Habituée à être submergée d’éruptions, la population réunionnaise n’a plus connu d’épisode volcanique depuis le 10 août 2023. Le Piton de la Fournaise est entré dans une phase de repos.
Qu’elle semble loin l’époque des embouteillages à rallonge, des files d’attente interminables pour capturer quelques secondes d’un spectacle magique. Mais pas de panique, le Piton de la Fournaise n’est pas éteint. Loin de là, il a juste besoin de se reposer, comme vous et moi avons besoin de notre bonne nuit de sommeil. Mais alors, pour combien de temps ?
D’après la directrice de l’observatoire, Aline Peltier, c’est un phénomène normal. « Sur les 100 dernières années, on voit que le Piton de la Fournaise a des cycles éruptifs qui durent en moyenne une dizaine d’années et qui sont entrecoupés par des phases de pause de trois à six ans », relate la scientifique. Parce que ce n’est pas la première fois que le Piton de la Fournaise décide de s’accorder quelques vacances. Déjà en 1992, l’un des volcans les plus actifs du monde a décidé de souffler jusqu’en 1998. Bis repetita de fin 2010 à la mi-2014.
Grâce aux différentes avancées technologiques, il est possible de prédire ces différentes phases.
Des instruments précis
De nombreux appareils permettent aux scientifiques de l’observatoire d’analyser les données renvoyées par le volcan. En 2024, il n’y avait pas moins de 117 capteurs positionnés sur 71 sites différents. 94 % de ces capteurs sont autour du Piton de la Fournaise, tandis que les 6 % restants sont dans le nord de l’île. Avec 42 capteurs, le sismomètre mesure les vitesses de déplacement du sol de manière verticale et horizontale.
Viennent ensuite les capteurs GNSS, comparés à des GPS qui scrutent les différentes déformations du volcan, notamment avec les remontées de magma. L’inclinomètre, lui aussi, analyse ces mêmes déformations en donnant un angle de celles-ci. Des capteurs géochimiques étudient quant à eux les différents gaz volcaniques qui s’échappent du volcan. Les expansiomètres s’occupent de surveiller les failles créées par les séismes. Enfin, le dernier type de capteur que l’observatoire utilise est le pluviomètre permettant aux scientifiques de suivre la météo en temps réel.
Un savoir-faire qui s’exporte
À Mayotte, en Islande ou encore aux Açores, les scientifiques de l’IPGP (Institut de physique du globe de Paris) mènent des travaux un peu partout dans le monde, présentés lors d’une conférence organisée le mercredi 30 avril.
À Mayotte, plusieurs instruments ont été installés pour surveiller l’activité volcanique. Sur l’exercice 2024, l’activité volcanique de l’île Hippocampe reste modeste, malgré une activité sismique élevée (15 à 20 séismes par jour avec une magnitude variant de 0 à 4). À noter que cette activité n’est pas systématiquement ressentie par la population.
Avec la création d’un nouveau type de viscosimètre, les chercheurs de l’IPGP ont réalisé des tests sur des éruptions en Islande. Grâce à ce nouvel appareil, les scientifiques ont pu mettre en évidence l’augmentation exponentielle de la viscosité des laves. Cette étude permettra, dans le futur, de savoir quelle partie du volcan sera inondée par une coulée de lave.
En plein milieu de l’Atlantique, plus précisément sur l’archipel des Açores, un état des lieux débuté il y a plus de 40 ans continue, mais de manière sous-marine. Sur cette dorsale, à environ 2000 mètres de profondeur, un écosystème insoupçonné s’est développé (crevettes, moules) grâce à la chimiosynthèse.
Avec tous ces outils d’analyses, les scientifiques suivent de près l’activité volcanique à La Réunion et partout dans le monde. Malgré quelques signes précurseurs, le Piton de la Fournaise se repose et prépare son retour que beaucoup attendent avec impatience.
Loïc Vidon
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