jeu Alert'o requin ligue réunionnaise de surf

[Requin] Alert’ O surfeur

DRAMATISER À TOUT PRIX

La ligue réunionnaise de surf se dresse contre un jeu de société, Alert’O requin, et voudrait nous dire à quoi on a le droit de jouer. 

jeu Alert'o requin ligue réunionnaise de surf

Quand on évoque l’affaire du jeu Alert’O requin, la réflexion est unanime: « Mékisonkon !»  « Les surfeurs », peut-être pas, la plupart sont indifférents à la polémique, mais la ligue réunionnaise de surf assurément. Surtout, de quel droit ces gens font pression, et avec succès, pour interdire sur l’île un jeu de société bien innocent. Ils ont été jusqu’à porter plainte. Une enseigne de vente de jouets a déjà retiré le produit de ses rayons.

On peut être choqué, attristé, mécontent, mais qu’on le reste dans son coin, comme tout le monde. Chacun d’entre nous l’est à son tour pour des raisons les plus diverses et, tant que ce n’est pas illégal, et bien c’est tant pis pour nous quand ça ne nous plaît pas. Ca s’appelle la liberté. De penser et de jouer à quoi on veut. Aller à l’encontre de ces libertés, c’est se rapprocher du fascisme.

Mais quelle mouche a donc piqué Thierry Martineau, président de la ligue de surf ? En quoi un jeu dont la règle est de rester vivant face aux attaques de requins, à partir de 5 ans, dans son salon, peut-il déranger ? Et pourquoi maintenant alors que plusieurs marques de T-shirt, pourtant locales, ont exploité le filon jusqu’à la corde ?

Maintenir la peur et la peine

« Vous comprendrez bien, par rapport à la situation sur laquelle on est encore aujourd’hui… » (sic), explique le président de la ligue à nos confrères de Réunion la 1ere. Ben non, on ne comprend pas bien. Et de faire un parallèle avec un jeu où il faudrait éviter les roches sur la route en corniche ne nous aide pas, on ne voit pas non plus pourquoi un tel jeu poserait problème. Va-t-on interdire le film Les Dents de la mer, Némo ? De quel droit ? La Tour infernale au prétexte que des gens sont morts dans des incendies ?

Au contraire, Alert’O requin permettrait de dédramatiser une situation qui l’est bien assez. Et c’est sans doute ça qui agace la ligue de surf ; il ne faut surtout pas dédramatiser, il faut maintenir la peur et la peine. 

Nous ne nous positionnerons pas sur la pertinence ou non de pêcher préventivement les requins bouledogues. Nous regretterons seulement les autres prises, dites accessoires. Certes la présence de requins dangereux dans nos eaux pourrait décourager un potentiel touriste. Et certes aussi l’image d’une île proche de la nature est écornée par ces pêches subventionnées. Tout le monde a raison.  

Nous ne nous positionnerons pas mais nous publierons ci-dessous le courrier de l’association Vague qui, elle, a une position tranchée. Un courrier qui interroge notamment sur la provenance des fonds qui servent à payer l’avocat de la ligue. 

Philippe Nanpon

Alert’O Requin : quand la ligue de surf…

… surfe sur la crise requin !

J’en serais tombé de ma chaise, lundi soir, devant la télé (heureusement, j’avais mon chat sur les genoux) : « non ! Ils sont pas c……à ce point-là quand même ?! ».

Ah ben si pourtant : à l’approche des fêtes de Noël, la Ligue réunionnaise de surf (LRS) porte plainte pour exiger « le retrait immédiat et total de la vente » d’un jeu de société, Alert’O Requin, qu’elle juge « insupportable à l’encontre de son action dans le cadre du dispositif de sécurisation « Vigies Requins Renforcées » » !

https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/la-ligue-reunnionaise-de-surf-porte-plainte-contre-le-tres-controverse-jeu-de-societe-alert-o-requin-1443077.html

Et le président de la LRS d’argumenter : 

« Le principe de ce jeu est d’être le dernier surfeur survivant d’attaques de requins, donc vous comprenez bien que par rapport à la situation actuelle à La Réunion, pour nous il est inconcevable, inapproprié, que ce jeu soit à la vente sur notre territoire »……

Le territoire de qui d’abord : des surfeurs  ou des Réunionnais ?!

