Berlin, 1943… Une enquête policière au cœur de l’Allemagne nazie. Un roman à la fois haletant et terrifiant !
L’auteur
Régis Descott est un romancier français. Passionné de photographie et de peinture, il a été longtemps journaliste et même concepteur de jeux vidéos. Dans ses romans il écrit beaucoup autour de la médecine psychiatrique, l’histoire y tenant aussi une grande place. Il est l’auteur de plusieurs romans qui ont rencontré un énorme succès. Le premier : L’Empire des Illusions, évoquait la retraite de Russie, les suivants sont tous des énormes succès : Caïn et Adèle, Obscura, Pavillon 38 (qui serait en passe de sortir au cinéma), …
En deux mots…
Le commissaire à la Kriminal Polizei Gerhard Lenz enquête sur les meurtres de deux médecins nazis. Conscient de ce qui se passe dans son pays : euthanasie de masse (Aktion 14) qui visait les juifs, les déficients mentaux et physiques, les tziganes, les homosexuels, les « improductifs », les « indésirables », les opposants au régime…, il mène son enquête en gardant une certaine humanité. Sa compagne, juive, attend un enfant de lui, son frère est homosexuel, sa mère héberge des juifs… Autant dire que le moindre faux-pas peut lui est fatal et peut être fatal à ses proches.
Le contexte
Berlin est régulièrement sous les bombardements anglais notamment. L’ambiance est irrespirable. On peut mourir à tout endroit à tout moment. L’endoctrinement est à son paroxysme, la délation également. La société allemande est dépeinte dans ce qu’elle a de plus veule, de plus noire, l’armée avec une férocité impensable. Etre juif ou simplement oser critiquer le régime, c’est risquer la torture, la déportation, la mort. L’intrigue policière est haletante, mais la folie meurtrière de cette guerre abominable est présente en permanence.
La peste brune dans toute sa noirceur
Bien sûr, l’intrigue est prenante, et particulièrement bien construite. Mais ce sont surtout l’époque et le milieu dans laquelle elle se passe qui sont importants. Quelques allemands ont choisi le camp de l’humanité, mais la très grande majorité, endoctrinés comme jamais, ont choisi la passivité, la délation… Quant aux gradés, policiers, officiers, soldats, médecins, ils ont tous participé à une extermination de masse organisée et programmée dans l’horreur la plus totale. La torture, les déportations, les assassinats et autres exécutions sommaires sont le lot quotidien des opposants, et de toutes celles et tous ceux qui sont ciblés par le régime.
Aujourd’hui, un certain nombre des ces idées, parfois « cachées » ou ripolinées sont de mises en Italie, en Hongrie, et font leur chemin dans de nombreux pays européens, dont la France. Doit-on s’inquiéter du retour de la peste brune ? Peut-être diront certains, sans aucun doute diront d’autres…
Dans tous les cas, un roman qui ne peut pas nous laisser indifférents, et qui nous rappelle de quelles horreurs les hommes sont parfois capables.
Dominique Blumberger
Deux extraits :
Exercice d’algèbre de l’époque soumis aux écoliers : « Un malade mental coûte quotidiennement environ 4 RM (Reichsmark, monnaie de l’Allemagne Nazie), un infirme 5,50 RM, un criminel 3,5 RM, un apprenti 2 RM.
Faites un graphique avec ces chiffres
Il y aurait en Allemagne 300 000 malades mentaux épileptiques… qui reçoivent des soins permanents. Calculez combien coûtent annuellement ces 300 000 malades mentaux et épileptiques. Combien de prêts non remboursables de 1 000 RM pourrait-on faire aux jeunes ménages si cet argent pouvait être économisé ? ».
« Il (le commissaire, héros du roman) avait mis le doigt dans un engrenage dont il ne soupçonnait alors pas les conséquences, assistant à la transformation de sa fonction à mesure qu’à coups d’internements de protection progressait l’épuration de la société. Localiser et annihiler les germes de destruction du corps social, voilà en quoi consistaient désormais les fonctions de la police dans cette société mise au pas. Mais, au-delà des actes, le nazisme attendait une adhésion totale à son idéal, un conditionnement se révélant jusque dans les réflexes, par une abolition des frontières entre vies professionnelle et privée, et les idéologues du parti s’y entendaient pour l’obtenir ».
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