Logique de la haine à Gaza

LIBRE EXPRESSION

Chacun le voit bien, ce qui se passe à Gaza est difficilement soutenable. Il s’y déploie une violence sans nom qui bafoue les formes les plus élémentaires de respect pour la vie humaine. On pourrait s’étonner de ce que certains refusent encore de parler de génocide mais il est inutile de chercher à en discuter les critères. Cet aspect « technique » ne serait guère éclairant.

Il me semble plus intéressant de se demander pourquoi parler de génocide fait à ce point polémique concernant Gaza. Le fait est que d’autres génocides ont (eu) lieu ailleurs et on ne leur a pas accordé autant d’attention. Par exemple, un véritable génocide se déroule actuellement au Soudan et on n’en parle pas ou si peu. Mais peut-on penser pour autant, que cette différence de traitement est motivée par de l’antisémitisme ?

Cela n’aurait pas de sens car il est clair que l’attention toute particulière portée sur Gaza provient du fait qu’après la seconde guerre mondiale, Israël est né de la volonté d’éviter que soit reproduit le génocide nazi perpétré à l’égard des populations juives d’Europe. Le mot génocide a justement été forgé en même temps, afin de désigner « l’abomination de la désolation » dont l’Humanité devait se détourner à jamais. Il est donc paradoxal et parfaitement étonnant que l’espérance du « Plus jamais ça ! » se trouve remise en question par ceux-là même qui ont lancé ce cri. Il y a là quelque chose de tout à fait inattendu et de profondément décevant qui explique suffisamment qu’on puisse y porter une attention particulière.

Il en va de même pour l’idée selon laquelle « une partie du soutien à la Palestine est motivée par la haine des Juifs ». C’est une vieille stratégie de « discrédit par association » destinée à décourager ceux qui soutiennent les Palestiniens et sont généralement critiques d’Israël. L’idée de se retrouver associé à des « antisémites » pourrait en faire reculer plus d’un. D’abord par crainte de faire quelque chose d’immoral, ensuite par peur de se retrouver stigmatisé.

Or, deux secondes d’attention suffisent pour comprendre qu’une telle accusation est sans fondement. En effet, l’antisémitisme est défini comme une haine des Juifs parce qu’ils sont Juifs et non en raison de ce qu’ils font.  Dans une guerre, avec des violences exercées de part et d’autre, les deux camps se haïssent copieusement et c’est « normal » puisque chacun se sent victime des violences de l’autre. Cela vaut pour tout le monde, juif ou pas. Il faut donc une parfaite mauvaise foi et un culot monumental pour prétendre alors faire l’objet d’une haine relative à son être et non pas à ce qu’on a fait de coupable. C’est un peu comme si une personne à l’origine d’un vol avec effraction et violence se plaignait d’être poursuivie pour des motifs racistes. Cela n’aurait pas de sens dès lors que le délit est avéré et suffit à expliquer les poursuites.

Autrement dit, sans aucunement l’encourager ni même la justifier, on peut affirmer que la haine que peuvent éprouver les Palestiniens à l’égard des Israéliens n’est pas de l’antisémitisme. C’est terrible à dire mais elle est aussi logique que la haine que les Israéliens entretiennent à leur égard sans même s’en cacher. Rappelons que la haine n’est pas, en soi, prohibée par la loi. Elle l’est seulement à l’intérieur d’une nation afin de lutter contre les discriminations sociales. Vers l’extérieur, au contraire, elle est souvent encouragée lorsqu’elle sert les visées du pouvoir. Songeons à la haine de la Russie qui se trouve affichée à tous les étages de notre appareil d’état, y compris dans ses médias.

En conclusion, pour démontrer qu’une haine est « ontologique », c’est-à-dire qu’elle vise l’être et non le faire, encore faut-il que ce dernier soit impeccable. C’est peu de dire que la conduite d’Israël à l’égard des Palestiniens n’est pas sans faute. L’accusation d’antisémitisme à son égard est donc sans fondement.

