COUP D’ETAT, D’HENRI VERNET, ÉDITIONS LIVRE DE POCHE
Un matin, la France se réveille avec des chars dans les rues de plusieurs grandes villes. Le Président, dépassé par des évènements violents à répétition (attentats, manifestations hors de contrôle), décide d’activer l’article 36 de notre constitution, qui permet à l’armée de prendre en quelque sorte « les commandes de l’Etat ».
Bien vite, on découvre comment ce qui relève d’une fiction, pourrait de fait ne pas l’être… L’article 36 de notre Constitution est assez méconnu. Il permet au Président, sous sa responsabilité, de déclencher « l’état de siège ». Il dit précisément ceci : « L’état de siège est décrété en Conseil des ministres. Sa prorogation au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par le Parlement ». L’article 16 est également évoqué dans le roman, s’il était appliqué, le Président disposerait alors de pouvoirs exceptionnels, appelés « pouvoirs de crise ». Il pourrait alors prendre seul toutes les mesures nécessaires en cas de péril national.
Dans ce roman haletant, on découvre très rapidement à quelles dérives pourrait mener l’application de cet article 16. L’armée fonctionne avec ses propres règles, et les risques de dérapages sont alors parfaitement possibles, voire probables.
Un récit palpitant dans le fonctionnement du pouvoir, avec ses pressions, ses manipulations, ses dérapages, … et surtout, à tous moments, la possibilité d’un putsch qui donnerait alors les pleins pouvoirs à l’armée.
Bien entendu, il s’agit d’une fiction… Mais nous avons connu, il n’y a pas si longtemps « l’état de guerre sanitaire », avec un Parlement inexistant, et des décisions prises dans un « Conseil de Défense » à quelques-uns. Une situation comme celle décrite par Henri Vernet n’a rien d’impossible. Parfaitement documenté, et parfaitement écrit, ce roman nous montre qu’au final, notre Constitution, pourrait être « contournée », et que, ma fois, une dictature militaire est toujours possible en France.
Dominique Blumberger