Depuis l’abandon du chemin de fer au profit de la route dans les années 1960, La Réunion vit au rythme des embouteillages. Entre héritage politique, symbolique sociale et manque d’alternatives crédibles, l’île peine à inventer une mobilité durable. Pour la professeure de géographie de l’Université de La Réunion et spécialiste de la mobilité sur les territoires insulaires Marie-Annick Lamy-Giner, il est urgent de repenser le modèle et de redonner sa place au ferroviaire.
Pouvez-vous revenir sur le contexte qui a marqué le passage du chemin de fer à la voiture à La Réunion ?
Marie-Annick Lamy-Giner : La route du littoral, dont les travaux ont débuté dans les années 1950 pour être livrée en 1963, a symbolisé un véritable tournant. C’est le moment où La Réunion abandonne le chemin de fer pour entrer dans l’ère de l’automobile. À l’époque, on a longuement débattu du tracé : en pied de falaise ou en sommet ? Le choix du pied de falaise, jugé plus simple, a finalement coûté cher : éboulements, morts, fermetures à répétition… Ce fut un choix à la fois symbolique et lourd de conséquences.