Et alors que la fameuse « crise requin » est terminée depuis belle lurette (4 ans et demi sans accident, le dernier en mai 2019), on peut se demander : mais pourquoi une réaction aussi puérile ? Aussi disproportionnée ? Ce n’est qu’un jeu pour enfants, nom d’un p’tit surfeur !!!

La réponse est dans la bouche du président de la LRS : « Vous comprenez bien par rapport à la situation sur laquelle on est encore aujourd’hui à l’Ile de la Réunion, pour nous il est inconcevable, inapproprié, que ce jeu puisse être à la vente sur notre territoire. Après, qu’il soit en vente ailleurs, ça ne nous pose aucun problème….. ». (sic !)

Et de nous apprendre qu’il a saisi la justice et adressé des mises en demeure avec constat d’huissier à l’appui à toutes les enseignes de jeux susceptibles de le commercialiser.

Bref, on sort l’artillerie lourde……

« la situation sur laquelle on est encore aujourd’hui » ???

Il faut savoir qu’en 2017, la LRS a bénéficié d’une subvention de 650 000€ de la Région pour le dispositif Vigies Requins Renforcées (VRR), dont 230 000€ confisqués à la Réserve marine pour avoir osé s’opposer à l’abattage des requins dans le réserve. Rien que ça…..

https://www.linfo.re/la-reunion/politique/714426-650-000-euros-pour-les-vigies-requins-renforcees

En 2016, 184 000€ de l’Etat apparemment :

Il y a un mois, nouveau jackpot : 300 000€ de la Région pour 2023 :

https://www.clicanoo.re/article/region-reunion/2023/10/06/commission-permanente-du-6-octobre-2023

Et ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg, retrouvée après une simple recherche sur Google. 

D’ailleurs le Quotidien du 18 décembre 2022 nous apprend qu’il faut au minimum 1,25 millions d’euros annuels pour alimenter le fonctionnement de l’ensemble du dispositif VRR (dont 850 000 euros de masse salariale). Une paille !

https://www.lequotidien.re/actualites/societe/y-aura-t-il-une-vigie-requin-en-janvier/

L’argent de qui tout ça ? Bah, du contribuable évidemment. Pas grave.

La « crise requin » ? C’est la poule aux œufs d’or. Plus ça dure, plus on a de pognon…..

On notera également la position on ne peut plus cynique du président de la LRS : ce qui se passe ailleurs, on s’en fout. A la limite, qu’ils se fassent bouffer ailleurs….Mais pas sur « notre » territoire, hein ?!

Et l’avocat de la LRS de préciser : « Cette mise en demeure est une main tendue à ce que les grandes enseignes changent leur communication sur ce sujet à l’avenir ». (re-sic !!)

Alors pour finir je poserai plusieurs questions qui me tarabustent :

  • La LRS, elle le paie avec quel argent son avocat ? Celui des subventions ?
  • C’est ça qu’ils appellent « une main tendue » ? On t’envoie l’huissier et on te fout au tribunal ?
  • On a quand même tué 712 requins (au 30 septembre 2023) depuis le début de cette lucrative « crise requin ». Pour qu’une majorité de surfeurs aille exercer ses talents le plus souvent par n’importe quel temps, à n’importe quelle heure et dans n’importe quelles conditions (eau sale notamment), hors dispositif VRR ou ZONEX et donc en violation flagrante de l’arrêté préfectoral d’interdiction.

Ça va durer jusqu’à quand, cette sinistre blague ?! A quand un retour à une activité de surf « aux risques et périls des intéressés » (L.2213-23 CGCT) ? 

https://www.clicanoo.re/article/meteo/2022/06/29/terre-sainte-des-surfeurs-se-mettent-a-leau-malgre-la-houle

  • A-t-on encore le droit de s’exprimer, le droit de penser par soi-même et le droit de choisir, à la Réunion, sous le règne de la Planète Surf ?
  • Mais ils se prennent pour qui ces gens-là ?! Le mot LIBERTE, ils connaissent ?

Il y en a qui n’ont pas peur de sombrer dans le ridicule….

Aux dernières nouvelles, la LRS envisagerait de déposer plainte contre Steven Spielberg pour le film les Dents de la Mer. Quoi ? Y-a-pas de surfeurs dedans ? Et alors ?? Spielberg a fait des centaines de millions de dollars avec ce film. Alors sait-on jamais…..

Didier Dérand

Association VAGUES

Collectif « Requins en Danger à la Réunion »

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.