Vincent Mengin-Lecreulx nous a quittés en février 2023. Mais le Lieu d’Art Contemporain, auquel il a consacré sa vie pendant plus de quarante ans, est toujours vivant. Il s’agit à présent pour sa femme Roselyne et leurs enfants Aurélia et Pablo, de conserver les trésors accumulés depuis les années 80, et aussi de continuer à faire vivre le L.A.C. , ce lieu unique dans l’océan Indien et peut-être dans le monde.
Le retour des expos ?
Samedi soir, la galerie était ouverte gratuitement pour tous publics, pour le vernissage d’une exposition-hommage à deux artistes extérieurs venus à la galerie, et décédés au début des années 2000 : Jacques Poli et André Dietman. Un troisième film était présenté, hommage de Pablo à son père, réalisé à partir de documents d’archives. On pouvait se procurer aussi des livres d’art et des lithographies. Rappelons que Vincent Mengin-Lecreulx possédait aussi un talent d’écrivain que l’on retrouve dans les textes qui illustrent ses livres d’art, et aussi dans les dialogues de ses films.
Histoire d’un « chef d’oeuvrier »
Tout avait commencé au début des années 80, par la rencontre d’un Parisien et d’une Réunionnaise, installés sur un grand terrain très accidenté pour y bâtir une famille… et une galerie. De nouveaux bâtiments y ont été ajoutés au fil des années, selon l’imagination et les moyens de l’artiste-bâtisseur. Vincent se qualifiait d’ailleurs de « chef d’oeuvrier » : artiste et artisan, à la fois créateur d’oeuvres et ouvrier. Architecte aussi dans la conception de son jardin extraordinaire. Chaque bâtiment a trouvé son usage : galerie pour artistes internationaux invités, ainsi que chambres pour leur résidence, puis le palais aux 7 portes , qui recueille des souvenirs picturaux de tous les peintres et sculpteurs invités, avec aussi des salles pour travailler avec les établissements scolaires et pour projeter des films d’art.
Une affaire de famille
Le cinéma était d’ailleurs la première passion du jeune Vincent. Bien plus tard, il a réalisé des courts métrages sur tous les artistes invités au L.A.C. Comme les chiens ne font pas des chats, sa fille a brillamment pris le relais : Aurélia Mengin est réalisatrice de films et organise, depuis bientôt quinze ans, le festival du film de Saint-Philippe. Le fils Pablo est musicien, tout comme le compagnon d’Aurélia, Nicolas Luquet. Chacun participe ainsi aux différentes facettes de l’art et à la vie de ce lieu.
Le L.A.C. n’est donc pas asséché, et fourmille d’activités, même si les expositions d’artistes extérieurs sont pour l’instant en sommeil. Tant d’oeuvres ont été accumulées qu’il faut au moins deux visites pour tout voir. D’ailleurs, ces jardins, que certains comparent au palais idéal du facteur Cheval, mais beaucoup plus riche et varié, sont toujours ouverts au public à condition de prendre rendez-vous. Roselyne sert alors de guide, en attendant d’avoir les aides nécessaires pour pouvoir ouvrir plus souvent avec un ou deux aides permanents. En attendant, elle travaille sur un audio-guide, et dans quelques mois chacun pourra télécharger une application permettant de parcourir le L.A.C. de façon autonome.
Un lieu à préserver à tout prix
Pour plus de moyens humains, Roselyne compte sur l’aide des institutions. Vu le sérieux reconnu de ce lieu unique, ses projets devraient être retenus au niveau national. Le L.A.C. ne doit pas seulement survivre comme un musée figé. Il doit vivre et continuer à apporter au plus large public, en particulier aux jeunes, une meilleure connaissance de l’art contemporain, le vrai, qui n’a rien de commun avec les farces médiatiques de bananes scotchées sur un mur, et vendues des millions pour faire le buzz.
Alain Bled
Contribution bénévole
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