Luc-Laurent Salvador

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

Chacun le voit bien, ce qui se passe à Gaza est difficilement soutenable. Il s’y déploie une violence sans nom qui bafoue les formes les plus élémentaires de respect pour la vie humaine. On pourrait s’étonner de ce que certains refusent encore de parler de génocide mais il est inutile de chercher à en discuter les critères. Cet aspect « technique » ne serait guère éclairant.

Il me semble plus intéressant de se demander pourquoi parler de génocide fait à ce point polémique concernant Gaza. Le fait est que d’autres génocides ont (eu) lieu ailleurs et on ne leur a pas accordé autant d’attention. Par exemple, un véritable génocide se déroule actuellement au Soudan et on n’en parle pas ou si peu. Mais peut-on penser pour autant, que cette différence de traitement est motivée par de l’antisémitisme ?

Cela n’aurait pas de sens car il est clair que l’attention toute particulière portée sur Gaza provient du fait qu’après la seconde guerre mondiale, Israël est né de la volonté d’éviter que soit reproduit le génocide nazi perpétré à l’égard des populations juives d’Europe. Le mot génocide a justement été forgé en même temps, afin de désigner « l’abomination de la désolation » dont l’Humanité devait se détourner à jamais. Il est donc paradoxal et parfaitement étonnant que l’espérance du « Plus jamais ça ! » se trouve remise en question par ceux-là même qui ont lancé ce cri. Il y a là quelque chose de tout à fait inattendu et de profondément décevant qui explique suffisamment qu’on puisse y porter une attention particulière.

Il en va de même pour l’idée selon laquelle « une partie du soutien à la Palestine est motivée par la haine des Juifs ». C’est une vieille stratégie de « discrédit par association » destinée à décourager ceux qui soutiennent les Palestiniens et sont généralement critiques d’Israël. L’idée de se retrouver associé à des « antisémites » pourrait en faire reculer plus d’un. D’abord par crainte de faire quelque chose d’immoral, ensuite par peur de se retrouver stigmatisé.

Or, deux secondes d’attention suffisent pour comprendre qu’une telle accusation est sans fondement. En effet, l’antisémitisme est défini comme une haine des Juifs parce qu’ils sont Juifs et non en raison de ce qu’ils font.  Dans une guerre, avec des violences exercées de part et d’autre, les deux camps se haïssent copieusement et c’est « normal » puisque chacun se sent victime des violences de l’autre. Cela vaut pour tout le monde, juif ou pas. Il faut donc une parfaite mauvaise foi et un culot monumental pour prétendre alors faire l’objet d’une haine relative à son être et non pas à ce qu’on a fait de coupable. C’est un peu comme si une personne à l’origine d’un vol avec effraction et violence se plaignait d’être poursuivie pour des motifs racistes. Cela n’aurait pas de sens dès lors que le délit est avéré et suffit à expliquer les poursuites.

Autrement dit, sans aucunement l’encourager ni même la justifier, on peut affirmer que la haine que peuvent éprouver les Palestiniens à l’égard des Israéliens n’est pas de l’antisémitisme. C’est terrible à dire mais elle est aussi logique que la haine que les Israéliens entretiennent à leur égard sans même s’en cacher. Rappelons que la haine n’est pas, en soi, prohibée par la loi. Elle l’est seulement à l’intérieur d’une nation afin de lutter contre les discriminations sociales. Vers l’extérieur, au contraire, elle est souvent encouragée lorsqu’elle sert les visées du pouvoir. Songeons à la haine de la Russie qui se trouve affichée à tous les étages de notre appareil d’état, y compris dans ses médias.

En conclusion, pour démontrer qu’une haine est « ontologique », c’est-à-dire qu’elle vise l’être et non le faire, encore faut-il que ce dernier soit impeccable. C’est peu de dire que la conduite d’Israël à l’égard des Palestiniens n’est pas sans faute. L’accusation d’antisémitisme à son égard est donc sans fondement.

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