Fête du karmon au Gol Saint-Louis, le 8 avril 2023.

[Pâques] Samedi soir, c’était Karmon

LE GOL SAINT-LOUIS

Alors que se déroulait le week-end pascal, à Saint-Louis, les rues étaient bondées pour célébrer le karmon. Le carnaval malbar est encore peu connu ailleurs sur l’île, pourtant au Gol, le phénomène est impressionnant. Des centaines de personnes costumées et masquées défilent dans les rues au son des tambours.

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« D’habitude il y a 500 personnes! Là il y en a au moins 1500! » s’exclame un gramoune qui n’en revient pas, à travers la foule qui crie et qui hurle. On vient de mettre le feu au marié – dont le mariage avec sa bien-aimée a été célébré un peu plus tôt dans la soirée. C’est le clou du spectacle, au temple Pandialé. La ligne tendue s’enflamme, la poupée symbolisant le mari embrasé glisse vers le bûcher appelé l’arasânikâl. Il prend feu à son tour, comme une torche, les cendres incandescentes s’envolent sous la pleine lune. Ça fait trois ans que le karmon n’a pas pu se tenir dans le quartier du Gol, à Saint-Louis.

Les identités se transfigurent le temps d’une nuit

Dans leurs épais costumes bariolés, les Malbars sautillent et dansent autour du feu à grands coups de sifflets. La scène ambiancée par les tambours malbars est joyeuse et chaotique. Presque hystérique par moments. On célèbre la mort, la purification des maux et mauvais présages par le feu. Les masques sont effrayants. On aperçoit des clowns sortis tout droit des films d’horreur, des gozillas, des têtes d’anonymous, des caricatures d’hommes politiques français, des morts. Certains rares hommes se sont même habillés en femmes pour l’occasion.

A la lumière des flammes, les identités s’effacent, s’interchangent, se transfigurent, le temps d’une nuit. « Ça va durer comme ça jusqu’à 8 heures du matin », explique un participant qui a retiré son masque à cause de la chaleur du brasier. Alors, la procession gagnera la rivière et la veuve remettra les cendres de son mari dans l’eau.

« Au matin, on part en procession vers les eaux purificatrices de la rivière, afin de restaurer l’ordre cosmique », explique le site indereunion.net qui rapporte les différents mythes qui seraient à l’origine de la fête. « La jeune veuve sera noyée… Plus tard le couple ressuscitera, ce que symbolisera l’acte de verser, sur le bûcher refroidi, du miel et du lait au lendemain de la noyade de Laadi. »

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.