Le sport est dirigé par des hommes à la Réunion

Ce jeudi 20 mars, Kirsty Coventry est la première femme à être élue à la présidence du Comité international olympique. Une élection qui fait gagner du terrain à la place qu’occupent les femmes dans le sport, à l’échelle internationale. À cette occasion, l’Union des femmes réunionnaises (UFR) a tout de même rappelé l’importance de poursuivre cette lutte contre les inégalités de genre dans le sport, en s’appuyant sur les chiffres actuels à La Réunion.

L’Union des femmes réunionnaises le rappelle, les inégalités de genre dans le sport persistent, particulièrement en haut de la hiérarchie. Dans les instances dirigeantes, la parité est encore très loin d’être atteinte.

Dans les instances dirigeantes, les femmes se font rares

Les chiffres relatés par l’UFR sont frappants. Les inégalités de genre persistent, et sont les plus criantes au sein des instances dirigeantes, comme dans tous les secteurs. Plus on monte en hiérarchie et en responsabilité, plus les femmes se font rares. À La Réunion, ce ne sont pas les exemples qui manquent. À ce titre, ce sont des hommes qui président la conférence régionale du sport, la conférence des financeurs du sport, ou encore le CREPS, tandis qu’une seule femme, Monique Cathala, a dirigé le comité régional olympique et sportif de La Réunion en 51 ans d’existence.
En témoigne aussi la nette différence qui persiste dans la répartition des postes de direction des ligues et comités à l’échelle réunionnaise. Dans ces instances, 83 % des dirigeant·e·s sont des hommes, contre seulement 17 % de femmes à la tête de 11 ligues au total.

Karine Dudon, première présidente du comité régional de cyclisme de La Réunion

Pour Karine Dudon, devenue présidente du comité régional de cyclisme de La Réunion en décembre dernier, l’ascension vers ce poste était inespérée. Elle explique : « mon expérience est particulière car on est venu vers moi pour me proposer ce poste, dans une volonté de féminiser le comité régional de cyclisme, donc j’ai été assez surprise de cette proposition. J’ai bien réfléchi avant d’accepter, car c’est un grand investissement en termes de temps et d’énergie. »

Karine Dudon a à cœur de tendre vers la parité, notamment en attribuant au moins un poste féminin dans chaque commission (VTT, BMX, vélo sur piste, etc.). Elle explique :
« On a un objectif de 50 % de postes attribués à des femmes dans les commissions de cyclisme, d’ici à 2028, donc je m’y mets dès maintenant, sachant qu’on est encore loin du compte. »

À défaut de diriger, les femmes pratiquent le sport

Si les inégalités de genre dictent leur loi au sein des postes à responsabilité, les chiffres concernant la pratique sportive se veulent plus rassurants. L’UFR rappelle ainsi que, selon l’INSEE, dans notre département, environ 76 % des femmes (un peu plus de 270 000) pratiquent une activité physique et sportive (APS), contre 86 % des hommes (un peu plus de 260 000). Un écart moins marqué dans la pratique, avec un chiffre brut qui penche du côté des femmes, mais qui s’inverse du côté des licences.

À La Réunion, seulement 9 % des habitantes disposent d’une licence sportive, contre près de 13 % des Françaises à l’échelle nationale. Au CREPS de La Réunion, 34 % des sportifs sont des filles et 66 % des garçons, rappelle l’UFR.

« Le sport, un espace encore genré »

Avec ce constat, l’Union des femmes réunionnaises appelle à se mobiliser pour rétablir la parité dans le milieu du sport.
« Si ces chiffres montrent la réelle implication des femmes dans le sport à La Réunion, ils montrent aussi que ces espaces, et surtout ceux situés à la tête des instances, demeurent genrés. La pratique sportive concerne tout le monde, et la recherche de la performance n’est aucunement un apanage exclusivement masculin. L’UFR appelle l’ensemble des acteurs à se mobiliser pour que les femmes réunionnaises soient mieux représentées. Il s’agit là d’un enjeu d’émancipation, d’épanouissement et d’égalité. »

Sarah Cortier