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« On l’a assassiné » : Rassemblement à Saint-Denis pour la mort intrigante de Abkar Issoufa à Anjouan

À Saint-Denis de La Réunion, un rassemblement pacifique de femmes s’est tenu ce mercredi 17 décembre devant le consulat de l’Union des Comores pour dénoncer la mort jugée suspecte d’Abkar Issoufa, décédé le 9 décembre à l’hôpital de Hombo, à Anjouan. À l’initiative de cette mobilisation, Abdou Djae Sitty-Nouria réclame justice et dénonce la corruption et les dérives de l’État comorien, alors qu’une enquête est en cours.

La mort de Abkar Issoufa, le 9 décembre à l’hôpital de Hombo, sur l’île d’Anjouan, secoue actuellement l’archipel des Comores. Après sept mois d’incarcération, le petit frère d’un ancien ministre des Infrastructures décède suite à une « injection douteuse ». Abdou Djae Sitty-Nouria, organisatrice du rassemblement pacifique de femmes devant le consulat de l’Union des Comores de La Réunion à Saint-Denis ce mercredi 17 décembre, explique en avoir marre de « ce qu’il se passe aux Comores, surtout après la mort d’Abkar. On l’a assassiné. C’est une histoire louche. On est là pour dire stop, on est fatiguées ». Lors de ce regroupement, une minute de silence, l’hymne national comorien et des prières ont été adressés au défunt et à sa famille, qu’elles connaissent très bien. Elles portent ici, même à 900km de chez elles, un message de contestation et de lutte contre «les corrompus ».

Photo prise par Abdou Djae Sitty-Nouria lors de la rencontre avec le consul des Comores à Saint-Denis

L’objet de cette action devant le consulat avait également pour but de rencontrer Didier Brocas, consul des Comores à La Réunion. Pour Abdou Djae et le petit comité qui l’accompagnait, l’enjeu était de réclamer justice et de dire stop à la corruption — des gendarmes et de l’État pour cette affaire — et plus largement dans le pays. Didier Brocas déplore : « Malheureusement, ici au consulat, on est là pour vous aider administrativement, dans vos démarches. Je crois qu’il y a une enquête en cours suite à une plainte de la famille, je pense qu’il faut faire confiance à la justice. En tout cas, vous êtes ici au consulat chez vous. »

Consulat de l’Union des Comores à Saint-Denis
Abdou Djae Sitty-Nouria

Selon La Gazette des Comores, la famille a porté plainte « contre le procureur de Mutsamudu, un juge d’instruction et plusieurs gendarmes pour enlèvement, détention arbitraire et non-assistance à personne en danger » dans la semaine du 15 décembre.

Pour rappel, Abkar Issoufa avait été incarcéré « arbitrairement », selon MdéNews, il y a sept mois au centre pénitentiaire de Koki à Anjouan, suite à des conflits économiques avec son ex-femme Asmaa Khaled, d’origine égyptienne. La famille dénonce, dès son arrestation, des méthodes étranges. La sœur du défunt témoignait : « Ils l’ont interpellé à 22 h, et embarqué sur une vedette de pêche louée pour l’occasion, direction Anjouan puis la prison de Koki. »

Au bout de trois mois de détention, Abkar Issoufa serait tombé malade, mais l’administration pénitentiaire ne prenait pas au sérieux les certificats. Toujours selon La Gazette des Comores, les rares médecins que le détenu pouvait voir à l’hôpital militaire avaient demandé une prise en charge plus complète dans un autre hôpital. Bien que cette maladie ne soit pas mortelle, l’état d’Abkar ne lui permettait même pas d’aller au tribunal pour l’audience, affirme sa sœur : « Ils voulaient même le présenter à l’audience alors qu’il ne tenait plus debout. »

Le 8 décembre, il arrivait enfin au CHRI de Hombo. « Abkar m’a dit qu’il se sentait mieux après son arrivée à Hombo », mais il décédera le lendemain. On lui aurait, selon la presse locale et la sœur d’Abkar, injecté une substance qui aurait « brutalement aggravé » son état, causant peut-être sa mort.

Cette situation arrive alors que son ex-femme égyptienne, qui l’avait envoyé en prison pour des histoires d’argent, aurait souhaité sa mort dans un message vocal. Selon la presse locale et la sœur d’Abkar, cette femme aurait bénéficié d’avantages judiciaires après avoir versé une somme d’argent à des personnes influentes, pour obtenir l’incarcération de son ex-mari.

Une enquête est en cours. Abdou Djae Sitty-Nouria, ainsi que les autres femmes venues soutenir la famille d’Abkar Issoufa, espèrent de tout cœur que la vérité sera faite sur cette affaire.

Etienne Satre

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A propos de l'auteur

Etienne Satre

Journaliste, Etienne Satre a rejoint l'équipe en janvier 2024 en tant qu'apprenti journaliste. Il étudie à l'Institut de l'image de l'océan indien (Iloi) basé au Port.

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