Mon p’tit loup, la compil

LIBRE EXPRESSION

Le livre-disque de la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.

Ayant subi durant plusieurs années les agressions d’un prédateur sexuel au sein de sa propre famille lorsqu’il était enfant, Nicolas Puluhen est passé par une
phase de mutisme qui l’a conduit à l’isolement psychologique et à la dépression que subissent la plupart des victimes d’abus sexuels. Il a attendu cinquante ans avant d’oser laisser sortir les mots libérateurs, prenant la plume pour écrire un livre témoignage de son calvaire : Mon p’tit loup (Éditions Maïa), empruntant le titre à une chanson de Pierre Perret qui, dit-il, lui a « sauvé la vie ». Il crée dans la foulée une association éponyme afin d’aider les victimes d’agressions sexuelles à prendre la parole par des ateliers d’écriture, des conférences et diverses actions culturelles. Aujourd’hui, il est fier de vous présenter son
nouveau projet : Mon p’tit loup, la compilation musicale contre les violences sexuelles.


Militant hyperactif de sa cause, Nicolas, qui est également programmateur de spectacles, a fait appel à son réseau d’artistes musiciens pour leur demander de prendre la plume et la lyre à ses côtés. « J’ai écrit une lettre personnalisée à plusieurs auteurs compositeurs et interprètes qui ont accepté de se prêter au jeu. J’avais remarqué que ce sujet était abondamment relayé dans le milieu du cinéma, mais à ma connaissance peu de gens prenaient la parole parmi les
musiciens et les chanteurs, ces artistes qui, par leurs mots et leurs notes, nous aident pourtant si souvent à vivre. Ça n’a pas été forcément facile pour eux d’écrire sur le sujet, mais les résultats ont été enthousiasmants, à tel point que d’autres ont rapidement emboité le pas des premiers. Je me suis aperçu à quel point ce thème était inspirant pour des artistes qui dépeignent dans leurs chansons la société et les rapports humains d’aujourd’hui, raconte t’il. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est la manière dont les auteurs ont chacun utilisé leur sensibilité pour traiter différentes facettes de la nébuleuse complexe que sont les violences sexuelles, qu’ils aient été directement victimes ou simplement observateurs de proches. Cela donne un résultat qui éclaire d’une lumière nouvelle ce fléau qui ronge notre société à l’ombre des silences, une lumière totalement imprévisible et originale ».


Dans le sillage de figures du rock et de la chanson française comme Catherine Ringer, Albin de la Simone, Les Ogres de Barback, La Rue Kétanou, JP Nataf (Les Innocents), Magyd Cherfi (Zebda), Didier Wampas, Flavia Coelho, Oldelaf, se mêlent des artistes que l’on découvrira avec plaisir, comme les jeunes lycéennes Mam’zelle Prune & Kamalam ou le groupe jeune public Minibus et sa chanson « Le monde est à toi » écrite sur l’île de Mayotte avec des enfants migrants
sous l’égide de l’association de Nicolas, et bien d’autres non moins talentueux… Des nombreuses chansons inédites, créées pour l’occasion, telles le duo de Polo (Les Satellites) et Catherine Ringer « Sous la mer » qui ouvre le bal, « Le Buissonnier » de JP Nataf, cachant sa douleur sous un voile bucolique, « Eux, ils parlent de toi », de Frédo (Les Ogres de Barback), accompagné de la jubilatoire fanfare Eyo’Nlé, Guizmo (Tryo) et Mike & Riké (Sinsemilia), ou encore « Les innocents » de Magyd Cherfi, auteur à la plume toujours savoureuse, et « Trompe la mort », le #meetoo électro pop de David Courtin. On trouvera aussi des reprises hautes en couleurs comme « L’aigle noir » de Barbara chanté par Didier Wampas ou l’incontournable « Mon p’tit loup » de Pierre Perret par Flavia Coelho. Au final, le sujet des violences sexuelles est abordé par tous les côtés, exploré par toute les sensibilités, dépassé par tous les talents de toutes les générations.


Le projet ne s’arrête pas là puisqu’il est conçu autant comme un album à écouter que comme un véritable petit livre militant regroupant les interviews des auteurs et musiciens qui livrent, parfois de manière très intime, leur vécu face au sujet des violences sexuelles. Ce sont des voix différentes qui s’entremêlent toujours avec pudeur et émotion, chaque texte étant illustré avec humour par le « P’tit loup » mascotte de l’association. Préfacé par le juge Édouard Durand, figure incontournable de la lutte pour la défense des droits de l’enfant, et soutenu par de nombreuses associations comme Mouv’Enfants, le Collectif CIDE, la lecture en est passionnante et si la compilation est présente sur toute les plateformes de streaming, l’objet physique s’avère indispensable, puisque sa vente servira à financer les futures actions de Mon p’tit loup.


Le rêve de Nicolas Puluhen qui pense déjà à un grand concert de soutien à sa cause ? Amener des mots, des chansons, des voix réconfortantes aux victimes enfermées dans leur silence et les inciter à prendre à leur tour la parole pour les ramener à la vie.

Voici, en exclusivité, le clip de L’aigle noir, repris par Didier WAMPAS.

Nicolas PULUHEN

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Kozé libre

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