Là où les peuples ont plus de libertés, le rejet de l’extrême droite a été plus fort que celui du bilan d’Emmanuel Macron.
Le second tour de l’élection présidentielle a de nouveau montré les spécificités des collectivités dites d’outre-mer. Le seul point commun est une abstention nettement supérieure à la France. Dans les anciennes colonies devenues département, l’extrême droite est arrivée en tête mais dans les collectivités ayant le statut d’autonomie, l’extrême droite a été rejetée par les votants qui ont place Emmanuel Macron en tête, voire largement comme en Kanaky Nouvelle-Calédonie.
Le second tour de l’élection présidentielle a donné lieu à des résultats très divers dans les anciennes colonies françaises intégrées à la République sous forme de départements ou de collectivités dotées de l’autonomie. Le seul point commun est une abstention nettement supérieure à la France. A l’exception de La Réunion où le taux de participation était de 60 %, de Wallis et Futuna où il dépassa 60 % et de Saint-Pierre et Miquelon où il se situa à 57 %, dans toutes les autres collectivités, plus de la moitié des électeurs a refusé de prendre part à ce scrutin.
L’extrême droite en tête dans les départements non-autonomes
Chez les votants, le résultat du second tour fait apparaître des résultats opposés selon le statut.
Dans les anciennes colonies devenues département français le 19 mars 1946, le second tour de l’élection présidentielle a souligné l’ampleur du rejet de la politique menée par Paris, ainsi que de la défiance envers une classe politique qui a quasi-unanimement appeler à faire barrage à l’extrême droite. La situation de crise est elle qu’en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique et à La Réunion, la majorité des votants a choisi de glisser le bulletin d’un parti d’extrême droite à l’orientation raciste connue de tous. N’importe quel bulletin placé à côté de celui du président sortant aurait sans doute eu le même résultat. L’extrême droite frôle les 70 % en Guadeloupe et dépasse 60 % à La Réunion.
Même à Mayotte, peuplée quasi-uniquement de musulmans, l’extrême droite arrive en tête alors qu’elle prétend que l’immigration musulmane en France est l’origine de nombreux problèmes. C’est dire l’ampleur de la crise dans cette île.
L’extrême droite menace les libertés
Dans les collectivités dotées de l’autonomie, le résultat est bien différent mis à part les collectivités de Saint-Pierre et Miquelon qui fut un département, et de Saint-Martin/Saint-Barthélémy qui était encore des communes du département de Guadeloupe en 2007.
Partout ailleurs, l’extrême droite a été rejetée compte tenu du fait que son adversaire était le président de la République sortant qui avait un bilan très loin d’être favorable. C’est notamment le cas en Kanaky Nouvelle-Calédonie où elle ne recueille que 39 % des suffrages, ou à Wallis et Futuna où elle ne dépasse pas 32 %. Le résultat est plus serré en Polynésie, avec 48 % des voix pour l’extrême droite.
Manifestement dans ces pays, le rejet de l’extrême droite a été plus fort que celui du président sortant. Sans doute que l’extrême droite y apparaît comme un danger mortel pour les libertés durement conquises par ces peuples, notamment le droit d’avoir leur propre politique de l’emploi.
Manuel Marchal (article paru le 26 avril dans Témoignages)
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