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Noël, un appel à la réconciliation 

LIBRE EXPRESSION#

« Si tu n’espères pas, tu ne rencontreras pas l’inespéré » Héraclite d’Ephèse

À Noël 1914, en pleine Première Guerre mondiale, la magie particulière de cette nuit a engendré de l’inespéré : des trêves spontanées se sont déclarées à plusieurs endroits du front. Certains soldats allemands, britanniques et français en ont même profité pour se rencontrer, échanger des cadeaux et jouer au football. Nous avons du mal, en particulier, à imaginer les soldats jouant au football au milieu d’un champ de bataille. Et pourtant, ce moment de paix spontané a bien eu lieu à un certain endroit (François Maekelberg, Ouest-France, 23/12/2024). 

« Les soldats de la Grande guerre ont éprouvé cet appétit d’amour. Dans leurs tranchées, loin des leurs, sur le nerf de l’horreur, ils se sont souvenus de la trêve de Noël que respectaient autrefois leurs ancêtres. Ils ont déposé leurs armes pour célébrer ensemble le « Réveillon », au nom si révélateur. Leur geste nous rappelle combien Noël pose un baume sur nos déchirures, et que l’avenir naît de notre volonté de perpétuer la réconciliation», écrit la romancière et journaliste Christiane Rancé (La Croix, 2019).

Noël sonne l’heure de la réconciliation#

C’est ainsi que le mystère de la Nativité nous propose, par-delà la naissance de Jésus, de réfléchir à la présente tragique réalité de notre monde. Une réalité terrestre marquée par : les guerres ; les divisions entre les peuples, les communautés et les familles et à l’intérieur de chaque sphère ; les violences conjugales et la violence à l’encontre des enfants avec de graves conséquences sur leur santé à tous les niveaux. Les enfants sont souvent les premières victimes de cette lourde réalité. Selon l’UNICEF, plus de 14 500 enfants ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre. Au Soudan, en Ukraine, en Haïti… des enfants victimes par milliers en violations graves de leurs droits et du droit international humanitaire. Que dire de la santé mentale des jeunes dégradée depuis le Covid-19 en France ? Un sur trois souffre d’un trouble psychique et des hospitalisations pour tentatives de suicide et d’automutilation ont explosées chez les filles. De plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes souffrent de dépression, de troubles anxieux et alimentaires (cf. France 24, 02/12/2025). 

C’est la dure réalité de notre monde. C’est elle que nous devons affronter. Mais en l’absence de tout horizon, le désespoir nous étreint : c’est comme entrer dans une nuit noire. Mais c’est de la nuit que naît l’espérance d’un jour nouveau. C’est aux heures sombres, qu’il faut « rallumer les étoiles » (Guillaume Apollinaire). Les chrétiens se souviennent de « ce Minuit unique dans l’histoire de l’humanité, cette heure qui est à la fois fin d’un jour et commencement d’un jour nouveau.Jésus naissant à Minuit, c’est la fin d’un monde ancien et la promesse d’une ère nouvelle sans que l’une n’abolisse l’autre : l’ère de l’Amour qu’initie Noël accomplit le monde qui l’a préparée. La Nativité les accorde. La joie irradiante qui jaillit de la Crèche revient vers nous. Elle résonne dans nos mémoires, tambourinée par les Trois Mages que Rimbaud appelait le Cœur, l’Âme et l’Esprit. L’allégresse singulière de cette fête unique instille dans nos vies une soif et une faim de paix, de douceur et de tendresse », comme le dit si justement Christiane Rancé (La Croix, 2019).

Noël, fête de la réconciliation#

Une faim de paix, de douceur et de tendresse qui passe par la réconciliation pour reconstruire les liens abimés par les tensions, les incompréhensions et les divisions. Ce sont nos rigidités qui nous rendent souvent malades « Elles nous fixent sur des points particuliers et toute notre énergie s’y trouve concentrée, provoquant ce qui se passe sur la route… : des embouteillages des bouchons, des apoplexies. Guérir, c’est entre autres choses rétablir la circulation » (François Roustang, philosophe et psychanalyse). Le temps de Noël est un temps de réconciliation, le temps de la communication bienveillante, le moment opportun pour surmonter nos oppositions, nos rivalités et nos divisions, pour re-établir l’unité rompue. Noël est le temps de la paix retrouvée. Comme la paix, la réconciliation commence à l’intérieur de soi, de chacun de nous, pour ensuite émerger en un dialogue paisible avec nos proches et une reconstruction de la famille et de la communauté.

« Lorsque tu vas présenter ton offrande ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère », dit Jésus à ses disciples (Matthieu 5, 23-24). La réconciliation d’abord. C’est clair et direct. C’est même un préalable à la louange que nous offrons à Dieu. La réconciliation n’est donc pas seulement une bonne idée, elle est une nécessité absolue. Elle est la clé pour vivre en communion avec ses frères et avec Dieu. Pour les chrétiens, « le Christ est notre paix : de deux mondes, il a fait un seul peuple », écrit l’apôtre Paul (Ephésiens, 2, 14). À Noël, les chrétiens fêtent la naissance de l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous », venu réconcilier l’humanité blessée par les forces du mal : un nouveau-né sans défense dans l’humilité d’une grotte rend sa dignité à toute vie qui naît.

Cette paix par la réconciliation en faisant tomber « le mur de séparation : la haine » (Ephésiens 2,14), nous devons la construire en nous et autour de nous en mettant nos efforts en commun. 

« Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait » (Epître aux Colossiens, 3,14).

« Une étoile a brillé sur la terre, Une étoile a montré le chemin. Elle annonce un matin Et transforme un destin. Cette étoile est au creux de nos mains ». Jean Claude Gianadda

Joyeux Noël 

Crèche de Martine MICHEL, crédit photo: Michel Reynolds


Reynolds Michel

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