La Réunion avant de se faire exiler à Maurice il y a de cela plus de deux cent ans, en 1818.

En 2016, Nicolas Schaub, spécialisé dans la projection de films d’animation qu’il a lui-même réalisés, cherche son prochain sujet. Il veut faire un pont entre l’île Maurice et l’île de La Réunion et tombe sur l’histoire de Furcy. « Ce qui m’intéresse, c’est de rentrer dans la confidence de Furcy quand il est devenu libre. » Il collabore avec Olivier Carrette, un réalisateur de fictions au cinéma. Ensemble, ils s’efforcent de transmettre l’histoire avec « le plus de poésie possible », dans un design graphique simple et épuré. « Le fait que ce soit en animation ça réouvre la clé sur l’imaginaire. »

« L’apprentissage est facteur de libération »

Nicolas Schaub éprouve de la fascination pour le processus permettant d’accéder à la liberté. Pour Furcy, c’est passé par « sa détermination, l’apprentissage de l’Anglais et du Français, mais aussi de la confiserie pour s’en sortir », énumère le réalisateur. « C’est quand même le savoir qui l’a libéré. Pour moi, l’enjeu c’est aussi de se rendre compte que l’apprentissage, quel qu’il soit, est facteur de libération. »

Lors de la première projection, un homme vient à sa rencontre. « Il m’apprend qu’il est le descendant six générations plus tard de Jules Furcy. C’était complètement fou! » raconte le réalisateur. « Dans mes recherches sociologiques je savais qu’il avait de la famille à Maurice mais je ne l’avais pas retrouvée. On a alors refait l’arbre généalogique et on s’aperçoit que depuis Furcy, ils ont tous été libres et ils ont tous réussi dans sa famille. »

A travers l’histoire de Jules Furcy, le réalisateur entend aussi défaire les stéréotypes qu’on est tenté d’adopter par facilité au quotidien pour simplifier notre compréhension du monde.

« Quand on étudie l’histoire de Furcy, on apprend beaucoup sur son environnement. Sa sœur était mariée à un blanc. A l’époque, il y avait des noirs esclavagistes, des blancs esclaves, des couples métis, et une diversité de positionnements beaucoup plus riche que ce qu’on entend aujourd’hui quand on range le noir dans la case de l’esclave et le blanc dans celle de l’esclavagiste. Le juge l’aide à reproduire ses papiers, mais il n’est pas censé défendre un esclave qui veut retrouver sa liberté. Les gens bons, c’est pas forcément noté sur leur tête, les gens mauvais non plus. »

A l’occasion du 20 décembre, le film a été projeté sur la façade de l’hôtel de ville de Saint-Denis ainsi qu’à Saint-Leu et dans d’autres endroits de l’île. Si vous voulez diffuser ce très beau film d’animation, vous pouvez contacter le réalisateur sur Facebook.

Jéromine Santo-Gammaire

Confidences d’un confiseur libre, film de Nicolas Schaub sur la vie du Réunionnais Jules Furcy.

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.