MOBILITÉ URBAINE
Construire le premier réseau de téléphérique à Antananarivo devrait nécessiter un investissement de 152 millions d’euros. Le projet a obtenu de l’Office national de l’environnement (ONE) un avis favorable sur son aspect environnemental.
Le secrétariat d’Etat en charge des nouvelles villes et la présidence de la République, promoteurs du projet, estiment que les conditions sont réunies afin de concrétiser ce programme présidentiel. Quelques réajustements ont cependant été apportés au plan initial. Ainsi, la ligne a été retracée pour ne pas passer au-dessus du Collège Saint Michel à Amparibe. Le passage par la cathédrale d’Andohalo a aussi été supprimé et le quartier d’affaires d’Antaninarenina a été ajouté aux dessertes. Des plaintes ont en effet été reçues concernant notamment l’installation de pylônes dans l’enceinte de l’établissement d’enseignement jésuite. L’association « Amis des Patrimoines » est aussi montée au créneau pour dénoncer les risques de dégradations que le projet pourrait apporter aux vestiges du passé dans la Haute ville.
Pour le Directeur Général de l’ONE, Rija Rakotoson, les études sur le terrain conduites par le Comité Technique Environnemental (CTE) ont été faites sur la base des données à la fois techniques, sociales et économiques. Les avis et les craintes des uns et des autres auraient également été pris en compte.
Le Trésor français et la Société Générale financent le projet
La réalisation de ce projet de téléphérique a été confiée aux entreprises françaises Colas et Poma. Il prévoit de relier quatre arrondissements de la capitale avec deux lignes de câbles. La ligne verte reliant Anosy-Ankatso, la ligne orange reliant Anosy-Ambatobe. Concernant son financement, un protocole d’accord avec les autorités françaises a été signé à cet effet. Pour être plus précis, le Trésor français a accordé au gouvernement malgache un prêt de 28 millions d’euros et la Société Générale ouvrira une ligne de crédit bancaire de 88 millions d’euros garantie par Bpi France.
Selon les promoteurs du projet, il a fallu trouver des solutions innovantes pour désengorger cette ville de plus de 3 millions d’habitants. Le début des travaux de construction du premier téléphérique malgache dans la capitale Antananarivo, prévus durer deux ans, est attendu dans les prochaines semaines. Certaines sources affirment toutefois que des discussions sont toujours en cours concernant le volet commercial du projet. Les responsables souhaitent réceptionner la première phase des travaux avant le coup d’envoi des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) que le pays abritera en 2023. A terme, 274 cabines pouvant transporter de 10 à 12 personnes, pour opérer les deux routes, devraient être opérationnelles. Il est attendu quotidiennement, entre 28 000 et 38 000 passagers.
Une mobilité urbaine à planifier
Du côté de Paris, l’on soutient que ce projet constitue une vitrine du savoir-faire français, un exemple de la capacité des entreprises hexagonales à apporter des réponses concrètes aux enjeux de développement urbain. Poma, leader mondial dans le transport par câble et Colas, entreprise de BTP filiale du groupe Bouygues présente dans la Grande Ile depuis plusieurs décennies, auront à mener à bien ce projet présenté comme un élément clé du programme de mise en place d’un système de transport public innovant et respectueux de l’environnement dans la capitale malgache.
A Antananarivo, la marche à pied représente toujours plus de 60 % des déplacements. Le transport collectif en minibus (taxi bé) représente près de 72 % des déplacements motorisés. Près de 2 700 taxi-bé circulent chaque jour dans le centre-ville. La capitale ne dispose pas de document actualisé de planification de la mobilité urbaine. Cependant, la Banque mondiale a mandaté les bureaux d’étude suisse Transitec, canadien CPCS et malgache Evolutis pour la production d’une étude prospective sur les mobilités dans la capitale.
Le rapport comprend un schéma directeur des transports urbains qui propose une articulation des différents modes de déplacement envisageables pour la mise en place d’un réseau de transport cohérent.
Notons également que la ville a adhéré au dispositif Mobilise Your City en 2018 qui permet d’envisager des financements de l’Union européenne, de l’Agence Française de Développement et de la GIZ allemande pour mener des initiatives de planification de la mobilité.
Par Liva Rakotondrasata/Le Journal des Archipels
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