Mobilisation générale pour la préservation et l’accès à l’eau

[LIBRE EXPRESSION]

Initiée par l’Organisation des Nations Unies, la Journée mondiale de l’eau célèbre l’eau et nous sensibilise à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent sans accès à de l’eau salubre. Nous devons protéger ces eaux de la surexploitation et de la pollution qui les menacent actuellement, car cela mènera à l’épuisement de ces ressources, à des surcoûts dans leur traitement, voire à une impossibilité de les utiliser. 

Notre territoire insulaire a ses propres contraintes et nécessite de trouver le juste équilibre. A La Réunion, seules 44 % des masses d’eau sont dans un état satisfaisant. Ce n’est pas suffisant. A cela, la biodiversité aquatique et la qualité des cours d’eau sont dans un état critique. Comme le rappelle le Comité de l’eau et de la biodiversité, «les masses d’eau souterraine de l’ouest et du sud présentent localement des déséquilibres, conséquence principale de certains prélèvements d’eau trop importants par rapport à la capacité des nappes à se recharger ; les eaux souterraines de l’Est sont marquées par la présence de produits phytosanitaires qui doit être maîtrisée. Le taux de recouvrement en corail diminue et traduit la mauvaise qualité des masses d’eau récifales et le retour au bon état nécessite une intégration des enjeux de la protection de la ressource en eau, des milieux aquatiques et de leur biodiversité dans les politiques publiques d’aménagement du territoire». Chaque année environ 222 millions de m3 d’eau sont prélevés dans le milieu naturel sur notre territoire (chiffres 2019, Office de l’eau). Plus précisément, 152 millions de m3 sont prélevés dans les rivières et les aquifères de l’ île pour l’alimentation en eau potable. L’état de notre réseau pose question et soulève l’indignation par voie de presse. Il n’est pas normal que seulement 50% des abonnés soient alimentés par des réseaux correctement équipés. De plus, le taux de rendement moyen à La Réunion du réseau de distribution (rapport entre le volume d’eau consommé et celui d’eau potable introduit dans le réseau de distribution) est de 61,6%. En moyenne donc, 40% de l’eau potabilisée est perdue à cause du mauvais état du réseau (Office de l’eau, 2018). Si à l’état naturel l’eau est gratuite, son prélèvement, sa potabilisation, son adduction et sa dépollution avant rejet sont des opérations complexes et onéreuses. Ainsi, si la ressource en elle-même n’a pas de prix, le service lui est payant. Sur Saint-Denis, nous sommes environ 75 000 abonnés au service d’eau potable. Le tarif est de 1,10 € TTC/m3 en 2020 ; 88% de cette redevance est réparti entre la CINOR et l’opérateur (RUNEO à Saint-Denis), 2,1% sont prélevés par l’Etat (TVA) et 9% par l’Office de l’eau. Le tarif de l’eau peut tout à fait faire l’objet d’une politique sociale. En effet, le dispositif mis en place à titre expérimental par la loi “Brottes” est ouvert depuis 2020 à l’ensemble des collectivités territoriales. Pour préserver cette ressource vitale pour l’Humanité et les écosystèmes naturels et permettre un accès digne à l’eau à tous, avec La voix citoyenne nous proposons plusieurs mesures :  

• Investir sur des stations de potabilisation à l’ozone permettant de nous sortir d’une dépendance à l’importation de chlore. 

• Réduire drastiquement les pollutions, plastique notamment, et interdire les engrais de synthèse qui polluent nos masses d’eau et détruisent la santé des hommes. Aucune station à La Réunion n’est en capacité de traiter les pesticides de façon spécifique. 

• Établir des plans d’actions destinés à améliorer les conditions d’accès à l’eau dans chaque collectivité et sur toute l’année. 

• Généraliser les systèmes de récupération d’eau de pluie dans la construction de nouveaux équipements publics fortement consommateurs (stades de foot, piscines…) et encourager les entreprises dans cette démarche. 

• Développer un référentiel national des tarifications qui sert de guide d’action pour les collectivités souhaitant adopter une politique sociale de l’eau. 

• Encadrer de manière plus stricte le montant des abonnements au niveau national tout en prenant en compte les spécificités territoriales. 

• Développer et soutenir les actions de prévention et de sensibilisation à la préservation de la ressource. 

Giovanni PAYET – La voix citoyenne

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

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