Dernier Lyane Kabar en date, le 11 avril a réuni sur la scène du Badamier à Saint-Gilles, dans l’ordre d’apparition, Bernard Grondin, Serge Ulentin, Sophie Hoarau, Nadia Akhoun et Patrice Treuthardt.

Chanteur du groupe Ravan, travailleur social, militant associatif, directeur d’Emaüs depuis près de trente ans, Bernard Grondin enchaîne les défis. L’un de ses derniers, c’est l’organisation d’un rendez-vous poétique, Lyane Kabar, où il invite poètes et fonnkézèrs à venir s’exprimer sur scène.
La dernière édition s’est déroulée au Badamier, l’espace intimiste à l’ombre du théâtre de Plein Air à Saint-Gilles. Quelque deux cents personnes s’y sont retrouvées pour une soirée pleine de sensibilité, d’intimité et d’émotion.
Je dois bien le reconnaitre, je suis d’ordinaire peu amateur de poésie. Mais la perspective de voir mon ami Patrice Treuthardt m’a décidé à sauter le pas. Bien m’en a pris.
Chacun des invités, ils étaient quatre le 11 juin dernier, est d’abord interrogé par Bernard Grondin alias Lao Vanglao sur son parcours, sa vie, ce qui l’a poussé à écrire. C’est Serge Ulentin qui a ouvert le bal. Un footballeur ! Il a été gardien à Auxerre, en première division, avant de devenir entraîneur. « Du foot à la poésie, c’est grâce à Gilbert Pounia », indique-t-il. Le chanteur de Ziskakan, en effet, lui a demandé un texte, qui sera intégré au disque en cours d’enregistrement. Puis trois textes, puis un recueil de poèmes, puis sept chansons pour le disque Madagascar. Le natif de Fianarantsoa dit y avoir passé ses plus belles années et appris à dire « je t’aime » à tout le monde. « Il n’y a pas de volonté de séduction, juste une porte ouverte », explique-t-il au public. Un mantra qui sera repris de nombreuses fois au cours de la soirée. A la suite de sa présentation, Serge Ulentin lira l’un de ses textes au pupitre, puis celui, choisi, d’un autre auteur. C’est la règle des Lyane Kabar.
A son tour Sophie Hoarau, créatrice de la galerie Hang’Art à Saint-Pierre, parle de son quartier d’origine, Terre-Sainte, de sa rencontre quand elle était étudiante avec Bernard Grondin du temps de Ravan, de son travail sur Boris Gamaleya avec Axel Gauvin… « A chacun d’entre vous, je dis je t’aime », a-t-elle conclu son intervention.
Viens le tour de Nadia Akhoun, caligraphe en direct – « ne sachant pas écrire, je mets en scène les mots des autres » – et auteure quand même de Rapyésté, « un hommage aux madames couturières », des textes écrits à la suite d’une exposition en réponse à des auteurs qui avaient commenté ses tableaux.
« Comment faire un kabar, si c’est le dernier, sans Patrice Treuthardt », interroge Bernard Grondin. En effet. Le poète raconte sa génération qui a inventé le terme « fonnkèr », le projet « communiste bandé » de la poésie. « A 17 ans, on n’est pas sérieux », poursuit le Portois. « Moi j’étais sérieux, à cause de tous ces gens là », dit-il ému en saluant Pierre Vergès présent dans le public. Et de se souvenir le temps où le créole était interdit, le Kabar un projet de vie, un espace où on faisait de la politique. « Chacun a un pays dans son pays », souligne Patrice Treuthardt. Pour lui, c’est Le Port. « Je suis né deux fois, une fois à Saint-Pierre, une autre au Port », dit l’auteur de Mon péi Titan qui a grandi à la Butte Citronnelle. « Il est petit par les centimètres, mais grand par le talent, grand par les sentiments », félicite Bernard Grondin avant de lancer un « je t’aime » d’au-revoir à l’assistance.
PhN
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