LES APPRENTIS JOURNALISTES DU LYCEE PIERRE LAGOURGUE AU TAMPON
Nous entamons ce vendredi la publication d’articles réalisés par les élèves de la 2nde 4 du lycée Pierre Lagourgue au Tampon. Une équipe de Parallèle Sud y a effectué sept séances, à raison d’un atelier tous les lundis de janvier à février. Ces interventions, soutenues par leur professeur Morgane Illiaquer, ont permis aux élèves d’interviewer les personnes de leur choix, venues de l’extérieur du lycée ou travaillant déjà dans l’établissement. Les lycéens ont ensuite restitué ces interviews sous la forme d’un article ou d’une vidéo. Le premier article que nous publions décortique le quotidien du travail dans un abattoir.
Plongée dans l’univers exigeant de l’abattoir : Alycia Pierret est technicienne du ministère de l’agriculture. Entre horaires matinaux, équipements de protection et défis physiques, elle nous livre son expérience passionnante et les réalités de son métier, où sensibilité et détermination se côtoient.
Alycia Pierret, 33 ans et mère de famille, exerce le métier de technicienne du ministère de l’agriculture depuis 2016. Être technicienne du ministère de l’agriculture est un travail répétitif et physique.
La journée d’Alycia est rythmée par la cadence de la chaîne où elle contrôle la salubrité de chaque carcasse abattue. Les carcasses ainsi que les abats sont inspectés méticuleusement afin de détecter la moindre anomalie ou lésion telles que les abcès, les arthrites, les kystes, les hernies et tout type d’inflammation des séreuses… Lorsqu’une lésion est constatée, la carcasse est déviée en consigne afin de subir les parages nécessaires quand c’est possible. Autrement, la carcasse sera mise à revoir par le vétérinaire officiel afin de prononcer une saisie totale.
Porcins, bovins, ovins, cabris, cerfs
Après avoir obtenu un Bac S option SVT en 2010, Alycia a tenté une première année de médecine à la faculté de Saint- Denis dans l’espoir de devenir sage-femme, « sauf que c’est super compliqué », affirme-t-elle. Elle s’est finalement dirigée vers un DUT génie biologique option industrie alimentaire et biologique et ensuite une licence de qualité hygiène sécurité environnement à l’IUT de Saint-Pierre. Elle devient fonctionnaire en 2017 après avoir passé le concours de Technicien Supérieur du Ministère de l’Agriculture spécialité vétérinaire et alimentaire. Elle raconte son quotidien et les différentes missions qui lui sont confiées.
Être fonctionnaire a des avantages, tels que le salaire et la sécurité de l’emploi ; mais aussi des inconvénients comme les horaires de travail en abattoir : « quand on a une vie de famille c’est assez difficile à gérer », dit-elle. En effet, les horaires sont assez matinaux, Alycia explique que sa journée de travail commence à 4h00 du matin et se termine vers 13h00, même plus tard épisodiquement si des pannes se produisent sur la chaîne ou lorsque que les quantités abattues sont plus importantes au moment des fêtes.
Dans l’abattoir de Saint-Pierre, on peut voir différentes bêtes telles que les porcins, les porcs charcutiers, les bovins, les ovins, les cabris et les cerfs.
Cœurs sensibles, ce métier n’est pas fait pour vous
Elle dit s’être aguerrie à ce métier car elle l’exerce depuis 2016 ; d’après elle, si vous avez le cœur sensible, que vous n’aimez pas la vue du sang, l’odeur de la viande fraîche, ou encore voir des animaux mourir – ce métier n’est pas fait pour vous. En revanche, elle reste sensible aux bovins « parce qu’il ont un regard plus expressif que les porcs » ; elle essaye d’éviter cette zone et n’y va qu’en cas de nécessité.
Pour exercer ce métier il faut porter un équipement spécial comme une blouse, les EPI (Équipement de Protection Individuelle), un tablier, des prothèses auditives car il y a beaucoup de bruits, et aussi un gant de maille. De plus, pour atténuer les risques du métier, les employés suivent régulièrement une formation sur l’ergonomie au travail pour les TMS (Trouble Musculo-Squelettique) qui se forment, dus au travail répétitif. De plus, la visite de l’inspecteur du travail permet de vérifier la sécurité des employés.
Alycia dirait qu’il y a une bonne ambiance de travail, pour elle c’est vraiment important car ses journées sont longues. Le monde de l’abattoir est très masculinisé : « il doit y avoir une cinquantaine d’hommes et on n’est que deux femmes dans les locaux », raconte-elle.
Pour finir, elle conclut en souriant qu’elle adore son métier et qu’elle ne regrette pas son choix.
Eléanore Lépinay
Chloé Loisel
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