Pour être précis

LIBRE EXPRESSION – JOURNAL DE PAUL HOARAU

On ne dira jamais assez à quel point notre monde vit des craintes et des malheurs qui frappent dramatiquement des familles innocentes au Moyen Orient, en Ukraine, en Afrique, aux Amériques sans qu’aucune organisation ne puisse y mettre fin. Des manifestions comme les Jeux Olympiques, malgré les polémiques, viennent déverser de l’espérance et de la joie, de l’espérance et de la joie d’un autre monde qui réunirait des hommes et des femmes de peuples ennemis, de pays en guerre.

Comment des événements comme les Jeux, les JMJ, et quelques autres ne parviennent pas à faire se taire les canons, à mettre fin aux massacres et aux ruines. Mais nos indignations, nos participations, nos manifestations, notre empathie, notre solidarité à l’échelle de la Nation, des Communautés et du Monde, ne doivent pas nous faire oublier cette fois notre responsabilité à l’échelle de la partie du Monde que nous avons en héritage : à l’échelle de l’île « notre terre matricielle ». Nous avons, ici, le devoir d’anticiper pour éviter, chez nous, les drames qui ont déchiré et qui déchirent encore ailleurs l’Humanité.

J’entends les protestations des clans et des partis, des comités et des individus ! Ces malheurs ne sont pas pour nous. Historiquement, quand les horreurs de la guerre déchiraient l’Indochine, les Pîeds Noirs d’Algérie vivaient dans la certitude que ce qui s’y passait ne les concernait pas. C’était selon les mots du Ministre de l’Intérieur de l’époque : « l’Algérie c’est la France » et c’était selon les apparences de la vitrine algérienne. L’Histoire a répondu à cette illusion. Aujourd’hui, nos compatriotes d’ici vivent, eux aussi, dans la certitude que ce qui s’est passé en Algérie et qui se passe en Nouvelle-Calédonie ne nous concerne pas : « La Réunion c’est la France ».

Comment dire et comment redire aux Français d’ici et aux Français d’ailleurs que cette certitude est une illusion? L’illusion qui consiste à croire que, du fait d’être Français, la diversité des peuples français doit disparaître, que l’uniformité d’un peuple français unique doit être la règle, que tous les peuples français du Monde doivent être Gaulois (avec des adaptations). Cette règle est contre nature comme était contre nature la suppression des corps intermédiaires : les Français d’ici sont Réunionnais. A un moment donné, il ne sera plus possible d’être Français si l’on ne peut pas être Réunionnais. Le fond du problème, en Indochine, en Algérie naguère, en Nouvelle Calédonie et ici aujourd’hui, c’est le déni des peuples, ici le déni du Peuple Réunionnais. Cette reconnaissance du peuple est en amont du problème du statut. Départementalisation, décentralisation, autonomie, indépendance, etc., ce qui est en cause c’est que, quel que soit le statut, une collectivité d’hommes et de femmes qui partagent « une communauté de destin » dans un espace donné – qui sont sur le même bâteau – soit identifiée, reconnue et responsable de son développement. Ce besoin de reconnaissance et de responsabilité est plus fort que « les transferts » financiers injectés dans la communauté. Cette-dernière en effet, à un moment donné, est prête à tout subir de la part de ceux qui par le maintien du déni, refusent cette reconnaissance et cette responsabilité. Ce déni est la source de toutes les guerres qui secouent notre Monde. Nous ne sommes pas en face d’un problème de statut mais bien en amont.

On ne le répètera jamais assez, l’antidote à ce déni des peuples, c’est la manifestation massive de ces derniers pour dire qui ils sont (kisa noulé), pour montrer leur présence (nou léla), pour assumer leur responsabilité (sénou kifé) ; et pour dire ce qu’ils veulent (le cap, le cadre,l’éthique). Mais, dira-t-on, les peuples, c’est vague, c’est flou, pas structuré, sans pouvoir, sans influence. C’est l’idée que l’on nous a inculquée et nous avons fini par en faire une conviction. Du coup, les peuples – nations ou locaux – sont sans importances. Du coup, les rayer de la carte est sans conséquences. Qu’il y ait ou non un Peuple Réunionnais ne présente aucun intérêt.

Tout cela est faux. Les peuples, c’est précis, concret et ils disposent de pouvoirs réels. J’ai eu l’occasion de décliner les composantes d’un peuple dans ce « Journal » ; l’occasion de définir ses pouvoirs à partir de la loi fondamentale de La Constitution. J’ai montré comment, à travers les élections récentes, depuis les présidentielles de 2022, le Peuple Français a sanctionné les partis traditionnels de gouvernement et le Gouvernement actuel lui-même. J’ai montré ce que le Peuple Français a sanctionné à travers ses représentants : l’abandon progressif des dispositions concrètes de la politique économique et sociale établie à la Libération par le Conseil National de la Résistance et l’abandon de ce qui animait son esprit, au profit de la politique « mondialiste du profit d’abord ».

Mais les analyses des politologues, les débats des politiques, les articles des médias occultent ces arrêts du peuple au profit de considérations différentes. Ce qui apparaît à l’opinion, ce n’est pas le peuple souverain qui dit ce qui lui tient à coeur, mais ses représentants successifs qui expliquent et commentent à partir du point de vue des partis et de leurs dirigeants.

