LA 7e ÉDITION REVIENT À LA SALINE
Le temps est à la pluie mais, samedi, Météo France l’a dit, ce sera fini. Promis. Tant mieux car, à la Saline, Kaz Marron propose la septième édition de son Zénérasyon Maloya. L’événement attendu dans l’Ouest par les amateurs de musique traditionnelle.
« A l’origine, il s’agissait de rendre hommage aux zarboutans du maloya. Aujourd’hui beaucoup nous ont quitté, et nous passons le témoin aux héritiers », indique Dana Virama-Coutaye, responsable de Kaz Marron. « La relève familiale se perd. Tout le monde copie le style Lindigo, nous voulons reposer le style traditionnel », souligne-t-il. Samedi 27 mai, Zénérasyon Maloya revient là où il est né, à la Saline, dans un petit coin de paradis pour une ambiance Kabar «Kom dan’ Tan Lontan» en plein air. Entre-temps, jusqu’en 2018, il avait animé la cour de Lespas ou la rue du centre culturel, avant de devoir faire une pause-Covid.
Pour cette septième édition, gratuite comme les six premières, on revient donc dans les Hauts. Avec un programme alléchant. Zanmari Baré, Madiakanou et Benjam et son groupe Kaloubadya.
Neveu de Granmoun Lélé
Le premier est bien connu, pour avoir chanté quelques succès repris à la radio. Nous l’avions découvert à la sortie de son premier disque, lors d’une conférence de presse autour d’un cari dans la case des Hauts où il avait enregistré. Le retour en voiture, occasion d’écouter le CD en question, fut une révélation. « De son enfance, Zanmari Baré garde le souvenir précis du maloya qui déjà l’emporte. À l’adolescence, dans les années 80, Firmin Viry se grave dans les sillons de sa mémoire et Lo Rwa Kaf, l’homme musique, le fascine. Puis c’est l’écho des tambours de l’Est de l’île de La Réunion avec Gramoun Lélé en figure de proue, ainsi que l’écoute en boucle d’Alain Peters et son «mangé pou lé kér». C’est enfin avec «Gafourn», la première K7 de Danyel Waro, que Zanmari entrevoit la longue route à parcourir pour caresser du bout des doigts la fleur du maloya », indique le dossier de presse.
Frédéric Madia présentera son groupe Madiakanou. Contrairement à Zanmari Baré qui est le local de l’étape, Frédéric Madia vient de l’Est. C’est un neveu de Granmoun Lélé et a joué avec beaucoup de ses cousins, d’abord avec le patriarche, puis Génération Lélé, Urbain Philéas, Willy Philéas, Votia. « L’aventure de Madia Jean-Frédéric commence en 1993 avec le groupe Génération Lélé. Après le conservatoire, il accompagne de grands noms de la musique réunionnaise : Urbain Philéas, Willy Philéas, Granmoun Lélé, Ti’Fock, Tapoc, Arashkha, Gramoun Sello, Mélanz Nation, Tiloun, Aleksand Saya, Votia, Simangavol Manièr Fanm, Pachibaba, Lindigo… En 2021, il sera invité au festival Opus Pocus en tant que meneur de projets sur le thème des percussions, et il s’entoure de musiciens de talents et amoureux de l’Afrique. L’aventure Madiakanou commence. »
Groupe de dalons
Enfin, Benjam, qui a quitté depuis longtemps l’univers du danse hall, montera sur scène avec Kaloubadya pour du maloya endiablé. « L’aventure a débuté il y a 10 ans avec un petit groupe de dalons. Kaloubadya c’est un mélange de traditions, de couleurs et d’histoires de vie. En 2012, Benjam s’éloigne des musiques soleil et délaisse les oripeaux « street » pour jouer le Maloya de ses aînés, un maloya tradisyon avec lequel il a grandi, un maloya qui traverse les générations, un maloya généreux…. Il sort deux albums, « Kabary » puis « Kalou Bandé », et confirme le talent d’une voix qui enfle et qui s’écorche avec le temps, rauque, vulnérable et puissante. »
Philippe Nanpon
Le concert se déroulera à la Saline-Les-Hauts, chemin Gros Eucalyptus sur le site de Kaz Marron à partir de 18 heures. Itinéraire : depuis la route des tamarins, prendre la sortie Villèle/Corail Hélicoptères en direction de La Saline les Hauts (départementale 100). Continuez sur environ 3 km jusqu’à la prochaine intersection. Vous arriverez alors à un Stop, prendre à droite (départementale 6) et continuez sur 1,6 km. A proximité de la plateforme de La Poste, prendre à droite chemin Gros Eucalyptus, roulez sur 200 mètres et prendre la première à droite.
Des projets par dizaines
« Depuis 13 ans nouléla. » Dana Virama-Coutaye est le responsable de Kaz Marron. Passionné par l’histoire de l’esclavagisme et du marronage, il a ouvert un espace à la Saline aux kabars à terre. « J’ai d’abord nettoyé ce terrain puis organisé tous les mois un kabar », raconte-t-il. « Danyel Waro m’a bien aidé au début », remercie celui que tout le monde appelle Dana. « On a aussi organisé la promotion d’albums de Danyel, Simangavole, David Saman… on a gagné un nom grâce à ça. »
Petit à petit, au bout de trois ans, l’association s’étoffe et s’occupe de médiation et d’animations dans le quartier autour de la culture, de l’environnement et du patrimoine. Ateliers moringue, tressage, maloya, fabrication d’instruments, tisanes, etc. « pour aller chercher des publics autres ». L’association travaille avec l’école voisine, la Maison familiale rurale toute proche, les collège et lycée du quartier, des associations, structures… La mairie suit, puis change, change encore. Les financements en pâtissent, mais Dana s’accroche.
Aujourd’hui, 38 personnes y travaillent en ACI (atelier et chantier d’insertion) encadrées par trois permanents.
Kaz Marron gère aussi un jardin partagé dont profitent huit familles, l’école et la structure spécialisée Edmond-Albius, avec une forte volonté de créer du lien social. Le terrain de 300 passera bientôt à 800 m2 grâce à la commune et la SIDR. Toujours dans les projets, un village lontan et ses cases en paille, un rond autour du feu pour des soirées contes, un écomusée sur les marrons, des activités culturelles pour les Réunionnais et les touristes. Avec le concours du collectif 5 000 piéd’bwas un sentier botanique relie l’école au site.
A venir encore, la célébration du 20 Décembre sur place avec la mairie et sa journée portes ouvertes, la semaine créole, un projet Lékolo pour les enfants des écoles avec le TCO…
Kaz Marron ne manque pas d’idées, et elles fleurissent abondamment.
PhN
