[LIBRE EXPRESSION]
En 2006, suite à l’épidémie du chikungunya et au scandale sanitaire qui s’en suivit, il y a eu une forte mobilisation du territoire et le dispositif intitulé « Plan Ravine » a été activé. Ce plan a contribué à stopper l’épidémie, grâce à des actions de nettoyage réalisée manuellement par des « Emplois-Verts » sur les principaux sites de prolifération de moustiques. Ce fut une réussite totale et le chikungunya avait pu être éradiqué.
Mais depuis cette date, par des décisions irréfléchies voire irresponsables, les missions de nettoyage, d’entretien et de suivi furent arrêtées. Les raisons sont multiples mais les contrats ont été diminués de moitié et aujourd’hui la population réunionnaise paye les conséquences de cette inaction. Ces personnes qui nettoyaient les ravines étaient les premiers remparts contre la prolifération de moustiques dans le cadre de leurs missions respectives.
Depuis 3 ans, nous déplorons une vingtaine de décès liés directement à la dengue et près de 30 000 personnes contaminées, parfois même avec des formes graves et sévères. Cela ne peut plus durer et nous sommes scandalisés de voir que si peu de considération et de mobilisation n’est engagée pour réellement et efficacement lutter contre les maladies vectorielles notamment la dengue qui sévit même en hiver.
Face à l’épidémie qui repart et à une probable aggravation de la situation, l’Agence Régionale de la Santé, nous répond : « Nous sommes inquiets […] c’était prévisible ».
Pour autant, la démoustication au BTI-Deltaméthrine qui – rappelons-le — est une substance reconnue comme fortement toxique pour les abeilles, opérée au coup par coup sur appel téléphonique par les agents de l’État, est-elle suffisante pour éradiquer l’épidémie ? Est-ce que la stratégie du lâcher de moustiques rendus stériles, par modification génétique, sera efficace et, si oui, dans combien de temps ? Car pendant ce temps, les cas se multiplient et les décès aussi.
C’est pourquoi, d’autant plus en cette saison cyclonique entraînant chaleur et pluie, la population réunionnaise constate malheureusement qu’il n’y a pas d’anticipation concrète face à cette situation de crise sanitaire.
Par conséquent, la réactivation d’un grand plan global intégrant la protection de l’environnement, le nettoyage des sites et berges touristiques, des ravines et ravins traversant zones d’habitations urbaines, des actions de « fond de kour et jardins », leur entretien et suivi en continu, nous semblent absolument indispensables. Il est évident que les deux actions doivent être menées de concerve pour une réalisation efficace et cohérente de ce plan.
La mise en place de ce plan incluant une remobilisation d’un service de prophylaxie territorial, et intégrant l’éducation populaire, une démoustication ciblée, se ferait sur tout le territoire avec de vraies missions de santé environnementale, en utilisant de manière réfléchie et optimisée le dispositif « Emplois-Verts » afin d’éviter tout risque de prolifération de moustiques mais également de cas de leptospirose.
En effet, les solutions existent et sont connues et, comme toujours, tiennent à la prise en compte des réalités du territoire et de la coordination efficace de l’ensemble des acteurs. Par, exemple, les intercommunalités en collaboration avec des associations, travaillent au quotidien pour éradiquer les dépôts sauvages en organisant même des « ploggings » ou ramassage de déchets en marchant.
De même, la Région Région, le Département via la SPL Eden, le fait avec des conventions communales, pour nettoyer les cours abandonnées ou non entretenues. Pourquoi, ne pas inscrire ces initiatives dans un cadre plus global sur tout le territoire ?
En particulier, le dispositif Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée » (TZCLD), ne pourrait-il pas être étendu à toute La Réunion, permettant de créer une EBE ( Entreprise à But d’Emplois), dédiée spécifiquement au service de prophylaxie afin de nettoyer efficacement notre île pour empêcher l’apparition de foyers de prolifération de moustiques donc des maladies et décès associés ?
D’autant que le nettoyage manuel évite la destruction d’espèces animales ou végétales ainsi que la dissémination de produits chimiques toxiques et permet non seulement d’inscrire la lutte anti-vectorielle dans la durée avec un suivi constant mais aussi de renforcer durablement l’attractivité du territoire tout en développant l’emploi local.
Les assises prochaines de la Biodiversité ou future Conférence Territoriale de l’Action Publique ( CTAP), pourraient être l’occasion de mettre l’ensemble des parties prenantes autour de la table :
° État-Préfecture-DEAL-ARS
° Région Réunion
° Département
° Intercommunalités
° Associations…..
afin de mettre en œuvre ce plan global et partagé de prophylaxie préservant et valorisant la biodiversité tout en protégeant notre population et assurer enfin un entretien des ravines et jardins dans un modèle pérenne et soutenable.
A la clé, ce sont plus de 15 000 emplois potentiels sur toute La Réunion dans la transition écologique, porteuse de développement endogène/lokal, notamment dans la protection de l’environnement, les chantiers d’insertion, la plantation et sauvegarde de plantes endémiques, la valorisation des sites et sentiers touristiques et bien plus encore.. Nous avons tous à y gagner : moins de chômage et de pauvreté mais également une Réunion plus propre donc plus attractive, débarrassée durablement des maladies vectorielles qui tuent la population réunionnaise. L’objectif est ambitieux mais il est à la mesure des besoins et attentes.
Alix ROUSSEAU, Président du Collectif Gilets Citoyens 974
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