Le peuple a montré qu’il a du pouvoir, mais sa volonté n’a pas fait l’objet d’une communication particulière. La communication politique n’a pas été la communication de sa volonté, mais la communication des interprétations des partis. Cela a été ainsi, dit-on, parce que le peuple qui n’est pas structuré ne peut pas communiquer. La communication du peuple n’est pas celle des partis (ni celle des autres corps intermédiaires). La communication du peuple porte sur l’essentiel : kisa noulé, noulé la, sénou kifé ; le cap, le cadre, l’éthique. Cet essentiel est l’expression de la volonté commune des hommes et des femmes qui composent le peuple et qui inspire la diversité des solutions des partis. L’absence d’expression de cette volonté entraîne une confusion qui provoque la crise politique que connaît la France, provoque les crises qui ont entraîné les guerres coloniales. Ici, le déni du Peuple Réunionnais entraîne l’absence d’une volonté commune des Réunionnaises et des Réunionnais pour une politique démocratique de développement « Par, Avec et Pour les Réunionnais » (le PAP).

Il est faux de croire que le peuple ne peut pas se structurer. Dans LE PROJET D’UN PEUPLE, il se structure en deux étapes : les Fondamentaux de LA CONFÉRENCE DES MILLE (kisa noulé, nou léla, sé noukifé) et les propositions des ETATS GENERAUX (le Cap, la Cadre, l’Ethique) : première étape ; LE REFERENDUM LOCAL (validation des Fondamentaux de LA CONFERENCE DES MILLE et des propositions des ETATS GENERAUX), mandat aux représentants qui négocieront avec le Gouvernement) : deuxième étape. Les manifestations sont le chantier auquel tout le monde, sans exception (le Peuple), est convié ; le Référendum, c’est la décision politique institutionnelle du Peuple-Souverain, à travers le verdict du « corps électoral ». On trouvera les détails de cette organisation sur le site du PROJET D’UN PEUPLE ; Ces détails feront l’objet de communications par différents canaux : le site du PROJET D’UN PEUPLE, des émissions télévisées, des videos, des entretiens qui se tiendront un peu partout et des REUNIONS LOCALES.

Nous ne sommes pas dans la spéculation intellectuelle, nous sommes dans l’action : réunir mille personnes au moins par l’intermédiaire des faiseurs de tables pour signer LES FONDAMENTAUX ; pour mettre en forme aujourd’hui et signer, lorsqu’elles seront prêtes, LES PROPOSITIONS DES ETATS GENERAUX ; demander et réaliser LE REFERENDUM LOCAL. Cela suppose des milliers de signataires conscients, et cela suppose le vote des 696 000 électeurs du REFERENDUM.

Paul Hoarau

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

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La conférence des mille

Sous le prétexte qu’il est Français, le Peuple réunionnais n’existe plus. C’est le « ou, ou» : ou bien nous sommes Français ou bien nous sommes Réunionnais qui fait loi. La Conférence des Mille dira le « et, et » : que nous sommes et Réunionnais et Français. C’est le Peuple réunionnais tel qu’il est – avec tous les autres Peuples français du Monde tels qu’ils sont – qui est Français.

On ne se pose pas la question : qui est Alsacien ? Qui est Breton ? Qui est Corse ?

Le Réunionnais est métissage d’Afrique, d’Asie et d’Europe dans sa manière d’être, dans sa langue créole, dans ses expressions artistiques, dans sa cuisine ; le Réunionnais est présent, identifiable, là où il se trouve, au sein de la Nation et dans le Monde ; le Réunionnais se sent premier et principal responsable de son pays La Réunion, de son avenir, de son développement ; le Réunionnais assume sa part de responsabilité nationale comme Français, sa part de responsabilité comme frère des Hommes en humanité là où il est impliqué dans le Monde ; le Réunionnais est .celui qui partage et vit tout cela en vérité, de naissance ou par choix.

Le Réunionnais ne s’enferme pas dans son identité, mais participe à la vie de l’humanité chez lui et dans le Monde entier comme partenaire. Il entretient la culture du dialogue. Chez lui, il pratiquera son hospitalité légendaire : que le non-Réunionnais qui y vit se sente bien. Mais il ne tolérera pas que celui-ci veuille lui imposer ce qui n’est pas lui. Ailleurs, il sera un partenaire loyal qui respectera
le monde dans lequel il vit.

La Conférence des mille sera la manifestation par laquelle le Peuple réunionnais se retrouvera.

Au moins mille personnes invitées par au moins cent « faiseurs de tables » signeront « Les Fondamentaux pour La Réunion ».

Pendant plus de 350, ans d’un métissage d’Afrique, d’Asie et d’Europe, héroïque, douloureux, dramatique, parfois heureux, mais inévitable, les colons, les esclaves, les engagés et les immigrés transportés dans notre île, ont formé, progressivement, un nouveau Peuple en marche vers son destin. Depuis bientôt 80 ans, une certaine forme d’assimilation veut mettre fin à ce mouvement en niant l’existence de ce Peuple au motif qu’il est Français, le condamnant à l’anonymat et à l’irresponsabilité. Pour les Réunionnaises et pour les Réunionnais de toutes les origines, de toutes les classes sociales, de toutes les religions, de tous les partis politiques, de toutes les professions, de toutes les associations qui font ce Peuple, le temps est venu de dire eux-mêmes, en toute liberté et en toute fraternité, quel Peuple ils sont et ce qui va avec, fruits de l’Histoire et de la Politique : que c’est ce Peuple qui est Français, et que ce Peuple est responsable du devenir de son pays La Réunion.

A propos de l'auteur

Kozé libre

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