vvar $j = jQuery; Rassemblement des familles chrétiennes : elle est où mémé ?
Rassemblement des familles catholiques à la Plaine des Palmistes

Rassemblement des familles chrétiennes : elle est où mémé ?

LIBRE EXPRESSION

La décision du Congrès américain de retirer le droit à l’avortement de la Constitution est acclamée par ceux qui la justifient par les préceptes de la Bible.

D’abord, on peut se demander pourquoi certains élus français s’insurgent de cette décision en réclamant l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française, puisqu’une inscription « dans la Constitution » ne garantit pas un acquis définitif, qu’elle peut être très facilement retirée, qu’il suffit de faire « avaler la pilule », une de plus.

Ce qu’il est aussi intéressant de questionner également est cette justification par la Bible.

En effet, à aucun moment les évangiles commandent aux femmes de subir une grossesse après un viol par exemple, ou condamnent à l’enfer celles qui auraient subit une interruption de grossesse.

La Bible dit seulement que chaque vie est respectable et que Dieu la connaît depuis le ventre de leur mère. Encore que, une vie ne devient la vie d’un enfant de Dieu qu’après le sacrement du baptême.

Alors, est-ce vraiment à cause de Dieu, comme le propose le bandeau bleu aux grosses lettres blanches de l’écran de BFM TV le 25 juin, que « la société américaine se fracture » à propos de l’avortement ?

En dessous de ce bandeau bleu, un autre plus petit indiquait un message de Joe Biden : « la lutte n’est pas terminée (…) mon administration défendra ce droit fondamental ».

Qui pense encore aujourd’hui que les femmes attendront d’en avoir le droit pour interrompre une grossesse non désirée ?

Ne sont ce pas les conditions dans lesquelles peuvent se dérouler ces actes qu’il faut assurer ?

Car le droit à l’avortement ou autre comme la libre circulation par exemple, lorsqu’il demeure inaccessible est tué dans l’œuf.

Dans ce même reportage du 25 juin, une citoyenne américaine déclarait : « S’ils soutenaient vraiment la vie, ils soutiendraient la couverture maladie, ils soutiendraient le contrôle des armes qui menace les vies qui respirent dans ce pays ».

Ah la possession des armes ! Voilà un autre aspect intéressant du fonctionnement social qui pourrait être éclairé par la Bible. Y-est-il écrit : tu ne peux pas entraver le développement de la vie même si elle met la tienne en péril, mais tu peux attenter à celle d’un autre si tu estimes qu’elle met la tienne possiblement en danger, et aussi pour ton loisir en pratiquant la chasse.

Aucune femme, il me semble, ne pourra dire qu’une IVG est un moment de plaisir.

Quelles que soient les raisons qui ont amené à cet acte, la plupart des témoignages converge vers une décision difficile, et une étape psychologiquement traumatisante.

Du reste, aucune maman, il me semble, ne pourra dire que choisir de fonder une famille en accueillant un enfant constitue le gage d’un bonheur absolu et inébranlable.

Ainsi, la joie maternelle n’est pas déterminée uniquement par la programmation volontaire du bébé, ou la situation individuelle au moment de la fécondation.

L’histoire relatée par l’évêque au Rassemblement des familles le 26 juin à la Plaine-des-cafres éclaire les liens filiaux, et une des manières d’investir son rôle de mère.

C’est en créole que Monseigneur Gilbert Aubry a raconté l’histoire d’une famille qui vivait tranquillement, mais dans laquelle le petit frère n’était jamais content. Ce petit garçon se plaignait toujours. Il n’était pas maltraité. Il n’était simplement pas heureux car estimait qu’il n’avait pas ce qu’il lui fallait parce que « le manjé lé jamé bon, rien lé jamé bon sa kaz ». « Lu la décide chapé ek la famy, toufasson lu croyé i aimé pa lu ».

Les premiers jours, sa famille ne s’inquiétait pas, « lu navé labitud alé maron », il revenait toujours.

Le quatrième jour, le grand frère décida d’aller le chercher. Dans la forêt, après maints appels, il distingua quelque chose derrière un bosquet… « dérièr un galabert ». Le grand frère retrouva son petit frère en piteux état : « le zo i sort deor, le zieu enfoncé dan la tête ek la fatig ».

Le grand frère « la di son tifrèr mont su son zépol ». Le petit frère trouvait encore de quoi se plaindre : « ou voi pa les branches i grafin’ a mwin ? », « ou gain pa port a mwin mieu, i fé mal », « akoz ou pass par sentié la bou ou sa fé tomb a mwin ».

Le grand frère, le cœur transpercé par ces remarques, tenait bon et portait son frère comme un trésor. Ils arrivèrent finalement à la maison, pour le plus grand soulagement des parents. Le père, les larmes aux yeux, accueillit ses enfants et annonça rougail saucisse et boucané. La mère loua le retour de son enfant et lui dit : « a mwin la port a twé, nou té amaré, jamé ma oubli a ou, mi aim a ou, nout tout i aim a ou ».

Pour conclure, l’évêque décrypte cette histoire en regard des figures de la Bible : le petit frère (qui pourrait être une petite sœur) renvoie à n’importe quel chrétien. Ce personnage peut être chacun de nous avec notre orgueil et nos insatisfactions mal placées. Le grand frère serait Jésus qui nous ramène toujours, le cœur transpercé et quels que soient nos péchés, au foyer de l’Amour. Le père de l’histoire est cette puissance ou cette force qui relance la famille, c’est le don de l’Esprit-Saint. La mère fait référence à la Sainte Vierge Marie, toujours présente, depuis la crèche jusqu’à la croix.

Et revoilà l’horreur, la plus grande souffrance n’est-elle pas pour une mère d’être là pour ses enfants du berceau à la tombe ? Aucune mère ne veut enterrer son enfant, encore moins le tuer.

Gardons-nous ici de juger quelques faits divers sordides, tout au plus compatissons aux histoires qui nous bouleversent et nous choquent justement parce qu’elles sont incompréhensibles et inexplicables.

Et gardons nous aussi d’expliquer les IVG des autres.

À ce rassemblement, l’évêque répéta aussi les paroles du Pape : avance droit avec une conscience droite.

Je ne sais pas si cette invitation fait référence à l’avortement, mais je suppose que cela signifie textuellement pour toutes situations : occupe-toi de ta conscience, pas de celle de ta voisine. Et, plus directement liée à l’actualité en revanche, la prière universelle disait : « donne le courage à toutes les femmes d’accueillir chaque enfant qui se présente en son sein ».

Alors, il faut du « courage » selon la religion catholique pour attendre un enfant. Elle a peut-être raison. Je dirais qu’il faudrait aussi un papa qui, face à sa responsabilité, se montre sage, pas qu’en image, et éventuellement un bon entourage, celui qui sait avec « l’âge » s’il faut opter pour la contraception, l’abstinence cyclique, le retrait, ou comment compter les lunes… mais elle est où mémé dans l’histoire ?

Kala Livalisse

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