Plants de salades à donner - planter pour manger (photo JSG).

Planter pour manger

A QUOI RÊVENT LES ZAZALE [5/5]

Comment construire une nouvelle société lorsque l’on a décidé de s’installer au milieu de la ville et de la circulation, sur un rond-point? C’est la question intrinsèque et perpétuelle qui anime la vie sur le QG des Zazalé, au Tampon. Dans cette série de podcasts, en partenariat avec Radio Nova, vous découvrirez l’envers du décor de ce qu’il se passe au centre du rond. Dans ce cinquième épisode, on descend au Jardin d’Abord, un terrain abandonné que les militants ont récupéré pour planter. Le « planter pour manger » est un des piliers de leurs actions.

Depuis l’arrivée d’habitants sur le rond-point du Tampon à la suite du mouvement des gilets jaune, la volonté de planter l’espace un peu partout a fait l’unanimité. Sur le rond-point poussent donc quantité d’herbes aromatiques, mais aussi maïs, papaye, consoude, efferalgan… Il faut à leurs yeux reprendre la terre, celle pour laquelle les ancêtres ont souffert. La terre devenue trop coûteuse pour l’acheter, difficile d’accès et pourtant à portée de main. C’est ainsi qu’une équipe de militants découvre un terrain en friche. Abandonné depuis de nombreuses années, il jouxte la rivière d’Abord.

Le lieu est couvert de déchets, ils organisent des chantiers pour tout nettoyer. Depuis, il s’est transformé en espace totalement végétalisé, planté de légumes lontan qu’on ne trouve plus dans le commerce. Méconnaissable.

Un « petit paradis »

Jean-Albert, Sophie, Nini ou d’autres désormais fréquentent davantage ce « petit paradis ». Le rond-point encerclé de voitures en permanence est un lieu où les bruits et la pollution sont ininterrompus. En bas, c’est un endroit de passage, un coin pour planter, sans eau ni électricité. Quelques abris de palettes ont été érigés pour se reposer, manger, voire rester quelques jours. C’est aussi un lieu où les militants des Zazalé peuvent accueillir les enfants afin de faire des ateliers plantation avec eux.

« Planter pour manger, c’est un des combats principaux des Zazalé et c’est un combat qu’il faut essaimer », estime Olivier qui passe régulièrement sur le rond-point. « Chaque Réunionnais doit se saisir de la moindre part de terre, ne serait-ce que pour son portefeuille. » Pour cela, les militants partagent les plants qu’ils ont fait germer, sur le rond-point ou même lors de fêtes du don dans des quartiers plutôt défavorisés. Ca rentre dans une logique de partage, d’entraide et de troc, comme nous en parlions dans l’épisode 2.

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.

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