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L’exposition « À fleurs de courbes » pose un regard doux sur l’obésité

Du 14 novembre au 19 décembre, l’exposition « À fleurs de courbes » a investi l’espace culturel Wilhiam Zitte, à Saint-Leu. À travers des portraits de nus, le photographe Laurent de Gebhardt pose un regard doux sur l’obésité. Il revient sur cette expérience au micro de Parallèle Sud.

L’exposition est le fruit d’une collaboration artistique. Laurent de Gebhardt s’est occupé de photographier les modèles, Sylvie Debras, autrice-interprète de la pièce « Grosse ! », a réalisé les interviews des personnes participant au projet, tandis qu’Annie Grondin et Gilbert Dounia ont imaginé le conte « Rondo ». C’est à l’occasion du vernissage de l’exposition, le 14 novembre dernier, que le projet a été révélé au grand public, en présence des modèles. Un moment chargé d’émotions et d’échanges « La salle était comble. Les modèles ont reçu des témoignages de personnes qui avaient vu leurs portraits et qui sont venues leur dire combien elles les trouvaient beaux. C’était un vrai succès. »

Poser un regard artistique sur l’obésité

Tout commence lorsque Laurent de Gebhardt assiste à la pièce de théâtre de Sylvie Debras sur l’obésité. Il est alors touché par la façon dont le sujet est traité, empreinte d’humour et de bienveillance. L’association Solidarité Culture propose alors à ces artistes de collaborer et de monter une exposition photographique, à laquelle participent également Annie Grondin et Gilbert Dounia pour le volet contes.

En tant que photographe, Laurent de Gebhardt décide d’apporter une dimension nouvelle, qui n’était pas prévue au départ : le nu. « J’aime les challenges. Le nu, c’était une façon de se révéler différemment et de s’engager vraiment dans la photo. »

« Pour faire du nu, il faut créer un cadre de confiance »

L’objectif était de donner la parole à ces hommes et ces femmes, de montrer une part de leur histoire, de leur vécu, et de déconstruire les préjugés qui existent autour de cette maladie.

La douzaine de modèles volontaires a été trouvée via les associations Le Poids des mots, à Saint-Pierre, et Ti Baobab, à Saint-Louis. Les interviews ont ensuite été menées à la maison de soins de la Rivière Saint-Louis, avec Sylvie Debras. Cette étape a été essentielle pour le photographe : « C’était important pour moi d’être présent, pour faire connaissance avec les modèles. Pour qu’eux me voient, qu’un premier lien se crée. C’est particulièrement important pour des séances de nu, d’établir un climat de confiance. »

Deux mois plus tard, Laurent de Gebhardt donne rendez-vous aux modèles dans son studio, au Tampon, et le travail photographique commence.

Le nu est avant tout une rencontre pour le photographe : « Cet espace de rencontre est fragile, délicat. C’est ce moment où deux univers se rencontrent, et la surprise est aussi forte pour le modèle que pour le photographe, face à l’image que l’on obtient. »

Exposition « À fleurs de courbes »
Exposition « À fleurs de courbes »

Démonter les préjugés sur l’obésité

L’obésité est encore largement sujette aux préjugés. Lorsque l’on ne connaît pas, ou pas assez, l’humain et la société dans son ensemble ont tendance à juger plutôt qu’à faire l’effort de comprendre, de s’intéresser. Avec ce projet photographique, Laurent de Gebhardt a lui-même emprunté un chemin de compréhension et d’ouverture « Ce que j’ai appris, ce sont les origines multifactorielles de l’obésité. Je pensais surtout aux causes génétiques, alimentaires, etc., mais pas à cette dimension multifactorielle qui ressort dans les témoignages. Les histoires de vie, les violences subies influencent la manière de se nourrir et de gérer cette problématique. Beaucoup de modèles ont été stigmatisés par le milieu médical, qui est souvent le premier milieu stigmatisant. »

Jusqu’au 19 décembre, l’exposition se tient à Saint-Leu, au sein de l’espace culturel Wilhiam Zitte. Le photographe espère toutefois pouvoir faire vivre ce travail artistique dans d’autres lieux et diffuser ce message de bienveillance aussi loin et aussi longtemps que possible.

Sarah Cortier

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A propos de l'auteur

Sarah Cortier

Journaliste issue d’une formation de sciences politiques appliquées à la transition écologique, Sarah est persuadée que le journalisme est un moyen de créer de nouveaux récits. Elle a rejoint l'équipe de Parallèle Sud pour participer à ce travail journalistique engagé et porter de nouveaux regards sur le monde.

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