Quatre tables rondes ont eu lieu au cours de la journée Matèr, co-organisée par Parallèle Sud, qui s’est déroulée le 29 juin à la ferme Lou Cachet (Rivière Saint-Louis). Parmi elles, un échange sur l’indépendance des médias à La Réunion, avec trois journalistes ou anciens journalistes Franck Cellier (Parallèle Sud), Antoine Geslin (groupe Cirano), David Chassagne (ancien journaliste de presse écrite, aujourd’hui dans le milieu de la culture).
La journée Matèr a réuni différents acteurs (artistes, journalistes, planteurs, associations…) autour du thème de la Terre. Naturellement, au cours du débat sur l’indépendance des médias, le public s’interroge sur la manière dont les journalistes peuvent investir davantage le champ des questions sur l’autonomie alimentaire, sur le monde agricole.
Les journalistes évoquent leurs expériences respectives. « L’autonomie, ça rapporte de la pub ? Si ça rapporte pas, on remarque que les médias y apportent peu d’intérêt », témoigne Antoine Geslin, ancien rédacteur en chef de RTL Réunion. Franck Cellier évoque les recettes publicitaires qui restreignent certaines libertés des journalistes. « Il est difficile de parler des coopératives agricoles parce tout le monde de l’agroalimentaire est lié aux coopératives. Elles détiennent le monopole de la consommation. »
« Les rédactions ne s’occupaient pas du problème de la terre parce qu’elles étaient gérées par des gens un peu âgés »
David Chassagne, ancien journaliste
Le manque de financement aussi pour un journalisme alternatif est souligné. « Il n’y a pas la volonté à La Réunion de développer de presse indépendante parce que c’est dans la nature du politique d’essayer de contrôler la presse », estime Franck Cellier.
« Si nos rédactions ne s’occupaient pas du problème de la terre, c’est parce qu’elles étaient gérées par des gens un peu âgés pour qui la planète on s’en fout un peu », fait remarquer David Chassagne. « On voit que les jeunes générations sont à fond sur ces combats là. Plus il y a de jeunes qui entrent dans les sphères journalistiques et plus ces sujets là seront traités parce qu’ils les imposeront forcément. »
A la fin des échanges, se détache l’idée de participer à une plateforme pour regrouper et diffuser les énergies des acteurs indépendants, dans différents domaines. Se rencontrer, porter la voie des possibles. Un peu ce que proposait la journée Matèr.
Vous pouvez également revoir en replay le débat sur l’identité réunionnaise, organisé par l’association Ti Somin Gran Somin lors de la journée Matèr.